Parfums, cosmétiques et produits de maquillage devraient finalement pouvoir rester en vente dans les grandes surfaces pendant le second confinement. Dimanche, le Premier ministre Jean Castex avait annoncé interdire aux grandes surfaces alimentaires, à compter de mardi, « la vente des produits qui (...) sont d’ores et déjà interdits dans les commerces de proximité », suscitant l’incompréhension du secteur. Lundi matin, le Secrétaire d’État aux PME Alain Griset précisait que si les produits d’hygiène pourraient continuer à être vendus, « le maquillage non, les grandes surfaces les retireront ».

Les entreprises du commerce et de la beauté ont toutefois fait valoir auprès du Ministère de l’économie les difficultés - voire l’impossibilité pratique - de faire le tri au sein du rayon hygiène / parfumerie / cosmétique et l’absence de concurrence entre les différents circuits de distribution, les cosmétiques vendus en grandes surfaces étant très différents de ceux vendus en parfumerie sélective. On notera que de nombreux produits cosmétiques (essentiels ou non ?) sont aussi vendus en pharmacies.

Liste définitive attendue mardi

La liste des produits « non-essentiels » qui seront interdits à la vente n’a toujours pas été publiée. Un décret est attendu mardi matin, mais Jacques Creyssel, Délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution a confirmé sur BFM TV qu’un accord a été trouvé avec Bercy pour le maintien à la vente de la totalité des produits de ce rayon.

« On n’imagine pas que chaque rayon soit scruté produit par produit pour définir s’il est essentiel ou non. Appliquer une crème hydratante sur une peau irritée ou une coloration capillaire, c’est essentiel pour le bien-être et l’estime de soi. Et cela s’achète en quelques minutes pendant que l’on fait ses courses alimentaires, donc cela ne change rien au contexte sanitaire », expliquait Patrick O’Quin, président de le Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), dans un communiqué diffusé vendredi après-midi.

Pour la FEBEA, la fermeture des rayons beauté de la grande distribution est une fausse solution. « Prendre soin de soi est essentiel pour le bien-être et l’estime de soi, et décisif pour l’équilibre mental des Français. D’ailleurs, tous les produits d’hygiène-beauté sans exception sont considérés comme des produits de grande consommation au sens du code du commerce, c’est-à-dire des produits à forte récurrence de consommation », indique l’organisation professionnelle.

Réouverture rapide des magasins, salons de coiffure et instituts

Les représentants des fabricants de produits cosmétiques et des professions de soins de coiffure et d’esthétique [2], se sont par ailleurs unis pour demander la réouverture rapide des magasins, salons et instituts de proximité, « seule et unique solution », selon eux, « pour mettre fin à des distorsions de concurrence incompréhensibles et inacceptables ».

Dans un contexte tendu, les fabricants et distributeurs ont toutefois demandé l’interdiction des soins de coiffure et d’esthétique à domicile, une « distorsion de concurrence  » jugée là encore inacceptable alors même que « les salons de coiffure et d’esthétique, fermés, ont mis en place des protocoles et des normes sanitaires rigoureux qui ont fait toutes leurs preuves depuis le mois de mai ».

Cette interdiction a été confirmée lundi. « En dehors de la grande distribution, il y a d’autres activités qui ne peuvent pas s’exercer. Par exemple la coiffure à domicile, l’esthétique à domicile (...) Le domicile est encore plus dangereux que le salon où il y a des protocoles qui respectaient les conditions sanitaires (...) Un coiffeur à domicile entrerait dans un lieu qui n’est pas sécurisé », a expliqué Alain Griset.

Pour les organisations professionnelles de la beauté, la seule solution qui permette de concilier respect des contraintes sanitaires et concurrence équitable est « la réouverture la plus rapide possible » des salons de coiffure et d’esthétique ainsi que les parfumeries de proximité « dans le strict respect des normes sanitaires les plus exigeantes ».

Une période cruciale pour le chiffre d’affaires

La FEBEA rappelle que le secteur de la beauté réalise a minima un tiers de son chiffre d’affaires avant Noël. Pour Patrick O’Quin, une chose est claire : « Si les parfumeries ne peuvent vendre leurs coffrets de Noël et leurs parfums, qui sont parmi les cadeaux préférés des Français, ce sont les grandes plateformes de e-commerce qui y gagneront ».

Pour les entreprise de la beauté, la situation est d’autant plus injuste que les coiffeurs, les esthéticiennes ou les personnels de vente en parfumerie ont été « exemplaires dans la mise en place rapide et impeccable de gestes barrières rigoureux », avec notamment la mise en place en quelques semaines d’une norme AFNOR validée par les pouvoirs publics, la suppression des testeurs de produits cosmétiques, etc.

« Tout cela confirme que ces professionnels ou ces établissements ne sauraient être considérés comme vecteurs ou propagateurs de la maladie. Les professions signataires sont toutefois prêts à aller encore plus loin dans la mise en place de règles sanitaires encore plus rigoureuses si nécessaire », concluent
les organisations du secteur.