Jean-Paul Cournillou - © Strate Collège

« Le travail des designers doit participer à la démarche d’innovation, » explique Jean-Paul Cournillou, en rappelant que le design ne consiste pas seulement à « faire du beau  » mais surtout à « mettre l’usage et l’usager au cœur de la démarche de conception ».

L’humain plutôt que la matière

En somme, c’est la vie davantage que la matière qui est au cœur de la démarche créative du designer. « La question centrale est : que se passe-t-il entre l’humain et l’objet ? » poursuit Jean-Paul Cornillou.

Les élèves du Strate Collège apprennent donc à concevoir des scenarios d’usage intégrant toutes les étapes de l’interaction d’un produit avec un utilisateur : depuis le moment de la découverte de l’objet jusqu’à la fin de vie, en passant par l’achat, la sortie de l’emballage et l’entrée en contact avec le produit, et bien sûr l’utilisation.

Ce qui implique une certaine transversalité des enseignements. « Si les spécialités Packaging et Retail nécessitent d’acquérir des connaissances spécifiques, elles n’en sont pas moins complémentaires et demandent un socle commun de compétences.  »

L’enseignement du Strate Collège comprend donc deux années de tronc commun et trois années d’enseignements spécifiques selon l’orientation choisie par les étudiants. « Même si le designer doit être capable d’aborder différentes activités, » précise Jean-Paul Cournillou.

Transversalité

Car il ne suffit pas de créer des produits qui répondent parfaitement à des usages ou des modes de vie ; il faut aussi les faire adopter par un usager final qui est sollicité en permanence. Livré à lui même, confronté aux linéaires et à l’espace de vente, le consommateur doit être convaincu de la qualité des produits qui lui sont proposés, par la seule force du discours graphique, par la singularité de leur forme d’emballage, par leur approche responsable et par la qualité de leur mise en scène sur le lieu de vente.

Dans cette optique, le département Packaging Branding & Retail du Strate Collège forme les designers qui seront les concepteurs des interfaces de ventes de demain. Le tout en intégrant bien évidemment, les contraintes de coût, de faisabilité et d’industrialisation.

Éco-conception

Si la course à l’innovation et la concurrence exacerbée sur le lieu de vente ont fortement contribué à la prise de conscience de l’importance du design dans les entreprises et à une meilleure compréhension de son rôle, les enjeux environnementaux ont aussi joué un rôle clef dans la construction de scénarios d’usage.

Pour Isabelle Chasseriault le rôle du designer recoupe, sur ce sujet, plusieurs parties : la matière et sa mise en œuvre, d’une part, et la conception de l’objet d’autre part. Le choix des matériaux mis en œuvre (matières recyclées ou recyclables, par exemple) est une première étape, mais le rôle du designer ne peut se limiter à cela. Il doit aussi intégrer l’usage de l’objet avec une multitude d’options pour entrer dans une démarche écologique : faciliter la réduction des quantités de produit utilisées, faciliter la recyclabilité réelle de l’emballage, etc. « Dans une démarche d’éco-conception, le designer va optimiser les scénarios en intégrant à la fois le choix des matières, les coûts de transports, les modalités d’usage et la fin de vie, » explique-t-elle.

Bien sûr ni le designer, ni le fabricant, ne peuvent tout faire. «  La difficulté d’une démarche de conception écologique, c’est que le comportement du consommateur peut la réduire à néant. C’est pourquoi, les designers sont tentés d’introduire de la pédagogie, ou même du jeu, dans leurs scénarios d’usage. »

Isabelle Chasseriault a accompagné les 17 étudiants de 3e année du Strate Collège qui ont participé au workshop initié par le BeautyFULL Club sur le thème « Comment créer des marqueurs packaging évidents pour signifier le positionnement durable d’une marque cosmétique/du secteur beauté ». Dans ce cadre, l’objectif était non seulement de concevoir des produits inscrits dans une démarche de durabilité, mais aussi de faire en sorte que cela soit visible. « C’est évidemment une problématique très difficile, » explique Isabelle Chasseriault. « Dans le délai d’une semaine qui nous était imparti, il n’était pas question d’apporter des réponses, mais plutôt de présenter des pistes de travail. »

Les marqueurs ou les signes qui associent immédiatement le produit à une démarche de durabilité peuvent aussi bien concerner le packaging, le point de vente, l’identité visuelle ou l’interactivité. Leur importance est considérable car, de toute évidence, ils peuvent notablement impacter les ventes. Les designers n’ont pas fini d’être sollicités !


La cinquantaine de pistes créatives proposées par les étudiants du Strate Collège sera présentée dans le cadre d’une présentation-débat animée par William Hitchon, le jeudi 8 novembre 2012 de 13h.30 à 16h.00 au Strate Collège, 27 avenue de la Division Leclerc, à Sèvres. La restitution des pistes créatives sera illustrée par des crayonnés et, pour certaines, par des prototypes. Inscription auprès du BeautyFULL Club : contact@beautyfullclub.com (90 euros par personne, gratuit pour les membres).