En dehors du constat que nous sommes habités - pour ne pas dire colonisés - à 90% par des bactéries, de multiples questions se posent au sujet de cette gigantesque population microbienne. L’une d’elles concerne plus spécifiquement l’industrie des cosmétiques : l’adhésion des microorganismes sur les surfaces cutanées.

Pour Marie-Noëlle Bellon Fontaine, chercheuse à AgroParisTech, « 90% des cellules microbiennes vivent à l’état fixé sur des surfaces biotiques comme la peau, l’estomac mais aussi abiotiques comme les céramiques, le plastique  ». L’adhésion met en jeu des interactions physicochimiques. « Le pH module l’adhésion mais aussi la topographie et la rugosité de surface. Selon le support, la structure microbienne est modifiée avec une sous ou sur expression de certaines bactéries,  » complète le chercheur. Il peut alors être difficile d’établir les conditions dans lesquelles le microbiote devra être étudié sachant que le support peau n’est pas inerte.

L’analyse des microbiotes, qui a débuté par l’étude du microbiote intestinal, est un sujet vaste et complexe qui a déjà fait l’objet de plusieurs années de recherche. Joël Doré, chercheuse au sein de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), confirme la nécessité de méthodes standardisées et d’échantillons parfaitement collectés. « Sans méthode standardisée, aucune comparabilité ne peut être émise, la mise en place des protocoles est souvent lourde mais indispensable ». Des méthodes de métagénomiques sont employées.

L’investigation du microbiote cutanée est en revanche beaucoup plus récente que celle du microbiote intestinal. « Depuis une petite dizaine d’années, la peau est investiguée sachant que nous ne cultivons que 1% des bactéries connues et que nous ne connaissons que 0.1% des bactéries présentes sur la peau,  » explique Richard Martin de L’Oréal.

Chaque centimètre carré de notre peau renfermerait un million de bactéries qui échangent entre elles, communiquent, cohabitent rendant leur analyse forcément laborieuse. Chaque personne a sa propre carte bactérienne définie par l’alimentation, le milieu de vie, le climat et même la manière dont nous sommes venus au monde. « Il y a une grande différence entre ce que l’on observe en laboratoire et ce qui se passe réellement sur la peau,  » complète Richard Martin.

La connaissance du microbiote cutané n’en est qu’à ces débuts et les perspectives sont surement bien plus larges de ce que l’on peut même imaginer aujourd’hui.