Comme chaque année à la même période, l’American Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery (AAFPRS) lève le voile sur les nouvelles tendances en matière de médecine et de chirurgie esthétique. Forte de plus de 2.200 membres - chirurgiens plasticiens et reconstructeurs du visage - l’académie a fait le tour des cabinets pour découvrir ce qui pouvait pousser le public à recourir à telle ou telle procédure [1]. Après s’être tournés vers les injections pour ne plus voir leurs rides en visioconférences, hommes et femmes entendent désormais retoucher leur visage pour faire de beaux selfies.

Hausse du nombre de patients de moins de 30 ans

Comme en 2021, les traitements cosmétiques et les actes de chirurgie plastique faciale ont affiché une hausse en 2022, toutes catégories d’âge confondues. D’après l’enquête, 58% des membres de l’AAFPRS ont signalé une hausse des réservations et des traitements au cours de l’année écoulée, et plus des trois quarts d’entre eux font état d’une hausse de plus de 10% de la demande pour ce type de procédures.

Les spécialistes interrogés indiquent que la plupart de leurs patients sont des femmes pour seize des dix-huit procédures étudiées, à l’exception de la transplantation de cheveux et de l’otoplastie.

Autre constat, les patients se tournent aujourd’hui davantage vers des procédures non invasives, dans 82% des cas, et plus particulièrement vers les injections de neurotoxines, comme le Botox, les produits de comblement, et les produits topiques, comme les peelings chimiques. On l’aura compris, prévenir ou lutter contre les signes de l’âge constitue l’une des priorités. Si l’on s’intéresse aux interventions chirurgicales, ce sont les liftings, les blépharoplasties et les rhinoplasties qui sont les plus prisés. La rhinoplastie demeure d’ailleurs l’intervention chirurgicale la plus demandée par les patients de moins de 34 ans.

Si l’on parle souvent de ’dysmorphie Snapchat’ pour justifier le boom de certains traitements chez les générations les plus jeunes, il ne s’agirait en réalité que d’un leurre. «  L’influence de la génération Z sur le marché de l’esthétique ne génère pas encore de bonds dans le nombre de procédures de chirurgie plastique du visage - et c’est probablement une bonne chose », indiquent les auteurs du rapport.

Reste que près des trois quarts des chirurgiens plasticiens sondés évoquent une hausse du nombre de patients âgés de moins de 30 ans pour des procédures de chirurgie esthétique et des produits injectables. Il s’agirait toutefois essentiellement d’actes de prévention du vieillissement destinés à éviter de recourir à des procédures plus lourdes dans le futur. C’est finalement entre 35 et 55 ans que « l’activité des procédures chirurgicales augmente de manière significative ».

Le selfie, nouvelle mesure de la beauté ?

« En 2022, nos membres ont continué à constater l’impact du ’Zoom Boom’, 79% des personnes interrogées désignant le ’Zoom Effect’ comme un facteur majeur contribuant au désir des patients de recourir à des traitements », explique le Dr Theda Kontis, présidente de l’AAFPRS. Mais l’augmentation des procédures serait aussi le fait d’un facteur inattendu. Le Dr Kontis évoque l’argent économisé pendant la pandémie, qui servirait désormais à s’offrir des procédures cosmétiques.

Outre le ’Zoom Boom’, l’avènement des selfies serait aussi à l’origine de l’augmentation de certains traitements et procédures. Plus des trois quarts des chirurgiens plasticiens du visage affirment que le souhait d’avoir une meilleure apparence sur les selfies est clairement une tendance à la hausse. Un constat qui a profité au lifting de la lèvre supérieure, pratiqué par au moins 73% des membres de l’AAFPRS, en hausse de 3% par rapport à l’année 2021. Mais aussi à la blépharoplastie, destinée à corriger les paupières tombantes, qui s’élève au deuxième rang des interventions les plus demandées en 2022, juste derrière la rhinoplastie.

Le revival des années 1990 et 2000, dans la mode comme dans la beauté, a également eu un impact sur le choix de certaines procédures esthétiques. L’engouement pour les traits affinés et sculptés, les pommettes saillantes, et les visages anguleux, ont boosté la demande pour la bichectomie, ou ’fat buccal removal’, qui consiste à retirer ou réduire la boule de Bichat, une masse graisseuse située au centre de la joue. Pas moins de 15% des chirurgiens sondés ont fait état d’une hausse de cette intervention qui est, il faut le préciser, définitive. Une tendance qui prend à contrepied de nombreux chirurgiens qui ont davantage l’habitude d’injecter de la graisse à cet endroit pour permettre aux femmes d’âge moyen de retrouver des joues plus pleines.

« La bichectomie n’est pas réversible. Même si vous adorez l’effet obtenu dans la vingtaine et la trentaine, en vieillissant, votre visage perd naturellement de la graisse, et donc du volume », rappelle le Dr Kontis.