Pour Jean-Luc Ansel, directeur général de la Cosmetic Valley et Franckie Bechereau, directrice export et communication, « les liens entre la Chine et la France, dans le domaine de la beauté ont démarré en 2008. La Cosmetic Valley a été invitée par la Chine sur le plus grand salon : China Beauty Expo. En 2010, la Cosmetic Valley décide d’être présente pour la première fois sur CBE. Depuis, elle renouvelle l’expérience chaque année, afin de promouvoir la Marque France ». De cette aventure, sont nés de nombreux partenariats et projets dont la fameuse BeautéVille, un clone chinois de la Cosmetic Valley.

Un marché incontournable

En 2017, le marché français des cosmétiques à l’export a signé un nouveau record à 13,6 milliards d’euros (+12% sur un an). Les exportations françaises de produits cosmétiques vers l’Asie se sont envolées de 25% sur un an, avec un taux de croissance supérieur à 30% en Chine notamment. Un produit cosmétique français sur 5 part désormais vers l’Asie, selon la FEBEA. Les soins et les parfums représentent toujours les 3/4 des exportations françaises de la filière (44,3% pour les soins et 31% pour les parfums).

Le marché chinois évolue et monte en gamme, comme le confirment les chiffres publiés par L’Oréal, où les divisions Luxe et Cosmétique Active affichent des ventes solides. Mais la Chine est aussi un marché volatil. Le consommateur chinois est de plus en plus averti et les marques qui veulent réussir en Chine doivent créer du lien avec leurs interlocuteurs ; travailler sur le long terme reste difficile. D’autant plus que les marques locales cherchent à s’affirmer.

Les façonniers français ont un vrai rôle à jouer dans le développement de la création de valeur, notamment en s’appuyant sur les domaines d’excellence du pays tels que la lipochimie avec l’ITERG (Institut des Corps Gras) à Bordeaux ou encore la recherche de peptides bioactifs (avec le projet européen PENERE à Caen).

Marque France

« Notre objectif est de tisser des liens durables, avec des sociétés ciblées sur les différents sites en Chine dont Beauté Ville et Fengxian  », poursuit Jean-Luc Ansel. « La France est le pays de la recherche en cosmétique, notre budget R&D est de 350 millions d’euros, réparti en 300 projets innovants. Nous avons sur toute la France, des territoires d’expertises par régions regroupés au sein des Domaines d’Excellence Stratégique Territoriaux (DEST). La marque France est symbole de performance, de sécurité et de savoir-faire. La qualité des produits français est reconnue dans le monde entier ; nous délivrons des produits sains, validés et sûrs. Autre atout, la formation : nous avons une carte importante à jouer en Chine. La France est un pays où la formation est bien développée et de grande qualité. Notre savoir- faire en la matière est indéniable grâce à nos écoles d’ingénieurs, nos formations esthétiques… La chine est en demande, à nous de répondre ».

De fournisseur à spécialiste high tech

Cette année et pour la première fois, la Cosmetic Valley dispose de deux pavillons à China Beauty Expo : un de 420 m2 dans le hall E2 et l’autre de 104m2 dans le hall N4 qui regroupe l’ensemble de la supply chain pour la filière cosmétique COSMETECH (emballages, formulations, ingrédients, accessoires et services) soit un tiers de l’espace total du salon avec plus de 1000 exposants. COSMETECH représente la plus grande « fabrique de beauté » au monde avec 7 halls dédiés à la chaîne d’approvisionnement.

Selon Claudia Bonfiglioli - Directrice générale d’Informa Beauty, « COSMETECH offre aux marques la plus grande opportunité de rechercher de nouveaux fournisseurs spécialisés dans chaque catégorie. Depuis deux ans, COSMETECH a un projet d’offrir le meilleur de la science, appliquée aux ingrédients dans le domaine de la beauté, en coopération avec l’IFSCC pour amener une expertise R&D sur la plateforme ».

Ce hall N4 intègre dorénavant des sociétés spécialistes dans des domaines aussi variés que la connaissance de la physiologie cutanée servant aux tests d’efficacité que le savoir- faire en verrerie ou encore la R&D en formulation avec Roval Cosmétiques, full service et solutions sur mesure. Le groupe Pochet, entreprise familiale indépendante depuis plus de quatre siècles, leader français du packaging de luxe exposera ses dernières créations. Cette société a pour objectif de devenir un leader mondial du packaging de luxe multi-matériaux du secteur de la beauté. À son actif, le dernier flacon du parfum Gabrielle de Chanel ou le « stiletto » du vernis à ongles Louboutin.

Pour Franckie Bechereau, « La France possède un choix varié de sociétés sous-traitantes, chacune avec leur spécialité souvent unique, pour le marché chinois. Parmi elles, présente sous pavillon CV, VTA France représente le savoir-faire de la verrerie française, fabricant spécialiste du flacon de verre en tube étiré sur mesure, de bouchons type roll-on, capsule, compte- gouttes, pompe …et de décors (sur verre en métallisation, dépolissage, sérigraphie émail ou organique). Autre domaine, celui des tests avec Bioalternatives, société spécialisée dans l’évaluation des cosmétiques propose plus de 300 tests d’efficacité in vitro et ex vivo  ».

Enjeu de la filière cosmétique française

La « premiumisation » du marché oblige les marques chinoises à rechercher des savoir- faire pointus, aussi bien dans le domaine technique que créatif. « Notre expertise dans la création de marque à la française fascine les chinois, » explique Françoise Barthélémy de l’agence Carlin Paris, qui accompagne depuis plus de 25 ans les marques chinoises dans le domaine de la lingerie. « La marque l’Occitane est le modèle ultime pour les chinois. Même si les tendances en Chine diffèrent de celles de l’occident, la recherche de naturalité, d’écologie et le poids des labels et références restent un socle sur lesquelles les marques peuvent se construire. La cosmétique est un marché relativement jeune en Chine. Les habitudes de soins sont encore sommaires, à l’exception des soins corps où les rituels sont plus développés avec l’usage des huiles. Quant aux soins pour la peau, les Chinois cherchent surtout à agir sur la couleur de leur teint en le rendant moins jaune ».

L’autre point important est réglementaire. La CFDA (China Food and Drug Administration) a revu son règlement cosmétique, adopté depuis 2016. La Chine a la volonté de s’adapter aux réglementations européennes, même si des spécificités subsistent comme l’approbation obligatoire pour un nouvel ingrédient ou encore l’enregistrement long et complexe permettant l’exportation des cosmétiques en Chine. Ceci étant, les sociétés françaises qui dépendent de la législation européenne sont d’ores et déjà rodées à l’exercice.

China Beauty Expo
22 au 24 mai 2018
Infos et inscriptions : www.chinabeautyexpo.com/en