Premium Beauty News - La crise dans le secteur santé / beauté est, semble-t-il, loin d’être terminée. Toute la filière des fournisseurs est touchée. Les commentaires à ce sujet incriminent directement la stratégie de déstockage de la distribution.

Thibault Ponroy - Je crains, une nouvelle fois, que l’on se trouve dans la situation du bouc émissaire. La cause originelle de la situation actuelle de la filière "fournisseurs" ce n’est pas le déstockage de la distribution mais la conséquence de la désaffection des consommateurs et la baisse de fréquentation des enseignes.

Au nom de quelle logique la distribution devrait servir de variable d’ajustement en conservant des niveaux de stocks hors de proportion avec ses besoins réels ? Porter des stocks a un coût important qui vient par ailleurs d’être alourdi en France par la mise en place de la loi portant modernisation de l’économie, loi dite LME.

Déstocker n’est pas un but en soi, le phénomène actuel est principalement un recalibrage, inévitable en période de crise, de l’ensemble des indicateurs financiers et économiques des entreprises de distribution.

Enfin, dans notre métier de la distribution sélective en parfumerie, le visage de la distribution a changé. Elle s’est concentrée, professionnalisée et est passée en 15 ans, d’une structure majoritairement PME (voire TPE) à une structure de grands groupes internationaux, avec des actionnaires souvent leaders dans leur métier, rompus aux meilleurs techniques de gestion et côtés en bourse.

Thibault Ponroy (au centre), le 11 février 2009 à Paris, lors du déjeuner débat organisé par le Beautyfull Club

Premium Beauty News - La question que tout le monde se pose dans l’industrie cette situation prendra fin ?

Thibault Ponroy - Je ne suis pas Madame Soleil et j’aimerais pouvoir vous répondre.

Certains économistes parlent de début reprise durant le quatrième trimestre aux Etats-Unis et six mois après en Europe. Nous verrons bien. Cela dit, parmi les secteurs du luxe, il semblerait que l’exception cosmétique se confirme et que notre secteur souffre plutôt moins que d’autres produits.

Premium Beauty News - Beaucoup d’industriels du packaging sont à des niveaux de production à la baisse jamais atteints. Qu’en pensez-vous ?

Thibault Ponroy - J’imagine effectivement que beaucoup d’industriels sont dans une situation extrêmement grave du fait des fortes baisses des niveaux de production avec toutes les conséquences humaines, sociales, financières, économiques que l’on connaît. Cependant n’aurait-on pu amortir ces conséquences avec plus d’anticipation ?

Je suis notamment frappé de l’absence, de l’inexistence, de dialogue entre les industriels du packaging et la distribution, pourtant seule en lien direct avec les consommateurs. Sortons des schémas classiques et sachons utiliser cette crise comme une opportunité afin de mieux comprendre les enjeux globaux et prospectifs du marché de la Beauté. La distribution est un thermomètre constant et quotidien du comportement des consommateurs, de leurs doutes, de leurs inquiétudes mais aussi de leurs attentes. Cette sensibilité doit être mieux partagée par tous les acteurs de la filière Beauté.

Premium Beauty News - Lors du déjeuner débat organisé par le Beautyfull Club le 11 février dernier à Paris, vous avez appelé à un rassemblement de toutes les forces vives du secteur pour collaborer. Comment ces différents professionnels peuvent-ils arriver à échanger ?

Thibault Ponroy - Échanger de l’information sur la connaissance et le comportement du consommateur est fondamental, cela donnera à l’ensemble des acteurs du secteur de la beauté plus de visibilité et une vraie capacité à anticiper.

Pour cela, il faut organiser et structurer le dialogue, créer des liens verticaux et des passerelles, décloisonner les différents intervenants de nos métiers.

Cet échange ne règlera bien évidemment pas tout mais il ne peut que contribuer à faire progresser la filière beauté. Organiser un tel dialogue, c’est peut être aussi la mission d’organisations comme le Beautyfull Club.