Depuis quelques années, la chirurgie esthétique est en pleine expansion en Iran et pas seulement parmi les plus riches ou à Téhéran. Dans les grandes villes, on croise de plus en plus de femmes portant un pansement sur le nez, signe d’une opération chirurgicale récente totalement assumée. De plus en plus de femmes ont aussi recours à des opérations plus légères : injection de botox aux joues ou au front pour faire disparaître les rides, ou injection aux lèvres pour les rendre plus pulpeuses.

40.000 opérations par an

Des experts expliquent cet engouement notamment par le fait que l’Iranienne, obligée de porter le voile islamique, accorde ainsi encore plus d’importance à l’aspect de son visage, seule partie de son corps qu’elle peut montrer en public avec les mains.

Les séries télévisées sud-américaines et turques, très populaires en Iran via les chaînes satellitaires théoriquement interdites, où les actrices ont elles-mêmes souvent été opérées, ont aussi une forte influence. Et sur ces chaînes, regardées par plus de 50% de la population, des publicités pour toutes sortes d’opérations passent en boucle.

Le chirurgien iranien Javad Amirizad opère un nez dans sa clinique privée de Téhéran, le 21 octobre 2015. Le nombre d’opérations de chirurgie esthétique explose en Iran. © AFP Photo / Atta Kenare

L’Iran faisait partie en 2013 des dix premiers pays au monde pour la chirurgie esthétique, aux côtés des États-Unis et du Brésil. La république islamique occupe le 4e rang pour les opérations du nez. Quelque « 40.000 opérations esthétiques  » y sont officiellement pratiquées chaque année, affirme le Dr Javad Amirizad, secrétaire de l’Association des chirurgiens plastiques. Mais ce chiffre est, selon lui, bien en deçà de la réalité et ne prend pas en compte les opérations réalisées par des chirurgiens non spécialisés.

Mais ces interventions coûtent cher : 1.500 dollars au minimum pour se faire refaire le nez, alors que le salaire minimum est de 270 dollars par mois.

Les hommes aussi

L’Iran espère même attirer des patients étrangers. « On en a déjà d’Irak ou d’Azerbaïdjan, mais on a surtout des Iraniennes de l’étranger qui savent qu’une opération coûte bien moins cher en Iran qu’aux États-Unis ou dans les pays européens,  » souligne Javad Amirizad.

Et la chirurgie esthétique n’est plus l’apanage des femmes. « Il y a vingt ans, il y avait 5% d’hommes qui voulaient se refaire le nez, aujourd’hui ils sont 35%  », affirme-t-il. « Cela montre que notre société se modernise. »

Certaines Iraniennes commencent cependant à regretter d’être passées sur la table d’opération, car «  les filles ont aujourd’hui toutes le même type de nez, très fin et retroussé comme les poupées !  »