Selon le dernier rapport Ingredient-Led Beauty publié par in-cosmetics Global, la frontière entre cosmétique et dermatologie s’est progressivement estompée au cours des dernières décennies. Alors que la dermo-cosmétique est devenue une catégorie en soi, les marques de beauté qui communiquent sur la science de la peau — comme CeraVe, La Roche-Posay, Avène, SkinCeuticals et Cetaphil — séduisent de plus en plus les consommateurs.

Un segment en pleine croissance

Les dermo-cosmétiques se sont imposés comme un élément majeur du marché des soins de la peau. Ils sont perçus comme centrés sur la performance, l’efficacité des ingrédients, et le traitement ciblé des problèmes de peau, plutôt que sur l’attrait sensoriel et le marketing.

Le marché de la dermocosmétique est en pleine croissance. Selon Fortune Business Insights, il était évalué à 35,77 milliards de dollars US en 2022 et devrait atteindre 77,51 milliards de dollars d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 9,9% sur la période de prévision. [1]

De nombreux experts estiment que les consommateurs de produits de beauté sont de plus en plus sensibles à la santé de la peau et que cela a joué un rôle essentiel dans le développement et l’évolution du marché.

Selon Sara Raccovelli et Caterina Deganutti, chercheurs chez Transactiva, la croissance est stimulée par « une demande de solutions efficaces aux problèmes courants tels que les rougeurs et la sécheresse cutanée ».

Une définition floue

Selon le rapport, l’un des principaux défis du secteur est l’absence de définition juridique normalisée du terme « dermocosmétique ». Cette zone grise réglementaire est source de confusion aussi bien pour les consommateurs, les marques et les fournisseurs.

« Nous devons veiller à ce que la ‘dermocosmétique’ ne devienne pas un autre exemple de marketing se faisant passer pour un mouvement », souligne Brian Freedman, Senior Director Strategic Marketing, Regional Director North America, Natural Ingredients chez Evolved By Nature.

Si certains prônent une distinction plus claire entre les soins traditionnels et la dermocosmétique, d’autres estiment que l’ensemble du secteur des soins de la peau devrait viser les exigences élevées que la dermocosmétique revendique. Dans tous les cas, la transparence et la confiance restent essentielles, souligne le rapport.

Vieillissement de la population

La démographie des consommateurs de produits de beauté est un élément important à prendre en compte, car elle dresse un tableau éclairant sur le secteur.

Leslly Brito, responsable freelance des grands comptes et développement commercial pour des fournisseurs ou consultants en cosmétiques, souligne l’impact du vieillissement accéléré de la population de la planète. Les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indiquent ainsi que d’ici 2030, une personne sur six dans le monde (1,4 milliard) aura 60 ans ou plus, contre 1 milliard en 2020.

« Une population vieillissante, plus susceptible de s’intéresser à la santé de sa peau, est un moteur important du marché, car les dermocosmétiques peuvent probablement répondre efficacement aux changements liés à l’âge notamment via le microbiome cutané », confirme Kristin Neumann, cofondatrice et CEO de MyMicrobiome.

Des données récentes d’Euromonitor International corroborent cette hypothèse. Selon son enquête Consumer Beauty Survey de 2022, toutes générations confondues, c’est la génération X qui s’intéresse le plus aux ingrédients utilisés dans les soins de la peau, suivie par les baby-boomers.

Malgré cela, la génération Z s’impose également comme un segment démographique clé pour les produits dermocosmétiques. Contrairement aux générations précédentes, elle a grandi avec un accès massif à des informations en ligne, ce qui a suscité chez elle un vif intérêt pour la prévention et une attention particulière portée à la santé cutanée à long terme.

À la différence des générations précédentes, les Z sont très influencés par les réseaux sociaux. Ainsi, selon les données de Survey Monkey [2], plus de la moitié des membres de la génération Z (58%) ont effectué un achat après la recommandation d’un influenceur sur les réseaux sociaux, le chiffre le plus élevé de toutes les générations interrogées.

IA, science et microbiome

À mesure que le segment des dermo-cosmétiques se développe, trois tendances clés façonnent sa trajectoire.

Celle qui attire le plus l’attention aujourd’hui est certainement le développement de l’intelligence artificielle (IA) et son application au diagnostics cutanés pour mettre en place des routines personnalisées.

Au-delà de formulations sur mesure, Faiza Hussain, cofondatrice et responsable de l’innovation produit chez NEX Skincare, indique que « les diagnostics cutanés en temps réel basés sur l’IA, avec des capacités d’analyse au niveau cellulaire » seront essentiels pour « améliorer la biodisponibilité et l’efficacité des ingrédients ».

Selon le rapport, les deux autres tendances sont l’accent mis sur des ingrédients de haute performance sourcés durablement, ainsi que la reconnaissance du rôle du microbiome cutané dans le maintien d’une peau saine.

Ainsi les dermocosmétiques ne sont pas seulement une tendance : ils sont une véritable transformation dans la façon dont les consommateurs envisagent la santé de leur peau et en prennent soin.

Le rapport complet peut être téléchargé ici.