S’il est indispensable, le recyclage peut aussi brouiller les pistes et nous pousser à consommer davantage de produits jetables. C’est le constat dressé par Flore Berlingen dans son livre Recyclage le grand enfumage, paru en juin aux Éditions Rue de l’échiquier.

Proposer des emballages recyclables est devenu un impératif pour les marques, confrontés à la demande croissante des consommateurs en matière de protection de l’environnement. Mais « recyclable » ne veut pas dire « recyclé » et l’engouement pour « l’économie circulaire » pourrait laisser penser que les déchets peuvent être récupérés à l’infini. Pour Flore Berlingen, ex-directrice de Zéro Waste France, l’économie circulaire est devenue l’alibi du jetable. Elle alerte notamment sur les limites écologiques du recyclage et le caractère contre-productif qu’il a endossé au fil des années.

« Le caractère recyclable d’un produit reste en réalité purement théorique. L’emballage du produit peut par exemple être considéré comme recyclable s’il est fabriqué à partir d’une matière recyclable, mais encore faut-il qu’il existe une filière de collecte installée dans la région ou le pays, ce qui n’est pas toujours le cas  », souligne-t-elle.

Argument de vente

Dans la mesure où il répond à une attente environnementale de plus en plus importante du consommateur, le recyclage est devenu puissant un argument de vente. « Or, des scientifiques américains ont prouvé dans une étude que cette promesse nous incite inconsciemment à déculpabiliser vis-à-vis de notre comportement de consommation. Ce mode de pensée peut-être s’avérer contre-productif et nous faire perdre du temps dans notre transition écologique, pourtant urgente », affirme Flore Berlingen.

En théorie, bien sûr, il est préférable d’utiliser des matières recyclées dans la fabrication de nouveaux produits, plutôt que des matières 100% vierges. Mais la production de produits, même à partir de matières recyclées, nécessite toujours une dépense conséquente en eau et en énergie.

Maximiser l’usage des produits

« Pour reprendre l’exemple de l’emballage à usage unique, son caractère jetable entraîne de toute façon un gaspillage de ressources. Il semble donc plus pertinent de se demander si tel objet a une véritable utilité sociale et essayer de voir si l’on peut faire différemment en cherchant des alternatives », ajoute-t-elle.

De même, pour l’upcycling il est nécessaire de se demander si l’objet fabriqué à partir de déchets a une fonction durable.

Flore Berlingen se montre en revanche plus intéressée par la seconde main et le réemploi qui permettent d’allonger la durée de vie d’un objet en maximisant son usage.