Dominique Appert

Premium Beauty News - Depuis 2011, vous animez un groupe de travail multi entreprises et interprofessionnel sur les emballages plastiques pour la cosmétique, pourquoi ce groupe ?

Dominique Appert - Le groupe est né à l’issue d’une journée d’échanges entre professionnels des emballages plastiques et professionnels de la cosmétique au cours de laquelle les participants ont pris conscience de l’importance de se rapprocher pour mieux comprendre les contraintes des uns et des autres. Le groupe s’est constitué autour de 15 sociétés : des membres industriels (Eastman, Elian-A.Schulman, Les Laboratoires Expanscience, LVMH, Promens, PRP Création, Strand Cosmetics Europe) et des membres supports venant du milieu universitaire et scientifique (CED [1], Allizé-Plasturgie, Centre Technique de la Conservation des Produits Agricoles - CTCPA), Itech, Lagep-université Lyon1, toxicologue). Le groupe a la particularité de réunir des personnes sur toute la chaine de valeur.

Premium Beauty News - Quelles actions ont été menées depuis la création de ce groupe de travail ?

Dominique Appert - Nous avons passé un certain temps à nous connaître et à créer un climat de confiance mutuelle indispensable pour échanger sur des données qui pour chaque entreprise ont un caractère confidentiel. Le groupe s’est notamment intéressé aux facteurs de risque sanitaire liés à la migration de substances du packaging vers la formule cosmétique. Au total, 225 facteurs ont été analysés par la technique AMDEC (analyse des modes de défaillance de leurs effets et de leur criticité). Cette année, afin de renforcer la coopération entre les acteurs de la chaine de valeur, une formation sur deux journées destinée aux deux professions (cosmétique et emballage) aura lieu à l’automne, elle se basera sur les travaux et les réflexions menés par le groupe de travail depuis 4 ans.

Premium Beauty News - Depuis la mise en place du nouveau règlement cosmétique en juillet 2013, les interactions contenu/contenant font parties des informations à transmettre. Or aucun protocole standardisé n’est proposé et les tests à réaliser sont à la discrétion des entreprises. Quelles réponses apporte le groupe de travail sur ce sujet ?

Dominique Appert - La réglementation cosmétique prescrit, pour ce qui n’est pas connu, de se référer à la réglementation alimentaire. Or ce n’est satisfaisant pour personne car le produit cosmétique n’est pas un produit alimentaire, ni en termes d’exposition, ni en termes d’usages ou de risque. Pour les industriels, il est très difficile à l’heure actuelle d’utiliser de nouveaux composants ce qui est un frein réel à l’innovation. On s’interdit de ce fait toutes les nouvelles matières premières biosourcées ou recyclées, malgré leur fort intérêt.

Le groupe de travail lance cette année un important projet de recherche pour définir des protocoles de tests uniformes et simples permettant de valider la conformité des emballages cosmétiques et garantir la sécurité des produits cosmétiques. Le projet qui comprend sept phases de travail sera réalisé par un prestataire principal, le Centre Technique de la Conservation des Produits Agricoles (CTCPA) ; en collaboration avec les membres du groupe pour un budget de 300 000 euros. Il est soutenu par le CED et Allizé-Plasturgie.

Nous souhaitons pouvoir d’ici deux ans livrer une liste positive de substances autorisées dans la formulation d’une matière plastique pour le packaging cosmétique, fournir un guide des bonnes pratiques et avoir un protocole de tests des emballages susceptible de devenir une référence normative.

Premium Beauty News - Le groupe de travail est-il ouvert à d’autres participants ?

Dominique Appert - Le groupe cherche effectivement à s’ouvrir à de nouveaux membres industriels afin de renforcer nos travaux sur l’ensemble des applications (soin, hygiène, parfum, maquillage). La mutualisation des connaissances est un des moyens pour maintenir le secteur cosmétique à son niveau de compétitivité. Les fournisseurs de matières premières (matières plastiques, colorants, additifs, ingrédients), les formulateurs de cosmétiques, les fournisseurs de packaging, les marques et intermédiaires sont les bienvenus.