Le rapport est très optimiste. Il va sans dire que nous souhaitons tous la fin de cette crise inhabituelle qui ne présente aucun avantage pour personne. Toutefois, certains éléments (malheureusement) plus pessimistes doivent également être soulignés afin de brosser un tableau clair de la situation :

C’est la demande croissante en gousses de vanille récoltées prématurément qui alimente la crise. Les principaux utilisateurs doivent en être conscients. En juillet 2018, des centaines de tonnes de gousses de vanille vertes ont été achetées par les principaux fabricants d’arômes et de parfums (très souvent à des prix dérisoires), pour fabriquer localement ce que l’on appelle des « gousses à maturation rapide ». Le processus consiste essentiellement à couper et à chauffer les gousses encore vertes dans des fours afin d’en augmenter la teneur en vanilline. Le produit résultant de ce processus convient à l’industrie car il est meilleur marché et plus rapide à obtenir car il évite les cinq ou six mois nécessaires dans le processus traditionnel. L’inconvénient est que ce marché en expansion rapide génère des revenus beaucoup plus faibles pour les agriculteurs, les gousses vertes étant bien moins chères que les gousses mûres. De leur côté, les agriculteurs font de leur mieux pour maintenir des prix élevés afin de compenser les pertes.

Par ailleurs, les prix extrêmement élevés enregistrés sur le marché des gousses vertes en juillet dernier ont servi de référence à tous les acteurs.

Enfin, et ce n’est pas le moins important, à long terme, les techniques traditionnelles de récolte des gousses risquent de disparaître, car les agriculteurs ne les utilisent plus, ce qui constituerait un problème sérieux du point de vue de l’éthique et de la durabilité.

Les ventes en vrac, qui commencent vers octobre (lorsque les agriculteurs vendent des fèves mûres aux exportateurs), ont été entravées par cette expansion du marché des gousses vertes, les agriculteurs hésitant à réduire leurs prix de manière significative.

Pour le moment, malgré le niveau historiquement haut des prix, les autres pays producteurs de vanille traditionnelle n’ont pas été en mesure de se positionner comme de sérieux concurrents de Madagascar (en termes de volume et de qualité). L’industrie dépend donc encore beaucoup de ce pays et de ses instabilités - et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Peut-être devrions-nous nous demander pourquoi les fabricants de parfums et d’arômes n’ont pas été en mesure de développer leurs programmes d’approvisionnement « durables » dans d’autres pays afin de diversifier les risques, en particulier compte tenu des prix exorbitants à Madagascar.

À ce stade, le nouveau de floraison est loin d’être satisfaisant, tant dans la région SAVA [1] que dans d’autres régions productrices, notamment Mananara (le prochain pôle vanille, selon les experts). Cela fait peser une menace importante sur la prochaine récolte.

Plus que jamais, les achats se font à des prix bas, avec des acheteurs de moins en moins disposés à prêter à leurs fournisseurs. Cette question est d’une importance vitale à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement.

Une des principales actions pour atténuer la pression subie par le marché serait de donner plus de visibilité aux négociateurs locaux, du moins en termes de volume contracté. En fait, il s’agit d’une question très importante en matière de durabilité, bien qu’apparemment non pertinente pour SVI (Sustainable Vanilla Initiative).

Nous ne devons pas oublier le contexte des élections présidentielles qui ont eu lieu les 7 novembre et 19 décembre 2018 - de même que les possibles problèmes climatiques à venir.

Entre janvier et mars, la région est généralement ravagée par les cyclones et les pluies torrentielles venant de l’est. D’un point de vue pessimiste, c’est mauvais car la situation peut s’aggraver. D’un point de vue optimiste, au mieux, ces événements n’auront aucune incidence sur le scénario actuel. Une chose est sûre : la situation ne va pas s’améliorer.

Ce que l’on sait pour le moment c’est que la qualité de la récolte 2018 est très bonne, ce qui n’a pas été vu depuis longtemps.

Ces facteurs ne peuvent pas être ignorés.