L’année 2020 n’a pas été des plus faciles pour le fabricant français ! Particulièrement impactée par le recul du marché du luxe, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires passer de 17 millions d’euros en 2019 à 15 millions en 2020. Et la reprise s’est montrée plus lente qu’initialement anticipée. Pour Didier Bourgine, le CEO d’Augros, le véritable rebond devrait se faire à partir du second semestre de cette année, notamment grâce au redémarrage progressif de l’activité travel retail, qui représente près de 30% des ventes de certains acteurs du luxe.

Automatisation et démarche qualité renforcées

« Nous avons pu utiliser ce faible niveau d’activité pour travailler en R&D sur l’injection de nouvelles résines plus vertueuses en termes de RSE, et avons également profité de ce ralentissement pour accélérer nos investissements », explique Didier Bourgine.

L’entreprise, qui emploie environ 150 personnes avec deux sites de production en France, maîtrise l’ensemble des étapes de production d’un packaging haut de gamme, y compris la décoration et le traitement de surface grâce à l’acquisition en 1998 de l’entité MSV. Cette étape fait aujourd’hui l’objet de toutes les attentions du groupe. « Notre projet de mise en place d’une nouvelle ligne de revêtement automatisée, à la pointe de la technologie et plus respectueuse de l’environnement, permettra de doubler la capacité de production. La ligne sera opérationnelle à la fin de cette année », indique le dirigeant.

Augros mise depuis longtemps sur l’automatisation de ses processus. Dès les années 1990, l’entreprise a investi dans la robotisation et l’automatisation de ses lignes d’assemblage et de décoration afin de pouvoir offrir à ses clients des prix compétitifs avec la qualité permise par la fiabilité des processus reproductibles robotisés sans intervention humaine.

« C’était audacieux et différenciant à l’époque, et surtout, cela nous a permis de survivre à la vague de délocalisation en étant plus compétitifs », raconte Didier Bourgine.

Si les robots sont un élément clef de l’intensification de l’activité, Augros ne néglige toutefois pas l’expertise et le savoir-faire humains ! L’entreprise a ainsi promu Valérie Guittet au poste de Directrice Qualité du groupe. Elle sera en charge de l’Organisation Qualité des deux sites d’Augros.

Par ailleurs, dans le cadre de la stratégie de réalisation de décors plus complexes sur le site MSV, Augros a renforcé son expertise avec le recrutement de Philippe Avanzini, un expert reconnu dans la décoration de pièces esthétiques dans le secteur automobile, au poste de Directeur Technique de la division décoration. Sa mission sera de proposer des solutions innovantes aux marques de luxe. « En plasturgie comme dans l’industrie du verre, la décoration devient un moyen de différenciation incontournable et peu onéreux », souligne Didier Bourgine. « La flankerisation va s’intensifier comme ce fut le cas chez les verriers il y a quelques années ».

Le dirigeant d’Augros en est convaincu, « en alliant compétitivité, proximité et vitesse, nous regagnons des parts de marché face à la Chine, devenue plus chère, trop lointaine ».

L’emballage du futur sera vert

Au-delà des enjeux de qualité et de compétitivité, le « défi des 10 prochaines années sera de faire évoluer nos emballages vers l’économie circulaire », ajoute Didier Bourgine. Selon lui, « en Europe, 90 % du plastique utilisé sera recyclé ».

Le groupe Augros s’est ainsi fixé pour objectif d’assurer « la moitié de sa production d’emballage en 3R (recyclé, recyclable, re-sourcé) d’ici 2025 ».

En plus de proposer des matériaux recyclables aux consommateurs, Augros cherche donc à généraliser l’utilisation de résines recyclées et décoratives réalisées avec des vernis « HES » (High Solid) à très basses émissions de COV, tout en répondant à la demande croissante d’emballages « re-sourcés » ou « rechargeables » au cycle de vie plus long mais qui devront être plus esthétiques et plus qualitatifs pour justifier et permettre leur réutilisation et/ou leur re-remplissage.

« Notre véritable compétence sera de pouvoir travailler sur des matériaux complexes - à travers leur circuit de recyclage - tout en assurant une esthétique répondant aux demandes accrues de consommateurs de plus en plus ‘verts’ et de plus en plus exigeants car rompus aux codes du Luxe de ce type de produits. C’est pourquoi, de la même manière que nous l’avons fait pour l’automatisation de notre usine de plasturgie en France (Alençon), nous intensifions désormais nos efforts dans la ‘systématisation’ des formulations de vernis et autres techniques de traitement de surface, capables d’assurer une esthétique parfaite sur tout type de support, notamment recyclé, tout en étant éco-responsables », conclut Didier Bourgine, pour qui le luxe « déjà synonyme d’exceptionnel et de sur-mesure », doit désormais devenir « responsable ».