Si Arcade Beauty ne communique pas sur ses chiffres, Carl Allain dresse un bilan très positif de l’activité du groupe, tirée par le dynamisme du marché du parfum. « Nous observons un retour à la normale après la période de forte croissance de l’après-pandémie. L’année 2024 et le début 2025 ont été excellents pour le segment parfum, à la fois sur les échantillons et les produits de vente ».
Le dirigeant souligne toutefois l’incertitude du climat économique. « Il y a incontestablement un phénomène d’attente qui impacte sur les prises de décision. Dans ce contexte, notre implantation des deux côtés de l’Atlantique est un atout ».
Alors que l’activité du groupe était assez équilibrée entre cosmétiques et parfums, cette dernière catégorie prend aujourd’hui le dessus : « Nous anticipons une répartition 55/45 en faveur du parfum cette année, contre 50/50 l’an passé ».
La croissance du parfum est alimentée par une demande soutenue de l’ensemble des donneurs d’ordres, qu’il s’agisse de grandes marques ou de maisons de niche. « À l’inverse, la cosmétique subit un léger ralentissement, notamment en raison des tensions sur le marché chinois ».
Nouvelles capacités
Dans le même temps, Arcade Beauty adapte son modèle à la transformation de l’échantillon. « On observe une montée en gamme avec des contenants plus grands, parfois refermables. On s’éloigne de plus en plus de l’échantillon plat traditionnel. Cela pousse à l’innovation », observe Carl Allain.
Aujourd’hui la demande d’échantillons plats tend à diminuer au profit de produits 3D, plus sophistiqués qui se rapprochent de plus en plus du mini produit. « Les volumes diminuent un peu mais la valeur des produits augmente », souligne-t-il.
Le segment des miniatures parfum est aussi en forte croissance. « Nous en produirons 20 millions d’unités cette année, et nous prévoyons de doubler nos capacités d’ici 2 ans ».
Pour cela, le groupe investit dans de nouvelles lignes de remplissage, sur son site de Val-de-Reuil, en Normandie, notamment pour les mini-produits. Certains équipements industriels seront aussi réalloués, avec des lignes de conditionnement qui seront prochainement transférées vers le nouveau site de Ploërmel, en Bretagne, acquis en 2024 auprès du Groupe Rocher.
Avec cette usine 100% dédiée au parfum, Arcade Beauty entend accélérer son déploiement sur le segment des produits de vente. Les équipes du site maîtrisent l’ensemble des étapes de fabrication : formulation, mise en alcool, macération et conditionnement. Des investissements complémentaires sont prévus, notamment sur des lignes d’étiquetage et de mise en coffret.
Le groupe entend répondre à l’ensemble des besoins du marché : offrir des capacités complémentaires aux marques disposant de leurs propres usines, mettre à disposition un outil de production performant pour les groupes fabless, et accompagner les marques de niche grâce à un atelier manuel en cours de création, dédié aux petites séries.
Arcade Beauty, qui voit dans ce site « un outil industriel clé » de sa stratégie de croissance en Europe, entend aussi produire à Ploërmel d’autres produits parfumés comme les body ou hair mists.
Projets complexes
La croissance passera ainsi par une activité accrue dans le conditionnement de produits en formats vente. Arcade Beauty réalise dores et déjà 30% de son chiffre d’affaires sur ce segment, contre 20% en 2021. Une progression qui s’explique par un positionnement fort sur les projets à haute valeur ajoutée.
« Notre savoir-faire réside dans la gestion de projets complexes, notamment sur les emballages sophistiqués, les recharges ou les formats difficiles à remplir », explique Carl Allain. Le groupe entend en faire son cœur d’expertise. « Nous pouvons nous appuyer sur nos propres équipes d’engineering pour adapter nos outils et nos machines à différents types de projets ».
Présent sur trois continents (Amérique du Nord, Amérique du Sud et Europe) Arcade Beauty mise sur cette implantation stratégique pour apporter agilité et flexibilité à ses partenaires. « Nous sommes capables de produire des références identiques en Europe et aux États-Unis. Cette flexibilité rassure nos clients. C’est encore plus vrai aujourd’hui face aux incertitudes liées à la politique commerciale américaine ».
Au Brésil, un marché jugé « plutôt dynamique », Arcade Beauty opère uniquement dans la cosmétique, notamment dans les segments dermo-cosmétique et capillaire, en tant que sous-traitant.
Des échantillons toujours plus durables
Récompensé à Luxe Pack New York en mai pour son sachet-échantillon 80% Paper Packette, Arcade Beauty investit dans des avancées concrètes en matière de durabilité des échantillons. Récemment, le groupe a entièrement réinventé sa technologie d’échantillonnage parfum ScentSeal pour en réduire drastiquement l’empreinte environnementale.
« 94% de notre offre en Europe dispose d’une alternative recyclable, et 65% de nos produits intègrent des matériaux recyclés ou certifiés ». Aux États-Unis, les chiffres sont légèrement inférieurs (69% d’alternatives recyclables, 45% de matériaux recyclés ou certifiés) mais la demande progresse.
Pour ses échantillons thermoformés, le groupe mise sur les solutions mono-matière (PET ou PP). « Les marques sont très demandeuses. Les surcoûts restent acceptables et avec l’augmentation des volumes, nous pourrons même atteindre une parité de prix entre solutions classiques et solutions écoconçues ».
Enfin, Arcade Beauty mise sur son intégration industrielle comme levier de compétitivité. Le groupe fabrique en interne certains de ses composants stratégiques : complexes imprimés pour les doypacks (à Socoprint), cartons imprimés (via Carestia) ou encore verre étiré aux États-Unis. « Cette intégration verticale nous permet de proposer des solutions personnalisées, complexes et à haute valeur ajoutée », conclut Carl Allain.


























