Pascal Goossens, Directeur Commercial Cosmétique

Premium Beauty News - Une saga industrielle familiale commence évidemment par une histoire.

Pascal Goossens - Effectivement, l’origine de l’actuelle société Max Sauer remonte à 1793 à Paris. Aujourd’hui, elle est la plus ancienne fabrique de pinceaux fins en Europe. C’est à Paris, à deux pas du Pont Neuf, que Monsieur Parent fonde sa fabrique de pinceaux en 1793. L’entreprise prospère malgré les incertitudes liées à la Révolution, à l’Empire et à la Restauration. L’activité se poursuit de 1820 à 1859 avec d’autres personnes. Puis, en 1859, âgé de 34 ans, Charles Sauer rachète l’affaire, et la déplace à Oinville, à 50 km de Paris. Son fils, Max Auguste Sauer, construit de 1895 à 1900, une usine à vapeur moderne pour l’époque à Hardricourt. Ce n’est qu’en 1925 que la fabrication des pinceaux fins est transférée à Saint-Brieuc par Max Sauer, fils cadet de Max Sauer père.

Après le décès de Max Sauer, en 1960, la société Max Sauer, dirigée par Michel et Gérard Sauer est transférée en 1967 dans une nouvelle usine agrandie en 1973, 1987 et 1991. La gamme de produits Berge Beaux-Arts (fondée en 1920) supports toiles - en rouleaux, sur châssis, cartons entoilés, ainsi que les couleurs extra-fines, papiers d’art et matériels d’artistes Sennelier (fondée en 1887) sont rachetés et fabriqués en Bretagne. Tous les produits sont distribués dans plus de 55 pays à travers le monde.

Avec la cinquième génération, la relève est représentée par Éric Sauer depuis 1987. L’innovation, la recherche et le développement, sont associés à la tradition et au savoir-faire. La rigueur familiale de la gestion de l’entreprise, le travail en équipe, la qualité et le service aux clients, restent les priorités de Max Sauer.

Premium Beauty News - En fait, de quand date exactement l’activité purement « cosmétique » ? Et quelle différence y a-t-il entre les pinceaux destinés aux artistes et ceux destinés à des applications de produits sur le visage, les yeux, les lèvres ?

Pascal Goossens - Elle remonte à plus de cinquante ans, lorsque des grandes marques cosmétiques nous ont contacté afin de fabriquer des pinceaux portant leur griffe. Le marché s’est naturellement développé par la suite. Les deux différences principales se situent tout d’abord au niveau de la nature du poil. En effet, le choix du poil ou de la fibre est lié à l’utilisation du pinceau, selon les textures et l’application. Ensuite, les formes sont différentes et dépendent également du type d’application.

Premium Beauty News - Avec le pinceau, on est vraiment dans le domaine d’un savoir-faire quasi unique. Les premiers pinceaux remontent à quelle époque ?

Pascal Goossens - On ne connaît pas précisément la date de fabrication des premiers pinceaux d’artistes en France. Autrefois, les artistes apprenaient à fabriquer leurs pinceaux comme leurs couleurs. 2000 ans avant Jésus-Christ, les chinois ont eu l’idée de placer des touffes de poils d’animaux dans un bambou afin de pouvoir écrire leurs idéogrammes. Puis vers 1730, l’on a pu fabriquer des viroles métalliques. Ce n’est que juste avant 1789 que la fabrication artisanale puis industrielle est devenue possible. La fabrication française a eu, au départ, un monopole très large et les Allemands de Nürnberg sont venus apprendre la technologie française. C’est pourquoi, la forme française des pinceaux d’artistes est encore la plus utilisée dans le monde.

Nos pinceaux sont fabriqués par des pincelières hautement spécialisées. Les produits sont contrôlés à chaque étape de la fabrication. Les manches et les viroles sont sélectionnés pour assurer au pinceau une bonne solidité et un fini impeccable. La tradition, le savoir-faire de nos ouvrières transmis de génération en génération et le soin avec lequel nous préparons nos poils fins avant la fabrication sont les gages d’une qualité incomparable pour l’utilisateur.

Plus de 30 personnes participent à la fabrication d’un pinceau qui nécessite en moyenne trois semaines de préparation avant de voir le jour. La touffe n’est jamais coupée et est entièrement fabriquée à la main. Les poils extra-fins ou fins sont coniques et forment une "fleur" naturelle unique qui confère au pinceau une douceur incomparable, particulièrement appréciée dans les applications cosmétiques.

Premium Beauty News - Plutôt surprenant, en effet, de constater en venant vous voir que cette activité « cosmétique » représente près d’un tiers de votre activité et que la discrétion vous a poussé à ne mettre en ligne un site dédié que maintenant !

Pascal Goossens - C’est exact, mais nous travaillons avec des grandes marques et nos relations sont à la fois très anciennes et basées sur la confiance et la fidélité. C’est d’ailleurs en partenariat très étroit avec eux, que nous mettons au point beaucoup de nouveautés avec des produits fabriqués entièrement sur mesure.

Premium Beauty News - le pinceau à maquillage semble vivre une vraie seconde jeunesse.

Pascal Goossens - Absolument ! Et ce sont les maquilleurs professionnels très exigeants quant à la qualité souhaitée qui font progresser le marché avec des produits de qualité. Nous avons une vraie spécialité dans les pinceaux sur mesure.

Premium Beauty News - Quels sont les principaux investissements industriels et/ou commerciaux que vous prévoyez dans les mois à venir ?

Pascal Goossens - Nous souhaitons porter notre effort sur le développement à l’international qui représente aujourd’hui 35% (en vente directe, hors les ventes à l’étranger réalisées par nos clients) de notre activité cosmétique. C’est entre autres à ce niveau que notre nouveau site internet va nous permettre de faire connaître notre savoir-faire.