La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la...

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a identifié de nombreuses "anomalies" dans son enquête 2016 sur les cosmétiques. Photo : © PeopleImages / istockphoto.com

Sur près de 8.000 produits cosmétiques mis sur le marché national et contrôlés l’an dernier, la DGCCRF a détecté des anomalies dans 22% des cas, et 39% des établissements (producteurs ou importateurs) présentaient « au moins une anomalie  », selon le bilan publié sur son site internet. Plus de 500 produits mis sur le marché national ont été ainsi épinglés pour des étiquetages non conformes, principalement en raison de l’absence de certaines mentions obligatoires ou la non-utilisation de la langue française.

Allégations trompeuses

Plus grave, certaines étiquettes ne comprenaient pas la liste des ingrédients ou de numéro de lot, ou ne mentionnaient pas la présence d’allergènes alors que les produits en contenaient. Une centaine de produits présentaient également des allégations fausses ou « clairement trompeuses », a encore relevé la DGCCRF.

« Les contrôle ont ainsi mis en évidence une multiplication d’allégations de type ‘sans’ (‘sans allergènes’, ‘sans parabènes’, ‘sans parfum’, ‘sans soude’) dont certaines, erronées ou déloyales, sont de nature à troubler la perception du consommateur. Il en est de même pour la mise en avant d’ingrédients ‘nobles’ alors qu’ils figurent dans la composition à des taux parfois extrêmement faibles, » souligne l’autorité de surveillance du marché.

Analyses en laboratoire

Parmi les 8.000 produits contrôlés, près de 700 ont aussi fait l’objet d’une analyse en laboratoire.

Les prélèvements ont révélé que 37% de ces produits avaient des compositions « non conformes », voire « dangereuses » pour 15% d’entre eux. « Les sociétés ayant mis sur le marché des produits dangereux ont généralement procédé à des retraits volontaires du marché mais, dans sept cas, des arrêtés préfectoraux ont dû prescrire un retrait-rappel avant destruction », a précisé la DGCCRF.

Divers opérateurs, notamment des importateurs ou de très petits fabricants, souvent artisanaux, « méconnaissent encore l’étendue des obligations qui leur incombent, les considérant comme des formalités administratives lourdes », alors que ces manquements sont pourtant « préjudiciables » pour le consommateur, a encore souligné la DGCCRF dont l’action au cours de l’année 2016 a abouti à 377 avertissements, 188 mesures de police administrative, 79 procès-verbaux et 16 saisies.

La DGCCRF prévoit par ailleurs d’engager un « renforcement de la communication sur la réglementation » notamment envers les PME-TPE du secteur.

Il y a deux semaines, l’association UFC-Que Choisir avait repéré 23 produits cosmétiques vendus en France bien que contenant des substances formellement interdites dans l’Union européenne. La DGCCRF avait indiqué à l’AFP qu’elle allait enquêter sur le sujet.

« Beaucoup d’autoentrepreneurs, dont des agriculteurs cherchant à se diversifier, bricolent des huiles essentielles dans leur hangar ou leur cuisine, et les vendent ensuite sur les marchés », selon Patrick O’Quin, président de la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), interrogé vendredi par l’AFP. « Comme leurs produits sont naturels, ils pensent qu’ils sont hors de tout cadre réglementaire (...), c’est le flou total », a-t-il déploré.

Les cosmétiques non conformes sont un « vrai souci  » mais ils ne concerneraient qu’une infime partie des volumes du secteur, sur environ un million de formules différentes commercialisées dans l’Union européenne, selon M. O’Quin.