L’équipe de Fabulous. De gauche à droite : Arnault Coulet - Olivier Coulet - Robin Coulet

Premium Beauty News - Depuis son émergence il y a quelques années, l’impression 3D a fait son chemin au sein des entreprises !

Arnault Coulet - Oui et non. On entend surtout parler de l’impression 3D au sujet de petites machines, souvent utilisées pour du prototypage, sans vraiment prendre conscience du potentiel industriel de cette technologie. L’époque où cette technologie était limitée au prototypage et aux très petites séries (1 à 10 pièces) est pourtant déjà derrière nous. Aujourd’hui, l’enjeu est de concurrencer d’ici peu les méthodes traditionnelles de production d’objets, notamment l’injection plastique, mais aussi la fonderie.

Premium Beauty News - Quels sont les atouts de l’impression 3D ?

Arnault Coulet - Tout d’abord l’impression 3D, ou plus précisément la fabrication additive, permet un gain de temps considérable car elle ne nécessite pas de moule. Autre atout bien connu, elle permet un degré infini de personnalisation : les fichiers peuvent être repris et tous les objets produits en version unique. L’impression 3D est complètement en phase avec la tendance actuelle des séries limitées haut de gamme. Elle permet aussi de traiter des formes très complexes et ainsi de donner vie à des objets de design qui, avec les techniques de production traditionnelles, seraient restés dans les cartons. Enfin, elle permet de réduire les coûts de production, notamment de travailler le métal avec très peu de perte de matière et toujours sans moule.

D’un point de vue plus général, l’impression 3D sera probablement un facteur de relocalisation des productions. Non seulement elle est adaptée à la production de séries limitées personnalisées dans des délais très courts, mais elle requiert aussi une main d’œuvre plus qualifiée que les processus de production traditionnels.

Jusque là, la rapidité de l’impression et le volume des objets imprimés étaient limités. Mais ces problèmes techniques sont en voie de résolution. Et il ne faut pas oublier que l’impression 3D peut travailler l’inox, l’acier, le titane et des métaux précieux, et même la céramique. Elle n’est donc pas limitée aux plastiques. Il existe environ 200 matériaux différents à ce jour pour la fabrication additive, nous avons d’ailleurs édité un guide des principales matières utilisées et des réalisations possibles et leurs avantages. Pour les métaux, on utilise actuellement une technologie de fusion laser qui présente de nombreux avantages par rapport à la fonderie classique : en permettant une meilleure homogénéité de matière, elle produit des pièces plus résistantes.

Premium Beauty News - Elle pourrait entrainer les mêmes bouleversements que l’impression numérique ?

Arnault Coulet - À la différence de l’impression numérique, les technologies 3D ne sont pas encore stabilisées, les acteurs sont émergents. Pour des projets industriels, les investissements sont encore très élevés et se chiffrent en millions d’euros. Les risques sont importants car les technologies risquent de devenir rapidement obsolètes. Mais on entre véritablement dans une nouvelle ère, avec des besoins de plus en plus nombreux et des volumes produits toujours plus importants. La production double tous les ans. Aujourd’hui, plus de 1000 pièces de l’Airbus A350 sont issues de la fabrication additive.

Premium Beauty News - La personnalisation est un atout important mais la qualité des produits est-elle toujours à la hauteur des autres technologies ?

Arnault Coulet - On ne réalise pas encore de pièce complètement finies. Pour les produits de luxe notamment, on a besoin d’une ou plusieurs phases de finition après la première production. Par exemple du polissage, vernissage ou l’application de peinture. Mais c’est très souvent le cas aussi avec les autres technologies de production.

Premium Beauty News - Quelles sont vos recommandations ?

Arnault Coulet - Compte-tenu de la vitesse d’évolution des technologies nous incitons nos clients à s’appuyer sur des réseaux de production et à étudier dans ce cadre les possibilités d’applications sectorielles. Nous sommes force de proposition auprès des marques sur des projets pour lesquels la 3D présente de réels avantages. Nous avons ainsi récemment accompagné Lancôme pour la production de PLV avec des factices de sept tailles et sept couleurs différentes, livrées dans les flagships et points de vente européens et américains de la marque. Grâce à la 3D, de telles PLV peuvent être produites en une semaine !