Une plongée dans le passé met un jour sur la route de Gaël Bascoul, collectionneur de vieilles formules manuscrites de Jean-François Arsène Cottan, pharmacien cosmétologue aux côtés de messieurs Guerlain et Molinard, au milieu du 19e siècle. Déjà à l’origine de la marque Monsieur Barbier, l’entrepreneur d’aujourd’hui y voit immédiatement l’évidence d’un patrimoine intellectuel précieux et très contemporain, à réveiller.

Avec l’aide de Jean Claude Le Joliff, président de la Cosmétothèque, Conservatoire des Sciences et Techniques de la Cosmétique, il travaille à la réinterprétation des formules autour des bases pensées par l’illustre pharmacien.

« C’est la restitution d’un patrimoine qui correspond aux tendances d’aujourd’hui. On parle de la clean comme un phénomène nouveau alors que c’était les bases de la cosmétique du 19e. La promesse de M. Cottan était aussi d’avoir des produits compatibles avec les peaux délicates, qui n’assèchent pas et qui hydratent. Dès les premières trouvailles, puis à la découverte de chaque produit, impossible de ne pas tomber sous le charme et la modernité de ses travaux, et de reconnaître avec humilité qu’il s’agissait bien d’un bout de notre histoire, injustement tombé dans l’oubli », assure Gaël Bascoul.

Patrimoine et innovation

Le développement de la gamme reprend un des principes forts de la routine Cottan, à savoir, nettoyer, exfolier, hydrater, le socle d’hygiène comme base du soin.

« Un des aspects qui a retenu notre attention vient du fait que la simplicité de l’approche fait immanquablement penser à d’autres approches qui, bien plus tard, reprendront ces idées, reposant sur trois gestes fondamentaux : nettoyer, tonifier, hydrater », ajoute Jean Claude Le Joliff.

Le laboratoire de formulation suit donc sur ce principe directeur, peu de produits — trois en tout à ce jour — des formules simples s’appuyant sur les concepts de l’époque et des ingrédients sûrs, sélectionnés avec soin. La gamme se compose d’un savon végétal pour nettoyer, pour exfolier d’un vinaigre micellaire aux acides de fruits, et d’une crème visage évanescente pour hydrater.

« Les vinaigres ont été utilisés largement en cosmétique pour assurer l’hygiène et l’équilibre de la peau. Ce sont d’excellents post biotiques. Enfin, le recours aux acides permet de prendre en charge le processus de régénération tissulaire, appelé renouvellement épidermique », note le formulateur.

La crème vanishing, ou évanescente, propose en opposition à la cold cream la douceur d’une texture légère et non grasse. « Ce squelette ressuscité de formulation nous amène à des galéniques que l’on avait oubliées », note Ganaël Bascoul.

La marque réinterprète et modernise donc les formules d’origine. Elle reprend aussi dans cette mosaïque du passé, une identité aux codes visuels art déco et aux emballages aux matières d’époque. La bouteille du vinaigre beauté est en verre, un projet de recharge est à l’étude, et la crème visage en tube aluminium, type « pommade », avec bouchon octogonal en plastique recyclé.

Une marque bien dans le présent

Depuis leur lancement en 2021, les produits Cottan Paris 1840 séduisent en France, sur le site e-commerce de la marque et au Printemps de la beauté, et à l’export où la marque démarre en Corée, Hong Kong, Taiwan.

Le fondateur y voit l’intérêt exprimé pour le patrimoine français et l’innovation. L’idée aussi « d’une cosmétique de niche autour de principes différents » qui, comme en parfumerie, fait la part belle aux marques patrimoniales.

Proposés, en Europe, aux prix de 20 à 40 euros environ, les produits s’inscrivent dans une moyenne accessible pour un design haut de gamme.

Pour poursuivre cette belle restitution, Ganaël Bascoul entend bien mettre à jour la suite de son précieux catalogue. Les prochains développements concernent une poudre démaquillante à base de racine de pivoine à réhydrater. « Les produits en poudre étaient très courants à l’époque », note le fondateur. Également, une huile bonne mine végétale, un mélange d’eaux florales… Un « nouvel art formulatoire », inspiré du passé, est en route.