« Même si nous avons encore beaucoup de choses à découvrir, la microflore cutanée est fondamentale dans l’homéostasie de la peau, elle participe au maintien de l’immunité innée et de la fonction barrière. L’écosystème bactérien contribue aux signes cliniques de certains déséquilibres cutanés, » expliquait Audrey Guéniche, L’Oréal, lors de la journée que la Société Française des Antioxydants (SFA) a consacrée au microbiote humain début novembre.

L’épiderme génère des lipides antimicrobiens, des peptides tels que les ß-défensines et la cathélicidine, des récepteurs dédiés à la reconnaissance des pathogènes qui tous ensemble forment l’immunité innée cutanée. L’équilibre du microbiote de la peau ainsi que l’expression des conditions écologiques du milieu (température, pH, teneurs hormonales, en lipides ou en protéines, exposition aux UV, absence de lumière, type de muqueuse, teneur en eau etc …) sont également essentiels à son maintien [1] .

Actifs cosmétiques

Les fournisseurs d’actifs cosmétiques s’intéressant à ce domaine vont aborder le microbiote cutané selon plusieurs angles. Une première voie, directement inspirée de l’effet bénéfique des probiotiques sur la microflore intestinale (figure 1), consiste à délivrer ces probiotiques au niveau de la microflore cutanée d’une manière topique.

Figure 1 : Probiotics improve intestinal epithelial barrier homeostasis - Source : Greentech

Greentech avec Bioltilys®, un actif issu d’un procédé de fermentation optimisé de Lactobacillus pentosus améliore la fonction barrière pour maintenir la beauté de la peau et permettre après agression une récupération plus rapide de ses performances. Lonza avec ProSynergen™ DF, obtenu par fermentation de deux souches bactériennes (lactobacillus et ulkenia amoeboidea ) mises en compétition afin de surexprimer leurs principes actifs, cible les peaux fragilisées par les facteurs environnementaux en renforçant la fonction barrière.

Silab de son côté avec Indufence®, riche en peptides purifiés issus de l’alisma propose un « probiotique-like » qui par un mécanisme similaire à celui d’un probiotique active et optimise les fonctions immunitaires naturelles de la peau sans provoquer d’inflammation.

La deuxième voie se rapportant au microbiote cutané s’intéresse aux peptides antimicrobiens. Ashland Care Specialties avec Lipigenine™ biofunctionnal, un extrait de graine de lin augmente l’expression in vitro et ex vivo de la ß-défensine et de la cathélicidine LL-37 de 50% à 150% pour un test réalisé sur des kératinocytes 24 h après l’application d’un topique à 1% d’actif.

Exsymol de son côté s’intéresse aux cellules et terminaisons nerveuses impliquées dans l’expression des peptides antimicrobiens et particulièrement sensibles au vieillissement. Glutrapeptide® agit sur la production de catestatine et de chromogranine A. Par ailleurs, l’actif est capable d’inhiber la croissance de staphylococcus aureus sur des milieux de cultures de cellules nerveuses.

BASF Beauty Creations propose avec Betapur™ un extrait de feuilles de boldo qui régule la microflore cutanée par l’activation de la synthèse de ß-defensines. Testé in vivo, il est noté une réduction de la taille des pores, des imperfections et des lésions spécifiques aux peaux à tendance acnéiques.

Enfin, Solabia présent depuis plusieurs années sur ce marché avec Bioecolia®, un glycane prébiotique offre une protection durable de l’écologie cutanée et capillaire. L’actif obtenu par un procédé breveté de biocatalyse enzymatique présente une double activité avec une action microbiologique par stimulation sélective de la flore saprophyte bénéfique au détriment de la flore opportuniste et une action biologique par libération de peptides anti-microbiens par les kératinocytes. C’est un protecteur de l’écosystème cutané.

Au fil des découvertes à venir, l’écosystème microbiotique cutané devrait jouer un rôle de plus en plus prépondérant en cosmétique.