Premium Beauty News - Comment se porte l’activité d’Augros en ce début d’année ?

Didier Bourgine - Nous sommes une société cotée depuis 1997 et venons de publier notre chiffre d’affaires 2023 qui est de l’ordre de 20,8 millions d’euros, soit une croissance de 2% par rapport à 2022, mais en recul par rapport à la situation au 30 juin où nous étions à +13%. En effet, comme l’ensemble du marché, nous avons subi un ralentissement d’activité au dernier trimestre dû à une période de déstockage opéré par l’ensemble des marques, suite à la période Covid. Donc l’activité est un peu en freinage en ce début d’année mais si l’on en croit les chiffres du marché, les ventes sont toujours en croissance donc cet événement de déstockage devrait être passager, et l’activité devrait reprendre au second trimestre. Les perspectives de lancements par l’ensemble des marques confirment un dynamisme rassurant qui présage d’une activité soutenue pour la fin de 2024.

Premium Beauty News - Quels sont les points forts de l’entreprise dans un tel contexte ?

Didier Bourgine - Ceux d’une PME qui a beaucoup investi ces dernières années. D’abord et de façon massive, sur l’axe packaging au sens plasturgie dans les années 2010/2015, ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir un outil industriel très automatisé. Puis depuis 2018, nous avons également intensifié nos investissements sur l’axe traitement de surface dans notre usine de Val au Perche en Normandie. Dans ce domaine, l’outil est aujourd’hui automatisé à 60% alors qu’il était totalement manuel il y a 5 ans. Cela représente un investissement important qui totalise sur ce pôle plus de 7 millions d’euros sur 5 ans.

Premium Beauty News - Pourquoi cet investissement sur la partie traitements de surface ?

Didier Bourgine - Parce que c’est nécessaire, à la fois à la fiabilisation des processus industriels et à l’optimisation économique. Mais aussi pour répondre aux contraintes environnementales et RSE, qui nous poussent à améliorer la qualité de nos process et traitements en ayant de plus en plus recours à des vernis à haut extraits secs et donc à réduire de façon très significatives nos utilisations de solvants et donc les émissions de COV. Il y a 10 ans, nous étions sur un ratio extraits sec/solvants qui était de 20/80 et nous serons à 80 /20 dans 3 ans. C’est une petite révolution chimique dans la définition des produits que nous utilisons pour réaliser nos traitements de surfaces, qu’ils soient en vernissage, laquage, et métallisation sous vide, qui sont la base de notre compétence en la matière.

Premium Beauty News - Répondez-vous à des contraintes RSE également sur l’axe plasturgie ?

Didier Bourgine - Sur cet axe, nous passerons de 20% d’utilisation de matière recyclée à plus de 75% d’ici deux ans. Aujourd’hui, les pièces injectées que nous fabriquons ont un ratio de matière recyclée de l’ordre de 40%, principalement à base de rPET ou PPr que nous achetons, et pour le reste du recyclage des carottes des produits que nous fabriquons. Par ailleurs nous développons de nouveaux produits avec des matières recyclables à 100% dans la filière des métaux ferreux, qui constitue une excellente alternative au zamak, esthétique et plus économique.

Premium Beauty News - Avec deux sites de production basés à Alençon pour la plasturgie et à Val au Perche pour le parachèvement, réunissant plus de 175 employés, vous répondez aux attentes de nombreux acteurs du marché du luxe et notamment de la parfumerie haut de gamme par des produits — pots, flacons capots —sur mesure. Quels sont vos projets de développement, notamment à l’international ?

Didier Bourgine - Les marques du luxe sont très nombreuses en France, et celles qui ne sont pas françaises ont souvent leur centre de R&D pack, voire achat, à Paris, donc quand on a la chance d’être à 2 heures de Paris, on a la chance d’être à 2 heures des décideurs de 80% du marché mondial ! Nous n’avons donc pas d’ambition de développement international à court terme, mais plutôt l’ambition de consolider notre clientèle actuelle et de séduire des clients chez lesquels nous ne sommes pas encore.

Nous avons la chance d’être une entreprise de plus de 100 ans d’expérience donc avec une bonne compétence du développement packaging pour le marché du luxe, mais aussi une base de fournisseurs très performants autour de nous pour les compléments.

Nous revendiquons aussi une agilité, une vitesse de développement et d’exécution par l’intégration d’un atelier de mécanique qui nous permet d’aller très vite dans les phases finales développement, entre les présentations des premières pièces et les homologations finales. Enfin, nous sommes en capacité aujourd’hui d’automatiser les process et d’avoir une fiabilité et une répétabilité qui permette de garantir qualité et fiabilité d’approvisionnement pour nos clients.