Premium Beauty News - Quel regard portez-vous sur l’évolution du marché de la parfumerie ?
Sylvaine Delacourte - Je pense que le client se sent un peu perdu aujourd’hui, entre la multiplication des flankers en sélectif et la prolifération des marques dans la parfumerie de niche. Si cette dernière apportait un renouveau créatif, elle charrie à son tour beaucoup de déjà-vu, ou parfois des produits importables. S’il est devenu difficile pour le public de s’y retrouver, il l’est tout autant pour une marque de se distinguer dans ce paysage saturé. De fait, il faut innover, se différencier en apportant quelque chose de plus. En offrant des cadeaux, en animant des ateliers ou des conférences, qui permettent en outre de sensibiliser le consommateur à travers une nouvelle expérience. Plus on l’éduque, plus le client sera à même de discerner la qualité. C’est d’ailleurs là, selon moi, que la la parfumerie confidentilelle a un rôle à jouer. Faire renaître l’émotion, avant le nom.
Premium Beauty News - Quelles sont les attentes des consommateurs aujourd’hui ?
Sylvaine Delacourte - À l’image de l’alimentaire, le public est de plus en plus curieux des ingrédients qui composent nos parfums. Un phénomène pas forcément nouveau en soi, mais qui s’est amplifié avec le courant vegan. L’avènement des applis type Yuka exacerbe cette tendance. Face à un public plus exigeant, la manière de formuler va évoluer ces prochaines années. Les produits cosmétiques doivent être clean, notamment quant au bien-être des animaux. Les parfums n’échappent pas à la règle. Si demain une marque telle que la mienne souhaite enrichir sa gamme d’un lait parfumé par exemple, il faudra qu’il soit clean. Une problématique à laquelle nous n’étions pas confrontés lorsque j’ai débuté il y a 22 ans. Cela témoigne en outre d’une curiosité pour les coulisses de la parfumerie, si longtemps nimbée de mystère. Dès les débuts de mon blog (espritdeparfum.com), il y a dix ans, j’ai privilégié une approche didactique autour des matières premières, une démarche que je nourris toujours à travers le site internet de ma marque. Communiquer, initier aux essences de la parfumerie, une manière de renouveler l’expérience client.
Premium Beauty News - Et du côté des distributeurs ?
Sylvaine Delacourte - Les distributeurs nous demandent d’être présents, pour offrir plus de proximité avec le public. Il faut être sur le terrain : nous sommes sollicités en permanence pour animer des ateliers ou des conférences, afin de renouveler l’expérience client. Autre enjeu majeur, l’écologie, auquel j’étais déjà très attentive lors de la création de ma marque en 2016. C’est un sujet aujourd’hui crucial pour les distributeurs, qui exigent par exemple des emballages recyclables. Enfin, j’ajouterais que de manière générale, nous devons désormais offrir un service, au-delà d’un simple produit.
Premium Beauty News - Que vous apporte votre expérience dans l’industrie ?
Sylvaine Delacourte - De la crédibilité, principalement auprès des distributeurs, mais aussi auprès du public, dans une moindre mesure. C’est rassurant de venir d’une des plus grandes maisons de parfums, à savoir, Guerlain. Cette expérience a aussi aiguisé mon regard, or être exigeante est un atout lorsqu’on lance sa propre gamme.
