Un début anticipé

Depuis plus d’une décennie, le 11 novembre donne lieu à une frénésie d’achats en ligne en Chine, où la date (11.11) est considérée comme propice à la consommation des célibataires. Et cette année ne devrait pas faire exception.

Le géant du commerce électronique Alibaba, à l’origine en 2009 de cet événement désormais imité par l’ensemble de ses concurrents comme JD.com et Pinduoduo, a changé la règle du jeu cette année en démarrant les promotions dès le 1er novembre, alors qu’il fallait habituellement attendre le 12e coup de minuit le 11 novembre pour commencer à engranger les rabais.

D’après le groupe fondé par le milliardaire Jack Ma, les différents plateformes d’Alibaba ont ainsi vu passer cette année un chiffre d’affaires de 372,3 milliards de yuans (47,7 miliards d’euros ou 56,5 milliards de dollars) depuis le 1er novembre, soit plus que le PIB de l’Islande, du Liban et de la Géorgie cumulés.

Effacer la crise

Les achats de cette année sont suivis de près dans le monde entier, la reprise de la consommation en Chine devenant un élément crucial pour le secteur des biens de consommation.

Pour le moment, Alibaba n’a pas fourni de comparaison avec les ventes écoulées l’an dernier, alors que nombre d’économistes espéraient lire dans ces chiffres une confirmation de la reprise de l’économie chinoise après le coup d’arrêt subi en début d’année pour cause d’épidémie de Covid-19.

L’an dernier, le géant du e-commerce avait fait état d’un chiffre d’affaires de 268,4 milliards de yuans (34,74 milliards d’euros) en 24 heures, sur l’ensemble de ses plateforme, en hausse de 26% par rapport à l’année précédente.

Pour 2020, l’économiste Melanie Sanders, du cabinet Bain & Company, s’attend à ce que la tendance se poursuive du fait du confinement qui a poussé encore plus de Chinois à commander des produits depuis chez eux. « Nous nous attendons à un nouvelle année très dynamique, à un nouveau record », a-t-elle dit à l’AFP. « Les ventes de détail en Chine reviennent désormais pratiquement à leur niveau de l’an dernier ».

Après avoir mis son économie presque entièrement à l’arrêt au 1er trimestre, la Chine, où le nouveau coronavirus a fait son apparition l’an dernier, a largement jugulé l’épidémie au printemps. L’activité a depuis redémarré et le pays devrait être la seule grande économie mondiale à dégager une croissance positive cette année, selon le FMI. La reprise était toutefois surtout tirée par le secteur industriel alors que la consommation restait à la traine.

Comportements monopolistiques

Alors qu’Alibaba, JD.com et Pinduoduo se livrent à une concurrence acharnée au moment de la Fête des célibataires, les régulateurs chinois ont jeté une ombre sur les réjouissances en annonçant un projet de règles antitrust qui pourraient affecter l’expansion sans fin des géants de l’Internet.

Les textes publiés mardi proposent différents moyens pour empêcher les « comportements monopolistiques » des entreprises du web chinois qui ont tendance à développer des écosystèmes captifs. Ainsi, la plate-forme Taobao d’Alibaba prend en charge les paiements via son propre Alipay, mais n’accepte pas la technologie WeChat Pay de son rival Tencent.

Les actions des sociétés chinoises du secteur ont chuté pour le deuxième jour consécutif mercredi. Alibaba a perdu plus de huit pour cent à Hong Kong - une semaine après que l’arrêt par les autorités du gigantesque projet d’introduction en bourse de sa branche financière Ant Group - et celles de son rival JD.com étaient en chute d’un montant équivalent.