John Chave, Directeur Général de Cosmetics Europe

Premium Beauty News - Les chiffres que Cosmetics Europe vient de publier pour le marché européen des cosmétiques sont plutôt positifs, malgré des disparités importantes selon les états.

John Chave - Ces disparités reflètent globalement celles de la situation économique en Europe. Mais la bonne nouvelle est qu’en 2015 le marché a renoué avec une croissance plus solide, en dépit d’un contexte économique difficile. Le marché européen des cosmétiques et produits de toilettes a progressé de +3,1% en 2015, contre 2,1% en 2014.

C’est aussi la preuve que notre industrie ne cesse de s’adapter pour répondre aux besoins d’un monde en plein changement. Différents facteurs tels que la mondialisation, la digitalisation et la nécessité de davantage de durabilité, se combinent pour transformer le comportement des consommateurs vis-à-vis des produits cosmétiques.

Premium Beauty News - Un des grands thèmes de la Cosmetics Europe Week a été l’apport de l’industrie des cosmétiques à l’économie et la société européenne.

John Chave - En fait, quand on parle de cosmétiques avec les autorités réglementaires ou les législateurs le cœur du sujet est souvent le risque, le risque et encore le risque. Parfois on peut aussi parler de l’évaluation du risque. Mais on ne parle jamais des bénéfices, et c’est très différent de ce qui se passe pour d’autres industries. Il était donc très important de mettre en avant les bénéfices des cosmétiques dans la vie quotidienne.

Pour faire court, l’industrie des cosmétiques est un gros contributeur à la compétitivité de l’industrie européenne et à la recherche en Europe.

Selon le rapport réalisé par Risk & Policy Analysts Ltd. (RPA) pour Cosmetics Europe, au moins deux millions d’emplois européens sont générés par la chaine de valeur de l’industrie des cosmétiques. En 2015, le marché européen des cosmétiques représentait environ 77 milliards d’euros, ce qui fait de l’Europe le premier marché mondial pour ces produits. Et plus de 17 millions d’euros de produits cosmétiques ont été exporté par l’Union européenne vers des pays tiers en 2015.

Par ailleurs, l’industrie européenne des cosmétiques s’appuie encore énormément sur un important tissus de PME. Nous avons dénombré 4,605 PME dans l’industrie des cosmétiques en 2015, et ce nombre est en progression.

Les produits cosmétiques jouent de plus un rôle important dans la vie quotidienne des Européens avec un rôle social et psychologique très important.

Premium Beauty News - Quels les principaux défis auxquels est actuellement confrontée l’industrie européenne des cosmétiques ?

John Chave - Ils sont nombreux ! En premier lieu, je mentionnerais le passage d’une approche basée sur le danger à une approche basée sur le risque, pour l’évaluation des ingrédients et des produits cosmétiques.

Un autre enjeu clef est la conservation des produits. Il y a très peu de nouveaux conservateurs autorisés sur le marché. Nous devons donc défendre ceux qui sont disponibles et adopter une approche plus globale de la conservation des produits.

Enfin, il faut mentionner encore une fois l’interdiction des tests sur animaux qui est de nouveau devant la Cour de justice de l’Union européenne. Il pourrait en sortir une interprétation plus restrictive de l’interdiction des tests sur animaux qui conduirait à éliminer toute substance qui aurait été testée sur des animaux même dans le cadre de l’application d’autres réglementations. Cela ne serait pas cohérent avec l’interprétation de la Commission européenne.

Premium Beauty News - Qu’en est-il du vote britannique en faveur de la sortie de l’Union européenne ? Quelle pourrait être l’impact sur l’industrie des cosmétiques ?

John Chave - En dépit du Brexit, le Royaume Uni restera un marché très important pour les cosmétiques en Europe. Il est probable également qu’il y aura un fort alignement réglementaire entre le Royaume Uni et l’Union européenne, soit parce que le Royaume Uni demeurera dans l’Espace Économique Européen (et dans ce cas le Règlement Cosmétiques s’appliquera au Royaume Uni) ou bien parce qu’il y aura une forte pression de la part des entreprises britanniques pour garantir un alignement. Quoiqu’il en soit, comme pour toutes les industries, le Brexit est une source dommageable d’instabilité et d’incertitude.