Le groupe suisse de chimie Clariant a vu ses ventes rognées par la baisse des prix au premier trimestre 2024, mais son action grimpait mardi en Bourse alors que l’entreprise a amélioré sa marge bien au-delà des attentes et confirmé ses prévisions pour 2024.

Pour l’ensemble de l’exercice en cours, Clariant vise toujours une croissance faible du chiffre de ses ventes, hors effets de changes, dans un environnement où la pression inflationniste s’atténue, mais où le groupe n’entrevoit « pas de reprise économique significative », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Restockage limité

Clariant - qui fabrique notamment des ingrédients pour shampoings et cosmétiques, mais aussi des produits de dégivrage pour les avions - a réalisé au premier trimestre un chiffre d’affaires d’1 milliard de francs suisses (environ 1 milliard d’euros), en contraction de 16% par rapport au même trimestre de l’an dernier, ou un repli de 11% hors effets de changes, a précisé le groupe.

Ses prix ont été réduits de 5% sur un an, le recul des volumes se limitant à 1%.

Les volumes se sont « stabilisés » et « nous avons vu une activité de restockage limitée de la part des clients, bien que des incertitudes demeurent quant à la demande sous-jacente », a déclaré Conrad Keijzer, directeur général de Clariant, cité dans le communiqué.

L’an passé, le secteur de la chimie avait été affecté par un long mouvement de déstockage, tandis que de nombreuses entreprises clientes avaient d’abord gonflé leurs stocks face aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, au sortir des confinements, mais avaient ensuite puisé dans leurs réserves et hésité à passer de nouvelles commandes compte tenu des incertitudes sur l’économie.

Coûts des matières premières en baisse

Les ventes du groupe sont conformes aux prévisions des analystes interrogés par l’agence suisse AWP, qui les escomptaient en moyenne à 1 milliard de francs, mais sa marge brute d’exploitation a nettement dépassé les attentes. Elle a grimpé à 17,1% (contre 13,9% l’an dernier) grâce au recul des coûts des matières premières (en baisse de 12%) et de l’énergie (-22%), mais aussi à la fermeture d’une usine de bioéthanol en Roumanie, qui n’obtenait pas les rendements espérés, et à des marges élevées dans les activités destinées à l’aviation. Les analystes attendaient sa marge brute d’exploitation plutôt aux environs de 15,1%.

A 09H35 GMT, le titre s’adjugeait 2,61%, à 13,77 francs suisses, à contre-tendance du SPI, l’indice élargi de la Bourse suisse, en baisse de 0,15%. Ces résultats sont « clairement au-dessus des attentes », grâce aux économies de coûts, a réagi Konstantin Wiechert, analyste de Baader Helvea, dans un commentaire boursier.

Chris Counihan, analyste chez Jefferies, note d’ailleurs que le montant des économies visées pour 2025 a été relevé de 5 millions de francs et porté à 175 millions de francs sous l’effet de la restructuration des activités d’additifs.

Clariant compte pour sa croissance sur l’acquisition de Lucas Meyer Cosmetics, un fabricant canadien d’ingrédients de cosmétiques repris auprès de l’américain International Flavors & Fragrances (IFF) pour 810 millions de dollars. Finalisé début avril, cet achat doit lui permettre de répondre à la demande grandissante des consommateurs pour les ingrédients naturels.

Plusieurs groupes de chimie ont annoncé une baisse de leur chiffre d’affaires au premier trimestre sous l’effet d’une diminution des prix pour répercuter la baisse des coûts des matières premières. Celui du géant américain Dow a reculé de 9%, tandis que l’allemand BASF vu ses ventes diminuer de 12,2%. Mi-avril, l’allemand Evonik, dont les volumes avaient diminué pendant sept trimestres d’affilée, a lui aussi observé un mouvement de reconstitution des stocks, mais a précisé qu’il ne s’agissait pas encore d’une reprise de la demande à grande échelle.