La cinquième réunion du Comité de filière cosmétique s’est tenue le 28 janvier à Bercy sous la présidence du Ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, dans un contexte international marqué par les menaces de hausse de droits de douanes aux États-Unis et une instabilité politique croissante en Europe. Les incertitudes pesant sur le commerce mondial et les questions environnementales ont été au cœur des débats.

Organisée à l’initiative du pôle de compétitivité Cosmetic Valley et la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA), la réunion du Comité de filière cosmétique cette rencontre a rassemblé une trentaine de porte-paroles de la filière, représentant tous les maillons de la chaîne de valeur - fournisseurs, fabricants, distributeurs – « de la plante au produit ».

Incertitudes sur la demande

Les participants – parmi lesquels figuraient des entreprises de toutes tailles, jeunes marques, PME, ETI et grands groupes – ont insisté sur le rôle majeur de l’industrie française des cosmétiques pour l’économie nationale.

« Leader en Europe et dans le monde, le secteur affiche des performances à l’export en constante progression. Il est un symbole de l’excellence manufacturière de la France et de son rayonnement international », soulignent la Cosmetic Valley et la FEBEA dans un communiqué commun.

Les participants ont mis en avant les investissements industriels réalisés par la filière en 2024 : 19 nouveaux projets d’investissement ont été lancés, s’ajoutant aux 19 autres initiés en 2023. Ils ont également souligné l’importance de cette dynamique en matière d’emploi tout en alertant les pouvoirs public sur les nouveaux défis auxquels est confronté le Made in France.

« Une récente consultation FEBEA - Cosmetic Valley révèle en effet que 75% des dirigeants du secteur s’inquiètent des perspectives de la consommation et que 30% craignent que cette situation ait des répercussions sur leurs exportations », expliquent les deux organisations.

Dans ce contexte, les intervenants ont demandé : d’accélérer la simplification réglementaire, à Paris comme à Bruxelles, afin de renforcer l’attractivité industrielle de la France et la compétitivité européenne ; de protéger les entreprises des tensions entre liées aux divergences de politiques commerciales entre les États, singulièrement la Chine, les États-Unis et l’Europe ; de soutenir la demande.

Défis et débats environnementaux

Alors que de nouvelles obligations se profilent avec plusieurs points de désaccord entre industriels et pouvoirs publics, les discussions ont également été l’occasion, pour la filière, de valoriser ses avancées en matière d’environnement, qu’il s’agisse de sobriété hydrique, avec la mise en place d’un plan volontaire visant à réduire la consommation d’eau dans les processus industriels, ou de recyclabilité des emballages, avec l’élaboration d’un guide pratique conjointement entre ELIPSO et la FEBEA, identifiant les principaux leviers pour améliorer le recyclage des emballages cosmétiques.

La filière cosmétique française s’inquiète particulièrement des conséquences de la nouvelle directive relative au traitement des eaux urbaines résiduaires [1] qui prévoit de faire payer les industriels de la pharmacie et des cosmétiques pour l’élimination des micropolluants présents dans les eaux usées de l’Union européenne. Les acteurs français de la cosmétique estiment que cette obligation pourrait leur coûter jusqu’à 1 milliard d’euros par an, sans cibler les secteurs les plus pollueurs.

Estimant que le secteur est déjà particulièrement engagé dans la réduction de son empreinte environnementale, notamment en matière de lutte contre la pollution de l’eau, ils demandent que les efforts importants déjà entrepris par la filière soient accompagnés en tenant compte de ses spécificités et en les inscrivant « dans une démarche qui ne soit pas stigmatisante ou punitive, mais équilibrée et proportionnée ».