Deux rapports publiés par Cosmetics Europe en début de mois, — Cosmetics Europe Annual Report 2024 et Cosmetics Europe Market Performance 2024 Report — à l’occasion de la conférence annuelle de l’association européenne à Bruxelles, soulignent l’importance du marché européen pour l’industrie mondiale des cosmétiques.
« Globalisée » et « tournée vers l’exporta »
Les ventes au détail du secteur des cosmétiques au sein de la zone Europe [1] ont atteint 104 milliards d’euros l’an dernier, soit une hausse de 6,3% par rapport à l’année précédente, juste derrière les États-Unis où les ventes de cosmétiques atteignent 107 milliards d’euros. En Chine, les ventes au détail se sont élevées à 65 milliards d’euros pour l’année 2024, et à 27 milliards d’euros au Brésil, 25 milliards d’euros au Japon, 15 milliards d’euros en Inde et 12 milliards d’euros en Corée du Sud.
Selon Cosmetics Europe, les échanges intra-européens de produits cosmétiques s’élevaient à 52,3 milliards d’euros en 2024 et les exportations européennes vers des pays tiers ont atteint 29,4 milliards d’euros, dont 38%, soit 11,28 milliards d’euros, venant de France. De leur côté, les importations se sont élevées à 8,5 milliards d’euros en 2024, dont 5,5 milliards d’euros provenant de quatre principaux partenaires de l’Union : les États-Unis, la Chine, le Canada et le Japon.
John Chave, directeur général de Cosmetics Europe, a présenté l’industrie européenne de la beauté comme dotée d’une « vision mondiale » et « tournée vers l’export », créatrice d’emplois de qualité au sein d’entreprises de toutes tailles, tout en demeurant « dynamique et innovante ».
« En d’autres termes, elle l’exemple type d’une industrie clé de la future prospérité européenne », explique John Chave.
Des marchés encore très divers
En termes de ventes au détail, l’Allemagne était – avec 16,94 milliards d’euros – le premier marché européen des cosmétiques en 2024. Viennent ensuite la France (14,18 milliards d’euros), l’Italie (13,39 milliards d’euros), le Royaume-Uni (12,24 milliards d’euros), l’Espagne (11,21 milliards d’euros), la Pologne (5,84 milliards d’euros), et les Pays-Bas (4,05 milliards d’euros). Les autres marchés européens ont chacun généré des ventes au détail inférieures à 2,6 milliards d’euros pour l’année. La plus forte croissance annuelle est toutefois venue de la Hongrie, en hausse de 10,6%, suivie de la Bulgarie (+10,1%) et de la Roumanie (+8,9%).
Les soins de la peau restent la catégorie la plus importante en Europe en 2024, avec 28,9% du marché et un chiffre d’affaires de 30,1 milliards d’euros. Viennent ensuite les articles de toilette, avec 24,7 milliards d’euros de ventes au détail (23,8% du marché) ; les soins capillaires, à 18,1 milliards d’euros (17,4%) ; les parfums, à 17,1 milliards d’euros (16,5%) ; et le maquillage, à 13,9 milliards d’euros (13,4%).
Parmi ces différentes catégories, ce sont les parfums qui ont enregistré la plus forte croissance, avec une hausse de 8,9% des ventes au détail par rapport à 2023. Les ventes de maquillage ont progressé de 8,2%, celles de produits de soins de la peau de 6,6%, celles de soins capillaires de 5,6% et celles d’articles de toilette de 5,4%.
Notons que l’industrie européenne des cosmétiques employait près de 2,9 millions de personnes tout au long de la chaîne de valeur en 2024 – 63% de femmes et 37% d’hommes – dans des entreprises de toutes tailles. L’année dernière, ce secteur comptait plus de 9600 petites et moyennes entreprises (PME), dont plus de 2000 en France et plus de 1000 au Royaume-Uni.
« Garder une longueur d’avance » sur la scène mondiale
Pour 2025, Cosmetics Europe s’est fixé pour objectif de « rester en tête » alors que d’importants changements réglementaires et les pressions géopolitiques continuent de mettre à rude épreuve le marché européen de la beauté.
Lors de son discours d’ouverture de la conférence annuelle de l’association, Isabelle Martin, présidente de Cosmetics Europe, a déclaré : « Nous avons de quoi être fiers. En 2024, la valeur du marché européen a pour la première fois dépassé les 100 milliards d’euros. Cela témoigne de la grande force, à l’échelle mondiale, d’une industrie tournée vers le consommateur et innovante »
Mais Isabelle Martin a également souligné que le secteur avait été confronté à une pression « énorme » au cours des dernières années, principalement du fait d’importants bouleversements réglementaires et d’un marché mondial instable. Rester unis et travailler ensemble est donc plus important que jamais pour « défendre et promouvoir » efficacement la beauté, insiste-t-elle. « Notre compétitivité est fragile » et nous avons besoin du soutien des autorités pour « rester en tête », a-t-elle souligné.
Prenant la parole à la suite de la présidente de l’association, Susana Solís Pérez, députée européenne espagnole, a ajouté : « Nous traversons une période critique, marquée par l’instabilité géopolitique et les mutations technologiques. L’Europe réécrit son avenir ».
La résilience européenne sera donc essentielle pour gérer ce changement, selon Mme Solís Pérez, et l’harmonisation réglementaire est désormais une « nécessité stratégique ».
« La fragmentation nous affaiblit ; l’harmonisation nous renforce », a-t-elle déclaré. « Je suis convaincue que l’avenir du secteur cosmétique européen doit reposer sur le dialogue – un dialogue constructif, transparent et continu entre les décideurs politiques, l’industrie et la société civile. Alors, travaillons ensemble pour partager cet avenir – un avenir où beauté et responsabilité vont de pair, où ambition verte rime avec croissance industrielle, et où l’Europe continue de définir les normes mondiales par choix ».