Le géant japonais des cosmétiques haut de gamme Shiseido a accusé de légères pertes au premier trimestre à cause de coûts de restructuration, mais a maintenu ses prévisions de croissance pour 2024.

La perte nette du groupe sur la période janvier-mars s’est établie à 3,3 milliards de yens (-19,6 millions d’euros au cours actuel), contre un bénéfice de 8,7 milliards de yens un an plus tôt, selon un communiqué publié vendredi.

Shiseido a aussi subi une petite perte opérationnelle trimestrielle de 8,7 milliards de yens, à cause de charges exceptionnelles liées au plan de transformation de ses activités au Japon, annoncé fin février, prévoyant près de 1.500 départs volontaires, soit près de 4% de ses effectifs mondiaux. Mais son chiffre d’affaires a progressé de 3,9% sur la période à 249,5 milliards de yens (près de 1,5 milliard d’euros).

Boycott chinois

À périmètre comparable, ses ventes trimestrielles ont progressé de près de 20% au Japon, de près de 17% dans la zone EMEA (Europe, Afrique et Moyen-Orient) et de plus de 9% aux Amériques. Elles ont en revanche encore légèrement décru en Chine (-2,6%), leur troisième trimestre de déclin consécutif dans ce marché crucial pour le groupe.

Shiseido et d’autres marques japonaises sont en effet les cibles d’un boycott de la part de consommateurs chinois depuis l’été dernier, après le début du rejet dans l’océan Pacifique d’eau traitée de la centrale nucléaire de Fukushima (nord-est du Japon). Le gouvernement chinois a abondamment critiqué le début de ce processus, même si Tokyo et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) affirment qu’il est sans danger pour l’environnement et la santé humaine. Pékin a suspendu depuis août dernier toutes les importations chinoises de produits de la mer japonais.

Shiseido continue cependant de s’attendre à un rebond de ses ventes en Chine cette année. « La mise à l’index des produits japonais par les consommateurs touche désormais à sa fin et l’activité est sur la voie d’une reprise solide », affirme le groupe.

De son côté, l’activité travel retail (ventes dans les aéroports et autres points de vente détaxés) est restée en berne au premier trimestre. Le durcissement des réglementations en Chine et en Corée du Sud continue de peser sur le secteur.

Prévisions inchangées

Pour 2024, Shiseido mise toujours sur un bénéfice net de 22 milliards de yens (+1,1% sur un an) et un chiffre d’affaires de 1.000 milliards de yens (+2,8%).

« En ce qui concerne les perspectives de notre environnement d’affaires, nous anticipons une évolution positive de plusieurs facteurs au cours des prochains trimestres, notamment une nouvelle accélération de la croissance au Japon, dans les Amérique, dans la région EMEA et en Asie-Pacifique et une conversion de change favorable en raison de la faiblesse du yen. En revanche, des incertitudes demeurent, notamment au sujet de la reprise tardive de la demande en Chine et sur le changement de comportement des consommateurs chinois », explique le groupe.

FineToday en bourse

Dans un communiqué séparé, Shiseido a également indiqué que son ancienne entité produits cosmétiques grand public, qui s’appelle aujourd’hui FineToday, prévoit de s’introduire à la Bourse de Tokyo. Le groupe japonais avait cédé cette activité en 2021 au fonds d’investissement CVC pour l’équivalent d’environ 1,3 milliard d’euros, tout en gardant une part minoritaire de 20% de l’ensemble.

CVC viserait une valorisation boursière comprise entre 2 et 3 milliards de dollars pour FineToday, selon des sources proches du dossier citées par l’agence Bloomberg. Une cession de cette activité à un autre fonds d’investissement ou à un autre groupe de cosmétiques n’est pas exclue non plus, selon ces mêmes sources.