Les États-Unis et la Chine ont annoncé lundi 12 mai la suspension pour 90 jours d’une grande partie des droits de douane prohibitifs qu’ils s’étaient mutuellement imposés, marquant une désescalade dans leur guerre commerciale qui a ébranlé l’économie mondiale.

Concrètement, les deux camps acceptent de réduire largement - à 30% pour Washington et 10% pour Pékin- les surtaxes qu’ils s’imposent mutuellement, contre respectivement 145% et 125% après l’escalade initiée par le président américain Donald Trump début avril.

Cette suspension prendra effet "d’ici le 14 mai", ont annoncé les deux premières puissances économiques mondiales dans un communiqué commun publié après deux jours de négociations à Genève.

"Nous avons réalisé une remise à zéro complète avec la Chine, après des discussions productives à Genève", a déclaré lundi le président américain devant la presse. Donald Trump espère désormais discuter avec son homologue chinois Xi Jinping, "peut-être à la fin de la semaine".

Vers une dissociation sélective ?

Il s’agit d’un premier signe concret d’apaisement dans cette guerre commerciale qui a fait tanguer les marchés financiers et alimenté des craintes d’inflation et de ralentissement économique, aux États-Unis, en Chine et dans le reste du monde.

"Aucun camp ne veut une dissociation" des économies américaine et chinoise, a déclaré depuis Genève le ministre américain des Finances, Scott Bessent, répétant que les barrières douanières instaurées ces derniers mois avaient de facto mis en place un "embargo" sur les échanges entre les deux pays. Il a toutefois indiqué chercher un « découplage pour les sujets stratégiques ».

La réduction de ces droits de douane est "dans l’intérêt commun du monde", a commenté le ministère chinois du Commerce, saluant des "progrès substantiels" avec Washington.

Dans un entretien avec la chaîne américaine CNBC lundi, M. Bessent a évoqué une nouvelle réunion sino-américaine "dans les prochaines semaines pour travailler à un accord plus étoffé". Il a notamment dit vouloir parler avec Pékin des "barrières non tarifaires", qui empêchent selon lui les entreprises américaines de prospérer en Chine. "En réalité, la Chine a des droits de douane peu élevés. Ce sont ces barrières non tarifaires, plus insidieuses, qui nuisent aux entreprises américaines qui veulent y faire des affaires", a-t-il déclaré.

Sans garantie

La suspension des tarifs douaniers les plus élevés marque une « désescalade substantielle », estime dans une note Mark Williams, économiste en chef pour l’Asie chez Capital Economics.

Toutefois, « rien ne garantit que la trêve de 90 jours se transforme en un cessez-le-feu durable », a-t-il averti. Washington semble chercher à rallier d’autres pays au principe de restrictions commerciales avec la Chine, a-t-il ajouté.

Si cette trêve constitue un "progrès important", "il y a encore des efforts à fournir pour parvenir à un accord formel" et la situation "pourrait se dégrader" entre temps, a mis en garde Daniela Sabin Hathorn, analyste de Capital.com.

Néanmoins, les derniers développements indiquent que les négociations évoluent vers une phase plus conciliante, souligne Deutsche Bank ans une note de recherche.