L’ambiance au Palais des Congrès de Vichy était tournée vers l’échange et les discussions favorisant les brainstormings sur les thèmes clefs du congrès : le vieillissement, l’épithélium cutané, les désordres et maladies rares de la peau.

L’épigénétique et la mitochondrie au cœur du vieillissement

L’épigénétique était au centre de l’exposé du Docteur Eli Puterman de l’University of California of San Francisco. Ce chercheur a mis en relation l’impact du mode de vie (l’activité physique, la nourriture, la qualité du sommeil, les relations sociales, l’état de stress psychologique) avec l’activité de la télomérase et la longueur des télomères, deux marqueurs connus du vieillissement cellulaire. « Le stress psychologique a une influence sur le système de régulation du couple télomère / télomérase  » explique-t-il.

Une étude menée par l’équipe du Docteur Puterman durant une année sur 213 femmes avec des conditions de vie contrôlées a ainsi montré une diminution de la longueur des télomères et de l’activité de la télomérase en fonction de l’importance du stress perçu. Selon Eli Puterman, « pour les femmes qui ont une bonne condition physique et une bonne santé, l’effet du stress lié à des événements passés sur la longueur des télomères est négligeable, alors qu’il est significatif pour celles dont la santé est fragile.  »

De son côté, le Prof Andrew Dillin, de l’Howard Hughes Institute à San Diego, s’est intéressé à une autre approche du vieillissement, en se focalisant sur les études relatives à la mitochondrie, notamment au contrôle humoral de la forme et de la fonction mitochondriale, dans le but de promouvoir la longévité d’un modèle cellulaire simple le vers C Elegans. Son équipe a cherché à comprendre pourquoi, lors du vieillissement, l’organisme commence à perdre le contrôle du protéome et comment cela est transmis à l’ensemble de l’organisme.

Toujours sous cet angle, le Docteur Johan Auwerx, du Laboratory for Integrative and Systems Physiology à l’école Polytechnique Fédérale de Lausanne, a étudié comment une diminution des fonctions mitochondriales - telle que celle engendrée par la restriction calorique - pouvait avoir un impact positif sur le vieillissement.

Un épithélium à l’origine de nouvelles études et découvertes

Au delà du vieillissement une large place a été réservée aux dernières découvertes relatives l’épithélium cutané. Pour le professeur Jens Schroeder, du département de dermatologie de l’université de Kiel, la peau est assimilée à une barrière microbienne où chaque couche cutanée renferme des peptides antimicrobiens protecteurs des infections cutanées. La présence de certaines cytokines pro inflammatoires telles que IL-17A, IL-1 beta, IL-22, IL-36 joue un rôle dans la production de ces peptides. La couche lipidique a elle aussi toute son importance dans l’apparition de certaines maladies de peau dont l’eczéma.

Le professeur Joke Bouwstra de l’Université de Leiden, a démontré, quant à lui, que l’organisation lipidique du stratum corneum des peaux présentant de l’eczéma est différente de celle des peaux saines en termes d’organisation des structures lamellaires et de composition des céramides. « Nous avons observé 28 patients dont 14 présentant de l’eczéma. Nous avons pris en compte la composition et l’organisation lipidique de la peau, du NMF et analysé la fonction barrière par mesure de perte insensible en eau. Bien que des mutations dans le gène codant la fillaggrine semblent être impliquées dans l’eczéma, nous n’avons pas pu faire de corrélation entre la fillaggrine et les propriétés des lipides par contre la composition en céramides et l’organisation lipidique sont apparues comme étant des facteurs en corrélation avec la présence d’eczéma  » explique-t-il.

Le Dr Patricia Rousselle du CNRS de Lyon a présenté de récents résultats sur le rôle du microenvironnement dans la réparation cutanée montrant ainsi que le syndecan-1, une protéine transmembranaire capable de véhiculer de l’héparan sulfate et de la chondroitine sulfate, est impliquée dans des mécanismes d’importance au niveau de la réparation cutanée.

Des désordres cutanés et des maladies rares, sources de recherches approfondies

Enfin, plusieurs chercheurs ont partagé leurs travaux sur certaines maladies rares : la progéria ou syndrome de Hutchinson-Gilford par le Dr Annachiara de Sandre-Giovannoli, le syndrome de Kindler par le Dr Joey Lai-Cheong, le CMC (chronic mucocutaneous candidiasis) par le Dr Anne Puel.

Pour le psoriasis, l’approche de l’étude a été faite par la voie des microRNA qui sont de courts segments d’ADN jouant un rôle important dans la régulation des gènes. « Plus de 2000 miRNA ont été identifiés et chacun régule des centaines de gènes, récemment on a démontré que ces courts segments d’ADN sont impliqués dans l’homéostasie cutanée et les problèmes de peau  » expose Andor Pivarcsi, de l’unité de dermatologie et de vénérologie Department of medicine au Karolinska Institutet à Stockholm qui prend pour exemple le miR-203 régulant la différenciation des kératinocytes ou le miR-21 impliqué dans le psoriasis.

Un tremplin pour les jeunes chercheurs

« Nous avons créé SPIM dans un esprit de discussion ouverte mais aussi de tremplin pour les jeunes chercheurs  » explique Jean-Yves Berthon Pdg de Greentech. Trois sessions sont en effet réservées aux jeunes chercheurs, ainsi qu’un espace posters est présent et deux prix leur sont remis à la fin des deux journées.

« Nous avons reçu 15 dossiers de candidatures et nous en avons retenu 9. Les sélectionnés présentent en séance plénière leurs travaux et feront aussi l’objet d’une publication dans l’édition spéciale SPIM III de l’European Journal of Dermatology. » précise Jean-Yves Berthon.

Cette année, Mademoiselle Manale El Kharbili a reçu le prix SPIM junior Scientist 2012 pour ses travaux réalisés au sein du Centre de Génétique et Physiologie Moléculaire et Cellulaire de Lyon sur l’implication de la Tétraspanine 8 dans l’invasion précoce du mélanome cutané. Le SPIM best poster 2012 a été décerné à Mademoiselle Léa Moulin qui a identifiée un mécanisme de régulation épigénétique spécifique du vieillissement des fibroblastes en s’intéressant au gène Loxl1 réprimé dans les fibroblastes âgés.

Le prochain rendez-vous du Spim est donné pour 2014.