En l’absence de nouvelles politiques audacieuses, la production annuelle de plastiques issus de combustibles fossiles devrait atteindre 1,2 milliard de tonnes d’ici 2060 et les déchets dépasser le milliard de tonnes, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

La production de plastiques augmentera ainsi plus vite que celle de la plupart des matières premières. Cette croissance sera plus rapide dans les pays en développement et émergents d’Afrique et d’Asie, même si les 38 membres de l’OCDE continueront de produire bien plus de déchets plastiques par personne en 2060 (238 kg contre 77 kg par an en moyenne).

Même avec des mesures agressives pour réduire la demande et améliorer l’efficacité, la production de plastique doublerait presque en moins de 40 ans, projette l’organisation. Cependant, de telles politiques coordonnées à l’échelle mondiale pourraient considérablement augmenter la part des futurs déchets plastiques recyclés, de 12 à 40 %.

« Si nous voulons un monde sans pollution plastique, conformément aux ambitions de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement, nous devrons prendre des mesures beaucoup plus strictes et coordonnées à l’échelle mondiale », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, M. Mathias Cormann.

Alerte à la pollution plastique

L’inquiétude internationale monte en flèche au sujet du volume, de l’omniprésence et de l’impact de la pollution plastique. Infiltrant les régions les plus isolées et vierges de la planète, des microplastiques ont été découverts à l’intérieur de poissons au plus profond de l’océan ou même prisonniers de la glace arctique. On estime que les débris causent la mort de plus d’un million d’oiseaux de mer et de plus de 100.000 mammifères marins chaque année. « La pollution plastique est l’un des grands défis environnementaux du 21e siècle, causant des dommages considérables aux écosystèmes et à la santé humaine », a ajouté Mathias Cormann.

Depuis les années 1950, environ 8,3 milliards de tonnes de plastique ont été produites, dont plus de 60% ont abouti dans des décharges, ou ont été brûlées ou déversées directement dans les rivières et les océans.

Quelque 460 millions de tonnes de plastiques ont été utilisées en 2019, soit deux fois plus que 20 ans plus tôt. La quantité de déchets plastiques a également presque doublé, dépassant 350 millions de tonnes, dont moins de 10 % sont recyclés.

Des politiques coordonnées pourraient fortement augmenter le recyclage

Le rapport compare une trajectoire de statu quo aux avantages de politiques de réduction de l’utilisation du plastique et de la pollution plus ambitieuses au niveau mondial. Tirée par la croissance économique et l’expansion de la population, la production de plastiques devrait augmenter dans tous les scénarios, prévient l’OCDE. Là où les politiques peuvent faire une énorme différence, c’est dans la gestion des déchets.

Le rapport, étudie deux scénarios possibles. Le premier, appelé scénario d’action régionale, comprend une combinaison de politiques budgétaires et réglementaires appliquées principalement dans les pays de l’OCDE, qui pourraient faire baisser de près d’un cinquième la production de déchets plastiques et de plus de moitié les rejets de plastique dans l’environnement, sans avoir un impact substantiel sur le PIB mondial, qui serait réduit de 0.3% d’ici 2060. Le second, appelé scénario d’action mondiale, comporte l’application de politiques plus rigoureuses à l’échelle planétaire, qui pourraient réduire les déchets plastiques d’un tiers et éliminer presque entièrement les rejets dans l’environnement, et ce au prix d’une baisse du PIB mondial d’environ 0.8 %.

Actuellement, près de 100 millions de tonnes de déchets plastiques sont soit mal gérés, soit rejetés dans l’environnement. « Des efforts mondiaux coordonnés et ambitieux peuvent presque éliminer la pollution plastique d’ici 2060 », conclut le rapport.

Pour réduire les impacts environnementaux des plastiques et encourager une utilisation plus circulaire, l’OCDE préconise de recourir aux mesures suivantes : appliquer des taxes sur les plastiques, y compris sur les emballages en plastique ; créer des incitations au réemploi et à la réparation des articles en plastique ; fixer des objectifs de contenu recyclé dans les produits en plastique neufs ; établir des programmes de responsabilité élargie des producteurs (REP) ; améliorer les infrastructures de gestion des déchets ; faire progresser les taux de collecte des déchets.

Plus tôt cette année, les Nations Unies ont lancé un processus visant à élaborer un traité international contraignant pour limiter la pollution plastique.