Lorsqu’ils créent CoZie, Cosmétique Objectif Zéro Impact Environnemental, il y a 3 ans, les trois jeunes fondateurs - Arnaud Lancelot, Émeric Baracat et Louise Salvati - souhaitent aller jusqu’au bout du concept clean beauty, bien au-delà des formules. « Cela nécessitait de travailler aussi sur le pack et selon nous, la solution la plus aboutie c’est le déchet que l’on ne génère pas, donc de donner la possibilité de recharger ses emballages. Une idée poussée par Louise qui est influenceuse zéro déchet », explique Arnaud Lancelot.

Aussi vertueuse que soit l’idée, sa réalisation impliquait alors un challenge d’envergure : initiative inédite en soin, technologie de distribution inexistante à l’époque, prise en considération des critères de risques de développement microbiens, conformité règlementaire, adéquation avec les points de vente, gestion des emballages … « Pour ce type de produits, il fallait la maitrise la plus totale en termes de sécurité et de traçabilité. Nous avons alors décidé de tout créer nous-mêmes. Notre idée était de reproduire un mini laboratoire sur le lieu de vente, respectant les bonnes pratiques de fabrication de l’industrie cosmétique au même titre que sur un site industriel », décrit le co-fondateur.

Technologie unique au monde

Deux années de développement ont été nécessaires, menées par Émeric, ingénieur de formation et riche d’un parcours de 10 ans dans un grand groupe cosmétique, accompagné de différents bureaux d’étude. Pari gagné, la machine brevetée et unique au monde, réunit un certain nombre de solutions techniques protégeant la formule de l’air, de la lumière et de la poussière. « Il n’y a aucun contact entre le produit et l’extérieur, il va directement de la machine au flacon » assure Arnaud Lancelot, garantissant un produit à l’abri de tous risques de contamination bactérienne.

Cette ‘Doseuse’ pouvant réunir plusieurs fontaines des 9 références produit de CoZie, imprime à chaque utilisation une étiquette spécifique avec le numéro de lot, la date d’utilisation optimale et le volume que l’utilisateur a choisi. « Notre machine est également connectée ce qui nous permet de collecter et de centraliser toutes les informations sur un serveur, afin d’assurer la traçabilité en cas de problème. Nous savons où et quand, tel numéro de lot a été vendu », ajoute l’entrepreneur.

Flacon échangé

Autre difficulté à lever, la propreté du flacon en verre au moment du nouveau remplissage. Une responsabilité qui, de l’avis des fondateurs, incombe à la marque. Pour y répondre et écarter tous risques, ces derniers font le choix de la consigne. Chaque flacon est rapporté par le client à qui l’on fournit un nouveau contenant vide et propre, qu’il remplit de la quantité souhaitée avec une réduction de 1,5 euros du prix du produit. « Nous avons mis en place une boucle nationale de lavage industriel. Tous les flacons sales récupérés partent en masse dans un de nos centres de lavage où toutes les conditions d’hygiène cosmétiques sont respectées. Ils sont alors lavés, séchés et ré-étiquetés ». Les pompes multimatériaux sont dirigées vers une filière spécifique et dédiée de recyclage. « Il est impossible de laver la pompe au niveau industriel. Nous avons cherché des solutions auprès des fournisseurs, sans succès », note Arnaud Lancelot.

Expérience simplifiée

Du point de vue du retailer, l’opération est quasi neutre. La machine, peu encombrante en volume, nécessite seulement d’être posée, branchée et rechargée. Aucun entretien n’est requis et le consommateur se sert lui-même. La marque possède déjà 49 machines majoritairement installées en magasins bio et boutiques zéro déchet, avec l’assurance d’accélérer l’implantation sur de nouveaux réseaux pharmacies et beauté dans les prochains mois.

Une ambition à l’échelle de l’industrie

Aujourd’hui, les trois fondateurs entendent partager leur concept avec d’autres acteurs de l’industrie. Une première expérience d’accompagnement a déjà été réalisée avec succès pour la marque Beauty Kitchen en Angleterre. « Dans un premier temps nous avons apporté du conseil. Cette démarche de refill pose de nombreuses questions en termes techniques, juridiques et autres, par lesquelles nous sommes passés. Cela représente beaucoup de temps gagné. Ensuite nous avons fourni la machine en marque blanche développée sur mesure pour la marque », décrit Arnaud Lancelot.

Forte de ce succès, l’équipe accompagnera deux autres grandes marques françaises à partir du mois de mars, pour des nouveaux lancements de refill cosmétiques.

Une demande du consommateur

Encore relativement anecdotique dans l’univers de la beauté, l’expérience du produit cosmétique rechargeable en magasin fait progressivement des émules chez les consommateurs. Parmi les acteurs précurseurs, la marque de produits naturels Panier des Sens expérimente le système depuis 2016 dans ses 3 boutiques pour sa référence phare, le savon de Marseille liquide. « C’est un projet assez complexe à mettre en place. Nous l’avons développé plus par conviction que par intérêt, mais aujourd’hui la demande augmente », assure Aurélie Muntaner, directrice marketing.

Plus récemment, L’Occitane a lancé un pilote de fontaines dédiées à trois de ses références de gels douche dans plusieurs boutiques de l’enseigne.

Avec CoZie, la démarche touche un nouveau segment. « Nous avons un taux de 40 à 60 % de retours flacons, ce qui est très élevé pour une petite marque comme la nôtre et démontre qu’il y a une volonté de ré-achat. Cette expérience encourage une fidélisation forte et cela va plus vite que nous le pensions », signale Arnaud Lancelot.

Pour en savoir plus…

Arnaud Lancelot, co-fondateur de CozieBio présentera sa solution et la façon dont les jeunes pousses beauté bousculent les habitudes des consommateurs comme des fournisseurs lors de la conférence « MAD Cosmetics Innovations - Traduire les tendances consommation en cosmétiques innovants » le 27 février à Paris.

www.mad-cosmeticsinnovations.com