Premium Beauty News - De quel postulat, Carrefour, enseigne généraliste, est-elle partie pour lancer Sources ?

Gwenaëlle Ogor - Ce que l’on constate en alimentaire se confirme pour la beauté : le consommateur utilise de plus en plus les applications pour savoir ce qu’il achète. Aujourd’hui, la composition des produits est devenu le 2e critère d’achat après le prix, selon une étude Statista. La composition est passée devant l’efficacité même du produit. C’est un vrai sujet et nous voulions répondre à ce besoin de réassurance de nos clients.

Premium Beauty News - Donc transparence et/ou clean beauty ?

Valentine Fournier - Il s’agit vraiment d’une boutique dédiée à la beauté transparente. Transparente, car nous expliquons tout sur la composition des produits à nos consommateurs, nous ne cachons rien. Grâce à l’outil Beautylitic, nous sommes capables de connaître l’intégralité de notre assortiment, d’indiquer ceux qui contiennent du phénoxyéthanol par exemple. Bien sûr nous militons pour la clean beauty et espérons qu’à terme l’assortiment sera plus important mais aujourd’hui, nous avons décidé de ne bannir que 76 ingrédients controversés. Nous avons fait ce choix car nous estimons que sur certaines catégories le marché n’est pas encore assez avancé pour que l’on puisse proposer des produits efficaces et cleans à nos consommateurs. Typiquement le maquillage et le solaire. En revanche, 17% des produits sont étiquetés du label « Les yeux fermés » garantissant aucun ingrédient controversé ni allergène selon l’application Clean Beauty. Nous sommes donc capables aussi de proposer un produit 100% clean si le consommateur le souhaite.

Premium Beauty News - Qu’apporte l’outil Beautylitic ?

Candice Colin - C’est un logiciel qui a été conçu pour analyser en dynamique des milliers de références, des rayons entiers pour piloter plus efficacement les référencements. Nos algorithmes en prenant en compte un nombre important de critères croisés vont décrypter les produits en tenant compte en autre, de la nature des ingrédients, de leur utilisation par catégorie et fonction de produit, des aspects réglementaires qui les concernent, des études scientifiques qui caractérisent potentiellement une controverse solide dans le cadre même de la typologie du produit concerné… Tout ceci ne prend son sens qu’en raison de l’utilisation d’un certain nombre d’ingrédients controversés dans la plupart des produits du quotidien et pas seulement les cosmétiques, entrainant des effets cocktail et cumulatifs que nous ne maitrisons pas. Notre travail, conduit par notre équipe de scientifiques, est entièrement documenté.

Nous restituons au distributeur des données essentielles qui lui permettent de comprendre ce qu’il vend, ce qui devient essentiel aujourd’hui. D’une manière générale, il y a une énorme crise de confiance et les distributeurs sont à mon sens de plus en plus perçus comme étant responsables des produits qu’ils proposent.

Premium Beauty News - En tant que créatrice également de l’application de décryptage de cosmétiques Clean Beauty, êtes vous « à l’aise » avec le fait que tous les produits ne soient justement pas clean ?

Candice Colin - Aujourd’hui même si bien sûr les consommateurs recherchent des produits aux compositions de plus en plus irréprochables, je crois qu’avant tout ils sont en quête de transparence pour pouvoir faire des choix éclairés et en conscience. C’est impossible de vivre en 100% clean, mais ce qui est possible c’est de pouvoir faire des choix. C’est la grande force du concept de Sources. Il y a une offre ultra sûre et une offre plus conventionnelle, mais tout est indiqué et expliqué par les conseillères. C’est vraiment le message que je porte.

Bien sûr nous cherchons à contribuer à une chimie plus vertueuse mais ce qui est vraiment important c’est cette notion de ne pas prendre la cliente pour une idiote. La crise de confiance dans laquelle se trouve l’industrie, vient d’un énorme décalage entre la réalité du produit et ce que les publicitaires en ont fait.

Premium Beauty News - Revenons à Sources, comment se positionne l’offre au-delà des caractères évoqués ?

Valentine Fournier - Nous ne faisons pas venir le client sur le prix mais sur la composition. En revanche, cela reste une enseigne complètement accessible. 60% de notre assortiment est également disponible dans les rayons des supermarchés Carrefour ou dans nos parapharmacies. Nous avons par ailleurs construit l’offre de manière à ce qu’elle réponde aux besoins de chaque client sur chacune des catégories. Enfin, nous nous engageons sur la découverte. Nous souhaitons vraiment être un laboratoire de nouvelles marques avec un renouvellement constant. Nous proposons aussi une grande part de services mixtes, barbier, mise en beauté, bar à coiffure, à maquillage, à manucure, institut pour hommes et femmes.

Premium Beauty News - Allez-vous étendre le concept ?

Valentine Fournier - Il s’agit d’un magasin pilote, nous nous laissons quelques mois pour voir comment fonctionne la boutique et peut-être développer le concept. Nous ne nous interdisons pas non plus l’idée d’une version online à terme.