Premium Beauty News - Albéa s’est engagée depuis une quinzaine d’années dans le cadre de son programme RSE, à développer des solutions d’emballages circulaires et à faible impact environnemental, où en êtes vous ?

Gilles Swyngedauw - Nous poursuivons notre feuille de route d’éco-conception définie autour de l’innocuité pour la santé humaine et l’environnement. Nous avons ajouté le chapitre transparence pour bien comprendre les chaines d’approvisionnement de nos matières premières. Outre l’impact carbone, la biodiversité est un enjeu essentiel de l’impact environnemental.

Il y a toujours un gros travail en cours sur le programme de circularité. Concernant les tubes, nous avons des solutions en termes de recyclabilité pour plus de 90% des produits que nous avons sur le marché.

Sur les emballages cosmétiques c’est plus complexe car ils sont plus petits, souvent multimatériaux, fortement décorés, etc. Nous travaillons actuellement avec Citeo pour bien comprendre ce qu’il faut mettre en place pour qu’ils soient mieux détectés et qu’ils atterrissent dans la bonne filière pour être recyclés. C’est un énorme projet qui avance bien, et nous publierons les conclusions au second semestre, probablement au moment de Luxe Pack Monaco.

Premium Beauty News - Il y a également une grosse demande pour l’incorporation de matières recyclées, comment faites-vous face aux difficultés d’approvisionnement ?

Gilles Swyngedauw - C’est aussi un vaste sujet. Il y a d’abord la qualité : nous participons à un groupe de travail avec plusieurs confrères et des metteurs sur le marché, sur la qualité du recyclé en cosmétique. L’objectif est de bien comprendre les enjeux d’un point de vue sanitaire et de mieux choisir le recyclé en fonction des applications cosmétiques. On ne parle que de recyclé mécanique, car au niveau impact environnemental celui-ci reste la meilleure solution aujourd’hui, et il progresse beaucoup en termes de performances. Aujourd’hui, il est possible de trouver une belle qualité esthétique et une bonne sécurité sanitaire sur cette filière. Tout le travail consiste à bien sélectionner ces matériaux, PET, PP et PE, issus du recyclage mécanique, voire chimique. Ces deux voies sont envisagées chez Albéa car complémentaires.

Il est vrai qu’en terme d’approvisionnement, il y a toujours un enjeu de quantité. Le plastique est encore faiblement recyclé. De plus, le secteur de l’emballage n’est pas le seul concerné par le recyclé. Il y a aussi le textile, l’automobile, voire le bâtiment, tout le monde est intéressé par cette matière générée principalement par l’emballage. Donc nous avons une offre qui croît certes, mais pas assez vite par rapport à une demande qui elle, se développe rapidement, poussée en plus par les règlementations.

Premium Beauty News - Est-ce que la piste des matériaux biosourcés est également prioritaire ?

Gilles Swyngedauw - Un matériau biosourcé, si c’est du plastique reste du plastique, il faudra le recycler. Le biosourcé ne va donc pas régler tous les problèmes et la première chose à faire c’est plutôt de continuer à travailler sur du recyclé et rendre nos produits recyclables. Nous n’aurons jamais assez de champs, de forêts pour remplacer tout le plastique qui aujourd’hui produit à partir de pétrole. Il faut entrer dans une économie circulaire avant toute chose.

Premium Beauty News - La recharge apparaît comme une solution efficace en termes de durabilité, comment travaillez-vous cette voie ?

Gilles Swyngedauw - L’idée première est de réduire le plus possible la mise en déchet des emballages, or avant la recharge, il y a encore beaucoup à faire en termes de réduction, du poids, du suremballage ou des parties d’emballage « inutiles ». Concernant la réutilisation ou le réemploi, cela nécessite du temps pour que le consommateur accepte de nouveaux systèmes. Nous avons des solutions techniques, mais il faut que le business model convienne aux marques et l’utilisation aux consommateurs. Nous sommes dans un monde tourné vers la facilité, donc nous effectuons un gros travail d’innovation pour rendre le geste simple pour le consommateur. Nous cherchons des solutions intuitives, notamment sur les pots qui permettent de recharger juste ce qui est nécessaire. Il y a des catégories plus compliquées comme le mascara par exemple, où il faut tout changer ce qui ne fait plus vraiment sens. Le deuxième aspect important est de bien penser la recharge pour qu’elle soit légère, qu’elle protège bien la formule, la délivre bien et qu’elle soit recyclable, sinon cela n’a aucun intérêt.

Premium Beauty News - Quelle est votre vision de l’avenir du packaging beauté ?

Gilles Swyngedauw - Il est essentiel de travailler la circularité avant tout. Dans ce domaine, il y a encore beaucoup à faire mais la réglementation européenne va nous aider et va avoir un impact considérable de ce point de vue. Il y a aussi beaucoup de fausses bonnes idées, mais un vrai travail collectif entre fabricants d’emballages et marques à lieu pour pousser les bonnes initiatives. Car une chose est claire : nous n’y arriverons qu’en embarquant tout le monde.