Patrick Jame

Premium Beauty News - Votre spécialité est l’analyse et le contrôle des produits, notamment au niveau isotopique.

Patrick Jame - En effet, l’ISA est l’un des plus grands laboratoires européens dans le domaine des sciences analytiques et rassemble plus de 170 personnes. L’analyse isotopique est basée sur la mesure de la teneur en isotope par rapport à son élément : par exemple la mesure quantitative du rapport 13C/12C. Elle permet d’apporter des données scientifiques pour reconnaitre ou authentifier certains produits par rapport à leur origine : de synthèse ou naturelle, animale ou végétale. L’analyse isotopique peut être aussi utilisée pour déterminer le contenu en biosourcé, c’est à dire vérifier qu’un composé est fabriqué à base de biomasse durable et renouvelable, afin de le différencier d’un composé fabriqué à partir de produits pétroliers. Elle est utilisée notamment pour l’analyse de composés purs (matières premières d’intérêts) car c’est une méthode rapide, en 10 minutes environ, et peu onéreuse.

Premium Beauty News - Sur quels composés travaillez-vous le plus ?

Patrick Jame - Dans le domaine des cosmétiques, nous avons été précurseurs dans la détermination de l’origine animale ou végétale du squalane, par la mise au point d’une méthode d’analyse isotopique, qui à notre connaissance est la seule méthode existante actuellement pour le contrôle de cette substance. L’ONG Bloom a réalisé une étude en 2015 révélant que sur 72 crèmes cosmétiques testées, une sur cinq contenait du squalane de requin. Cependant, une grande majorité des crèmes vendues en Europe sont à bases végétales. L’analyse isotopique du squalane est demandée régulièrement à notre laboratoire car les grandes marques cosmétiques sont soucieuses de vérifier leurs sources d’approvisionnement. Nos clients sont européens mais aussi asiatiques. Nous sommes une référence internationale sur ce sujet. Nous fournissons un résultat mais surtout nous nous engageons sur des recommandations et une conclusion.

L’analyse isotopique permet d’apporter des données scientifiques pour reconnaitre ou authentifier l’origine de certains produits. Photo : © Matej Kastelic / shutterstock.com

Premium Beauty News - Quelles sont les limites de la méthode ?

Patrick Jame - L’analyse isotopique pour l’authentification de l’origine du squalane ne dénonce les fraudes qu’au-delà de 10%. Cela dépend de la variation naturelle et de l’incertitude de mesure des appareils.

Premium Beauty News - Travaillez-vous pour d’autres domaines d’applications ?

Patrick Jame - Oui, nous avons une banque de données isotopiques sur plus de 2000 composés. Nous travaillons pour le secteur de la santé, l’environnement, les matériaux pour des problématiques de suivi de conformité, de détection de potentielles fraudes. Le domaine du Bio s’intéresse aussi à nos travaux.