Centdegrés, qui aura trente ans l’année prochaine, est née de cette évidence : la rencontre de deux humains très différents - moi designer, et David Nitlich diplômé de sciences po - dans un milieu qui nous était totalement étranger, puisque, bien que Parisiens tous les deux, nous nous sommes rencontrés à Hong Kong ! Nous avons fondé l’agence sur notre goût de la rupture, et sur ces différences et cette complémentarité, qui sont restées nos valeurs fondamentales. Nous n’avions jamais travaillé en agence, ni lui ni moi ; nous avons inventé nos propres outils, sans nous rendre compte qu’ils étaient eux aussi en rupture avec « ce qui se faisait » et « ce qui ne se faisait pas ». Nous avons construit nos équipes en veillant à mélanger des « pas pareils » ; opté pour un management ni dogmatique ni autoritaire où la contradiction, la remise en question et le débat sont indispensables. Vitaux, même.

Un inconfort fertile

Dès le début, nous avons emmené nos créatifs chez nos clients, ce qui déstabilisait tout le monde : confronter quelqu’un qui sort d’une école de commerce à quelqu’un qui sort d’une école de design semblait incongru, voire déplacé. Effectivement, ils avaient souvent du mal à se comprendre, dans un premier temps, mais, une fois passé l’étonnement, et parfois l’inconfort, le résultat était toujours intéressant et fertile.

La technologie In’pressive, développée pour la parfumerie et le soin, a été appliquée au flacon de vernis à ongles.

C’est sur cette base que nous nous sommes développés : en travaillant avec nos clients autant que pour eux. En créant ces zones d’inconfort et de frottement d’où jaillissent les belles idées. En prenant le temps - c’est vrai, c’est beaucoup plus long que de dérouler une présentation où tout est déjà prévu - de co-créer, ensemble, pour générer des solutions innovantes, issues de la confrontation, et du mélange de personnalités et de cultures différentes.

Du temps, de l’énergie et de l’intelligence collective

Ce temps passé à faire et à défaire, à débattre, à se battre parfois avec des situations complexes, à s’opposer, à chercher ensemble une issue, est loin d’être perdu. On ne peut pas faire bouger les lignes sans y mettre du temps, de l’énergie et de l’intelligence collective. C’est ainsi que naissent les solutions innovantes, étonnantes, riches et passionnantes.

Et c’est exactement pour ça que nous nous appelons centdegrés : parce que nos plus beaux projets sont conçus loin des tiédeurs confortables et consensuelles, dans l’ébullition des rencontres, des échanges et des confrontations. Pas question de nous contenter d’être des techniciens. Avant de leur apporter des réponses, nous apportons surtout des questions à nos clients. Pour les déplacer, les déranger, les pousser un peu plus loin, un peu ailleurs, là où se trouve, finalement l’innovation.

In’pressive, aventure innovante

C’est tout à fait dans cet esprit que nous nous sommes lancés, en 2010 dans l’aventure in’pressive. Nous créons des flacons pour les parfums et les cosmétiques depuis plus de vingt ans. Et nous rêvions depuis longtemps, de pouvoir donner une forme intérieure au flacon ; une forme qui contiendrait l’âme du jus ou du produit, qui le sculpterait et le rendrait plus beau, plus désirable ; plus juste, aussi, dans un monde qui nécessite de créer de la singularité pour les produits et pour les marques. Nous avons donc signé un partenariat avec un grand verrier – le groupe Pochet – pour trouver une solution technique innovante qui rendrait possible la sculpture intérieure du flacon. Une fois trouvée cette solution totalement nouvelle, nous l’avons utilisée pour La Panthère, de Cartier.

Mais l’innovation technique n’est qu’une pièce du puzzle ! Nous travaillons en permanence à la pousser, la décliner, l’inventer à nouveau. Nous avons développé un projet de rupture pour le salon Cosmoprof de Hong Kong en novembre dernier. Nous avons réuni d’autres experts, d’autres talents autour de notre écosystème Pochet + centdegrés : Fiabila, l’un des leaders du vernis, et puis Beautystreams, agence de tendances de la beauté, nous ont rejoint pour créer un produit fini qui casse les codes. Nous avons non seulement développé un produit innovant, mais nous l’avons présenté sur l’un des plus importants salons de beauté de la planète, et nous l’avons offert à des centaines de femmes, professionnelles de la beauté venant de toute l’Asie, d’Australie, des États Unis, du moyen Orient, d’Europe, etc… et nous avons recueilli leurs avis, en leur offrant une manucure.

En mélangeant tous ces professionnels dans un même projet ; en offrant cette expérience, à partir de ces flacons, aux visiteuses du salon, dont l’avis nous est infiniment précieux, nous avons fait participer tous ces acteurs à la transformation directe et concrète du monde de la beauté, et de son marché. Cette aventure, nouvelle façon pour des créatifs de créer des produits, était, elle aussi, un test innovant. Et parfaitement réussi.