Selon Statista, le marché mondial des parfums devrait générer un chiffre d’affaires de 54,6 milliards d’euros (62,11 milliards de dollars) cette année, avec une croissance annuelle moyenne de 3,31% au cours des cinq prochaines années (2025-2030). Les États-Unis détiennent une part importante du marché mondial des parfums, avec un chiffre d’affaires prévu à 7,9 milliards d’euros (9 milliards de dollars) en 2025.

Le marché est traversé par une série de tendances transformatrices que les marques s’efforcent d’exploiter dans plusieurs catégories.

Parfums : Quatre tendances à suivre

Selon Jennifer Stansbury, cofondatrice et associée directrice du cabinet américain d’études de marché The Benchmarking Company, quatre tendances claires façonnent le marché du parfum aux États-Unis. Au premier rang, arrive la skinification.

À l’occasion du salon du salon in-cosmetics 2025 qui s’est tenu le mois dernier à Amsterdam, Mme Stansbury a mis en avant l’intérêt du consommateur américain de parfums pour les « produits bénéfiques pour la peau ».

« Le consommateur est très exigeant en matière de parfums revendiquant un effet positif sur la peau », a-t-elle souligné. « Les marques et les fournisseurs d’ingrédients innovants proposent des produits qui non seulement sentent bon, mais qui ont également des bienfaits pour la peau : hydratants, purifiants ou éclaircissants. »

Toujours selon Jennifer Stansbury, la deuxième tendance marquante dans le monde des parfums est la personnalisation. « C’est une tendance dont nous parlons dans le secteur de la beauté depuis une décennie, mais nous la voyons vraiment monter dans le domaine des parfums actuellement ».

Aujourd’hui, les consommateurs américains cherchent à créer des parfums très personnels en superposant et en mélangeant les produits. De nombreuses marques ont saisi cette opportunité en proposant des coffrets permettant de créer soi-même de nouveaux parfums, selon le moment ou l’humeur.

La troisième tendance du marché américain du parfum est le développement durable, plus important que jamais.

Depuis 2020, on observe une augmentation significative de la « beauté consciente », explique Jennifer Stansbury, et le développement durable prend de l’importance à tous les niveaux de la filière beauté. Les parfums connaissent ainsi « une augmentation des solutions à base d’eau et des emballages rechargeables ».

La quatrième tendance, véritable révolution pour le secteur des parfums, selon Mme Stansbury, est l’essor des réseaux sociaux. « Alors qu’autrefois, on se promenait dans les rayons d’un magasin pour sentir quelque chose, les réseaux sociaux font désormais découvrir aux consommateurs des parfums auxquels ils n’auraient pas pensé auparavant ».

Sol Janeiro en est un bon exemple, ajoute-t-elle, en adoptant un marketing push sur les plateformes sociales plutôt qu’un marketing pull pour développer « l’ensemble de son activité autour de parfums uniques ».

Le parfum au-delà du flacon

En ce qui concerne le marché américain des parfums, Jennifer Stansbury souligne l’importance de prendre en compte la multitude de produits entrant sur le marché, car on assiste à une véritable prolifération.

On constate, par exemple, une augmentation des lancements de brumes pour les cheveux et le corps, de la part de marques prestigieuses comme de marques grand public. Ce type de produit « ludique » et « plus abordable », très populaire dans les années 1980 et 1990, revient massivement sur le marché.

Du point de vue des marques, le lancement d’une brume pour les cheveux ou le corps permet d’établir une connexion à moindre coût avec les consommateurs, favorisant ainsi la découverte et l’engagement. Selon un étude menée par The Benchmarking Company en janvier 2025 auprès de 4000 consommateurs américains (3800 femmes et 200 hommes), 65% des participant disent acheter des brumes pour le corps par goût de la variété. Selon Denise Herich, cofondatrice et directrice associée de The Benchmarking Company, un nombre encore plus important de consommateurs (71%) se dit intéressés par ces produits, notamment en raison de ses bienfaits pour la peau.

Les déodorants all-over-body sont également en plein essor sur le marché américain, souligne Jennifer Stansbury. Ils sont portés par des innovations proposant des systèmes de superposition et de mélanges d’huiles essentielles. Denise Herich met en avant une étude indiquant que les consommateurs sont particulièrement intéressés par les aspects scientifiques et technologiques de ces produits, notamment par les technologies de modulation de la diffusion de parfum selon la température.

Pour Jennifer Stansbury, le parfum devient par ailleurs un élément de plus en plus central dans d’autres catégories de produits de beauté, comme les soins de la peau, les soins capillaires, les produits solaires, les soins du corps et les lignes bien-être. Les soins capillaires, en particulier, ont connu de nombreuses innovations en matière de parfums ces dernières années, les marques s’efforçant de proposer de la longue tenue, par exemple dans les sprays coiffants. « Apprécier l’odeur d’un produit sur le corps est important, et en particulier pour les soins capillaires, [la consommatrice] souhaite une odeur qui dure toute la journée, car elle est présente dans son espace personnel ».

Selon The Benchmarking Company, les parfums les plus populaires aux États-Unis étaient les parfums floraux aux notes fruitées et gourmandes, ainsi que la vanille.

Le « pourquoi » des parfums

Pour Denise Herich, derrière tout cela se cachent des données intéressantes sur les raisons pour lesquelles les consommateurs américains s’intéressent aux parfums.

L’étude consommateurs réalisé par le cabinet d’études a montré que 88% des consommateurs américains cherchent d’abord à sentir bon, et que 73% cherchent à améliorer l’expérience sensorielle globale de leurs activités, tandis que 69% utilisent les parfums pour influencer leur humeur, en quête de bonheur, de relaxation ou de concentration.

Selon Denise Herich, l’humeur est un facteur que les marques pourraient prendre davantage en compte, l’étude de The Benchmarking Company indiquant que 99% des consommateurs estiment qu’un parfum peut influencer leur humeur et que 96% pensent qu’il renvoie à des liens affectifs, des sentiments et des souvenirs forts, améliorant ainsi leur bien-être émotionnel.

Les « motivations aspirationnelles » ne sont pas absentes de l’esprit des consommateurs américains de parfum : 74% souhaitent se sentir plus confiants, 59% plus séduisants et heureux et un peu plus de 50% veulent de sentir sexy, sophistiqués, séduisants et espiègles.

Tous ces éléments, conclut Denise Herich, sont essentiels pour les futurs développements de parfums, compte tenu de la demande des consommateurs en matière d’« innovation et d’exploration » dans cette catégorie.