Patrick Tardif

L’idée de distribuer des échantillons de parfums ou de cosmétiques, ou même des produits au format standard, par le biais de machines automatiques n’est pas nouvelle. Différents concepts ont déjà été testés, avec plus ou moins de succès. Mais Point Parfums Digital prétend aller bien au-delà, en créant un lien entre physique et digital, grâce un concept de kiosque protégé par un brevet mondial. Et la startup ne semble pas être la seule à le penser.

« Depuis l’introduction en bourse, sur le Marché Libre d’Euronext Paris au début du mois de juin, d’une toute petite partie de notre capital (2000 actions sur 2,52 millions), nous avons été sollicités par plusieurs distributeurs et marques,  » affirme Patrick Tardif, le fondateur et dirigeant de la société.

Un exemple type de phygital retail

« C’est un concept inédit à ce jour, il permet de sentir librement une fragrance, d’acheter un échantillon pour un prix allant de 1 à 4 euros puis, via le QR code sur le packaging, de se faire rembourser l’achat et/ou d’acheter en ligne le flacon choisi, » explique Patrick Tardif, qui voit dans cette innovation l’exemple type de l’intégration efficace des atouts du monde digital dans des lieux physiques. Le fameux phygital retail, qui agite aussi bien les marques que les distributeurs.

Patrick Tardif est bien connu dans le petit monde de la parfumerie française. En 1991, il crée Process Blue, qui avec 120 magasins devient rapidement le premier réseau de franchisés de la parfumerie sélective en France, avant son rachat par Nocibé en 2000. Un homme qui connaît bien l’univers de la distribution et qui est convaincu que le contrat de distribution sélective sous sa forme actuelle ne résistera pas à l’arrivée à échéance du règlement d’exemption en 2022. « Près de 1400 nouvelles fragrances sont lancées dans le monde chaque année, ce qui donne lieu à la distribution de plusieurs milliards d’échantillons qui manquent trop souvent leur cible, car les distributeurs en ont détourné l’usage. Les échantillons sont jetés au fonds du sac à partir d’un certain montant d’achat, sans ciblage ni questionnement du client sur son intérêt pour tel ou tel produit.  »

Multiplier les points de contact avec les clients

Le concept Point Parfums Digital a été testé sur plus de 45000 consommateurs avec des marques telles qu’Azzaro, Clarins, Thierry Mugler ou Paco Rabanne, mais aussi avec des marques très peu connues sur le marché français. Résultat : un taux de conversion allant de 12 à 40% selon la fragrance et l’emplacement. « Le consommateur veut sentir un parfum avant de l’acheter. Et la senteur est le premier moteur de l’achat de parfums. C’est la raison pour laquelle la vente en ligne ne décolle pas dans la parfumerie. Nous offrons aux marques une solution économique pour aller au contact des clients et au clients une solution rapide et pratique pour tester le produit et réaliser un achat,  » souligne Patrick Tardif. « Aujourd’hui, le luxe c’est aussi d’offrir du gain de temps au client.  »

Surtout, Point Parfums Digital prétend offrir aux industriels, marques ou distributeurs, un moyen économique - si on le compare au coût d’une boutique - d’aller au contact des clients. De fait, les kiosques automatisés avec écrans tactiles de Point Parfums Digital occupent un espace d’à peine 0,25 m2. Ils peuvent être disposés en solo, ou par lots de deux, trois, quatre, six ou même douze dans tous les lieux de passage : galeries commerçantes, cinémas, gares, métro... La société bénéficie déjà d’accords avec les bailleurs de centres commerciaux pour l’implantation de ses bornes dans près de 200 lieux en France. Mais aujourd’hui ses ambitions vont bien au-delà.

Le plus gros distributeur mondial ?

« Il y a 25 000 centres commerciaux dans le monde, sans compter les aéroports,  » souligne Patrick Tardif qui ne veut plus limiter ses ambitions à la France. «  Le succès de notre introduction en bourse et les sollicitations spontanées que nous avons reçues depuis nous ont amenés à revoir notre stratégie.  »

En clair, avec une valorisation d’environ 9 millions d’euros (au vu de la valeur des titres actuellement côtés) et un intérêt prononcé de la part d’acteurs majeurs de l’industrie et de la distribution, Point Parfums Digital veut maintenant voir plus large que la levée de fonds de 3 millions d’euros initialement prévue pour un développement en France. « Nous avons trois ans d’avance sur nos concurrents, c’est suffisant pour lancer l’industrialisation du concept et envisager la création du premier réseau mondial de distribution de parfums,  » affirme-t-il.

L’objectif est donc de se rapprocher d’un groupe capable de prendre en charge le développement mondial du concept en une dizaine d’années. Aujourd’hui, Patrick Tardif a donc confié à la société NFinance Securities un mandat exclusif pour recevoir les offres d’achat. « Imaginez le potentiel commercial de 20000 bornes reliant le consommateur avec une boutique en ligne.  »

Au moment où les pure players comme Amazon, eBay, Cdiscount, NET-A-PORTER.COM ou vente-privee.com s’intéressent de près aux parfums et cosmétiques, tandis que les marques cherchent à multiplier les points de contacts avec les consommateurs, il n’est pas impossible que ce nouveau concept vienne assez vite bouleverser la façon dont sont vendues de nombreuses marques de parfums !