Sabine Chabbert, représentant la Fragrance Fondation France, partenaire de l’événement depuis son lancement, a inauguré cette journée construite autour d’interventions en format speed talking de 15 minutes.

État des lieux et inspirations

Mathilde Lion, Director, Global Client Development du NPD Group a posé le décor par un bilan chiffré de la parfumerie sélective dans le monde. Bien que le parfum continue de dominer les ventes dans la catégorie prestige, les ventes tendent à rester stables dans les marchés matures. Elle pointe toutefois plusieurs leviers de progression, notamment les travel shoppers de plus en plus nombreux à consommer du parfum en duty free ou sur les marchés locaux, le e-commerce qui possède encore un gros potentiel de progression sur cette catégorie, et enfin, l’attente de naturalité exprimée principalement par les jeunes.

Vincent Gallon, rédacteur en chef de Premium News a emmené l’auditoire dans un tour du monde des innovations parfum les plus étonnantes par leur positionnement, gestuelle ou formulation, en relevant les tendances 2019 sur le développement durable, la customisation, la réinvention des usages et les nouveaux concepts expérientiels.

Ultra Techno, Ultra Data : La nouvelle création

Claire Viola, Vice President Digital Strategy Fragrance de Symrise et Muriel Jacquot, fondatrice de Myrissi se sont exprimées sur l’intégration des big data et de l’intelligence artificielle appliquées à la création.

« Nous pensons que l’Intelligence Artificielle peut être considérée comme la prochaine révolution en parfumerie », a assuré Claire Viola. À partir de l’outil Philyra, développé en collaboration avec IBM, deux fragrances ont été conçues pour la marque brésilienne O Boticario, à partir de formules aux proportions et combinaisons inédites en parfumerie.

De son côté, l’outil Myrissi permet d’anticiper, grâce à l’intelligence artificielle, l’interprétation intuitive d’un parfum afin d’en optimiser son impact émotionnel.

Ultra naturel, ultra éthique, ultra authentique : vers un parfum engagé ?

Mais la création doit aussi s’adapter aux grandes évolutions sociétales. Pascale Brousse, fondatrice de Trendsourcing a décypté les attentes des consommateurs en matière de clean perfumery ; une tendance illustrée par Camille Lefeuvre, fondatrice de pH Fragrance.

Créer au naturel semble bien représenter l’enjeu de demain. Rodée à l’exercice depuis plus de 12 ans, l’entreprise française Technicoflor a exposé via son parfumeur créateur Irène Farmachidi, le travail de création intégrant les contraintes d’une palette restreinte de matières premières naturelles.

Une palette naturelle et éthique qui peut encore s’enrichir, comme l’a confirmé Stéphane Piquart, fondateur de Behave, sourceur parfumeur s’accordant avec une approche responsable et équitable. Une démarche qu’il a étayé du travail réalisé sur trois matières premières phares de la parfumerie, le santal, la Myrhhe et l’Ylang Ylang.

Pour sa part, Marie Gabrielle Jouan, fondatrice du laboratoire, BGene a mis en avant l’intérêt des biotechnologies pour la production d’arômes et molécules à partir de coproduits du bois.

Convaincue que l’heure est effectivement plus au story proving qu’au story telling, Sandrine Sommer, Directrice du Développement durable de la Maison Guerlain, a présenté les différentes actions mise en place en ce sens par la marque à l’Abeille, notamment sa nouvelle plateforme de traçabilité Bee Respect. Accessible en ligne, le site relaye les informations et origines de tous les composants de chaque produit Guerlain : soins, maquillage et bientôt parfums.

Au terme de cette matinée de réflexions, Marc Giget, Président du l’EICSI et du Club de Paris des Directeurs de l’Innovation rappelait à chacun la nécessité de replacer l’innovation au cœur des attentes de la société et de l’humain. Un discours appuyé par l’expérience partagée de Chantal Roos, invitée d’honneur de l’événement pour sa carrière exceptionnelle dans l’industrie du parfum, en tant que Présidente, entre autres, des Maisons YSL Parfums et BPI, et créatrice de la marque de niche Roos & Roos.

Renouer avec les consommateurs

Vanessa Cots, de l’agence de communication digitale Dix Sept Paris, a pointé du doigt la nécessité pour les marques du luxe d’appréhender les réseaux sociaux différemment, en s’affranchissant des formats statiques existants, en faisant le pari de la qualité par un discours plus riche, original, voire engagé …

En écho, Michelle Algazi, Insight Crafter chez Dynvibe, a alerté la salle sur l’émergence d’un sentiment puissant de surconsommation et de lassitude vis-à-vis des cosmétiques, parfums inclus, parmi les jeunes consommateurs.

Pour sa part, Carl Allain présentait la possibilité mise en place par Arcade Beauty de l’essai d’un parfum via Instagram.

Urgence Packaging

Après un rapide tour d’horizon des innovations marquantes du salon Luxe Pack, majoritairement dominées, cette année, par des initiatives plus respectueuses de l’environnement, les grands acteurs du packaging de luxe, en verre et plastique, Aptar, Albéa, Pochet, Bormioli Luigi et Veresecence, se sont réunis autour de la table pour présenter certaines de leurs réponses au défi environnemental auquel ils font face.

Fragrance métamorphoses

Le parfum se perçoit par bien des manières et peut aussi répondre aux attentes grandissantes en matière de bien-être, comme a pu l’exposer Edith Filaire, directrice scientifique chez Greentech, qui a mis en place un protocole d’analyse des émotions induites par les produits cosmétiques.

Et pourquoi ne pas jouer entre les frontières des différents marchés grâce à des expériences polysensorielles mêlant le goût et l’odorat ? Cécile Zarokian, parfumeur créateur indépendant, a présenté le travail effectué pour différentes marques de spiritueux dans le but de traduire en fragrance l’évocation d’un gin ou d’un vieux rhum, jusqu’à la création d’un parfum comestible testé avec curiosité par tous les participants.

Retail : des expériences à réenchanter

Sans opposer magasins physiques et e-commerce, Joël Palix, président de Palix Unlimited, s’est attaché à rappeler la part grandissante du online à laquelle le retail va devoir s’adapter. « Les magasins doivent se réinventer avec une nouvelle répartition des rôles. Jouer sur de nouveaux leviers de proximité, ou de nouvelles pratiques comme le resourçable par exemple », a-t-il déclaré.

Nathalie Pichard, fondatrice de TopNotes, s’est exprimée sur l’éternel enjeu de la formation des équipes en points de vente pour se démarquer, alors que Nicolas Dewitte, Directeur Général de Groupe Bogart, fort de son expérience concomitante de fabricant de parfum et de retailer, exposait l’intérêt de la transposition des valeurs entre les deux activités. « Il faut ramener l’olfaction au cœur du magasin », a-t-il préconisé.

Au regard de l’intérêt porté au format dynamique et à la richesse des thèmes abordés, le Fragrance Innovation Summit donne rendez-vous à l’industrie du parfum le 05 novembre 2020, à Paris, pour une 4e édition qui se déroulera dans un lieu pouvant accueillir un auditoire plus vaste.