L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a demandé à la société Capital Joëlle Ciocco de retirer de la vente l’ensemble des produits cosmétiques de la marque Joëlle Ciocco Paris et en a suspendu la fabrication, la mise sur le marché, la publicité, la distribution et l’utilisation, jusqu’à mise en conformité complète avec les exigences réglementaires en vigueur.

La décision est rare en France mais elle fait suite à une longue série de manquements constatés lors d’inspections conduites par les autorités sanitaires au mois de juin 2022 au siège social de la marque à Paris et sur site de fabrication et de conditionnement situé à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines.

Dans une décision du 22 décembre 2022, rendue publique aujourd’hui, l’ANSM constate en effet :

 l’absence de déclaration des activités de fabrication et de conditionnement des produits cosmétiques, telle que demandée par l’article L. 5131-2 du Code de la Santé Publique ;
 l’absence complète de notification des produits cosmétiques sur le portail de notification des produits cosmétiques (CPNP), y compris pour les produits contenant des nanomatériaux ;
 l’absence de rapports sur la sécurité et de dossiers d’information sur les produits ;
 la non-conformité des étiquetages (absence des précautions d’utilisation et des avertissements requis, ainsi que des éventuelles indications concernant les précautions particulières à observer pour les produits cosmétiques concernés par un usage professionnel, absence de liste INCI pour les produits utilisés dans les centres de soin, étiquetage sur les produits d’une adresse ne correspondant pas à celle où la personne responsable tient à disposition le dossier d’information sur le produit) ;
 l’absence de rapports sur la sécurité, de dossiers d’information, de formules établies et d’étiquetages pour les produits cosmétiques préparés spécifiquement ;
 la mise sur le marché, en tant que produits cosmétiques, de produits préparés spécifiquement pour les clients, contenant des glucocorticoïdes (en l’occurrence de la bétaméthasone, un dermocorticoïde d’activité forte connu pour ses propriétés anti- inflammatoires et vasoconstrictrices, à une teneur estimée à 0,02%). Les glucocorticoïdes sont interdits dans les produits cosmétiques et répondent, de surcroît, à la définition du médicament ;
 la présence de lilial dans certains produits (notamment la lotion aromatique et l’huile nettoyante), alors que cette substance est interdite dans les produits cosmétique depuis le 1er mars 2022 ;
 la présence dans certains produits (notamment le masque à rincer « pâte de tolu ») de décaméthylcyclopentasiloxane (« D5 ») à une concentration supérieure à 0,1%, seuil maximal autorisé pour cette substance depuis le 31 janvier 2020,
 l’absence de gestion de la cosmétovigilance (absence de formulaire pour enregistrer les incidents de cosmétovigilance, absence de responsabilités définies et de formation du personnel).

Les cosmétiques Joëlle Ciocco Paris sont vendus en circuit sélectif et, pour certaines références, dans le circuit professionnel des instituts de beauté. L’ANSM demande aux personnes ayant acheté des produits de la marque de ne plus les utiliser.