Malgré Cosmos, l’Europe reste fragmentée

C’est en Europe que la proportion de cosmétiques certifiés conformes à un référentiel naturel ou biologique est la plus élevée, mais c’est aussi là que la situation est la plus fragmentée en termes de labels et de logos. La plupart des référentiels ne sont connus qu’au niveau national, et ne sortent de leurs frontières que de manière limitée. Le référentiel de la Soil Association est presque exclusivement adoptée par des entreprises du Royaume-Uni, celui de l’ICEA presque uniquement par des entreprises italiennes, celle de Cosmebio principalement par des entreprises françaises, et celui du BDIH très majoritairement pas des sociétés Allemandes.

Afin de simplifier et d’harmoniser ces programmes, les six premiers organismes certificateurs européens ont créé le référentiel Cosmos et les premiers produits certifiés sont attendus cette année. Toutefois, Organic Monitor estime que, en l’absence de logo commun, la nouvelle norme Cosmos « ne parviendra pas à remplacer ni unifier la pléthore de symboles et logos existants. »

Néanmoins, un atout important de Cosmos est la présence internationale de l’un de ses membres : Ecocert. Créé en France, ce référentiel a été adopté par des entreprises en Grèce, au Danemark, en Lettonie, au Brésil, en Inde, au Japon, en Corée du Sud, en Malaisie et en Australie. Le logo Ecocert est ainsi reconnu comme « le logo du bio » dans certains de ces pays. «  C’est le grand nombre des affiliés et des produits certifiés par Ecocert et ses homologues, qui donne à Cosmos le potentiel pour devenir de facto le référentiel mondial », ajoute le cabinet d’études de marché.

Natrue, l’autre référentiel européen doté d’ambitions internationales, couvre actuellement près de 1.400 produits, mais ses effectifs et sa popularité sont limités aux pays de langue allemande, où sont basés la plupart de ses 55 affiliés. Toutefois, contrairement à Ecocert et ses associés au sein de Cosmos, Natrue a fait une percée en Amérique du Nord.

La concurrence augmente en Amérique du Nord

« Un intérêt croissant pour les normes et une multitude de re-formulation s’est produit en Amérique du Nord depuis que Whole Foods a annoncé l’année dernière sa nouvelle politique en matière de produits cosmétiques, » explique Organic Monitor.

Jusqu’à présent, c’est le référentiel NPA pour les cosmétiques naturels qui a rencontré le plus gros succès. En ce qui concerne le bio, la norme ANSI NSF 305 « à base d’ingrédients biologiques » se développe, mais le référentiel NOP de l’USDA reste populaire même s’il a été conçu pour les produits alimentaires.

Ainsi, trois normes et logos distincts se progressent en Amérique du Nord, et un quatrième est attendu depuis que Natrue et NSF ANSI ont annoncé, le mois dernier, le lancement d’un nouveau référentiel pour les cosmétiques naturels. «  Avec cette nouvelle initiative, Natrue se trouve impliqué dans deux grandes batailles de référentiels, en Europe et en Amérique du Nord. »

La prolifération atteint d’autres régions

Il n’a pas actuellement de programmes locaux de certification des cosmétiques naturels dans les marchés à forte croissance d’Asie et d’Amérique latine. Pour combler le vide, les opérateurs locaux utilisent les systèmes européens, mais soutiennent également le développement de certifications nationales ou régionales, comme en Australie avec les référentiels de cosmétiques biologiques OFC [1] et ACO [2].

Dans les pays en développement, les autorités gouvernementales peuvent jouer un rôle important dans la promotion ou la création de référentiels pour cosmétiques naturels et biologiques, selon Organic Monitor. Taiwan et le Brésil pourraient appuyer le développement de la certification par l’entremise de normes locales.

«  La prolifération des labels et logos, en particulier au niveau national, pourrait accentuer les divisions sur le marché déjà fragmenté des cosmétiques naturel, » indique Organic Monitor.