Dario Ferrari, Intercos

Le « modèle » Intercos a-t-il changé pour autant ? Les ressorts qui ont fait, font encore et feront longtemps ce que beaucoup n’hésitent pas à appeler « l’exception Intercos  » sont toujours là et bien là ! « Créativité poussée à son paroxysme, innovation permanente, recherche tous azimuts, marketing et anticipation sur les tendances du marché », une véritable panoplie gagnante qu’aucune entreprise du secteur, il faut le reconnaître, n’a jusqu’à ce jour réussi à égaler. Sans oublier un autre atout majeur du groupe italien, sa capacité de production industrielle répartie aux quatre coins de la planète.

« Accompagner, voire précéder nos clients  », insiste Dario Ferrari, « l’expérience prouve que nous avions raison de nous installer aux États-Unis où nous possédons aujourd’hui trois usines, puis en Asie où nous avons quatre usines. Nous en ouvrons une cette année au Brésil près de Sao Paulo et nous sommes sur le point de signer une joint-venture au Japon pour notre activité couleur.  »

La machine est repartie de plus belle !

Après le ralentissement imposé par la crise de 2008, la « machine » Intercos est repartie de plus belle. Le plan stratégique du groupe pour les prochains mois se déroule comme du papier à musique. Tout en conservant et en développant les valeurs de base qui ont fait son succès, Intercos a bien l’intention de réussir sa mutation, c’est-à-dire miser sur sa capacité de création mais qu’elle soit plus accessible à plus d’entreprises. Continuer à innover mais avec la volonté d’être toujours plus rapide et plus compétitif. « Time to market…, time to market !  », insiste Dario Ferrari.

Mais innover veut dire « recherches » ! Et là, le groupe italien n’a jamais baissé la garde, bien au contraire. 460 personnes sur les 3200 que compte Intercos travaillent sur l’innovation. Près de 15 % du personnel. Un coût estimé à 145 millions d’euros en 5 ans ! Qui dit mieux ! Résultat, plus de 10 000 nouvelles formules sortent chaque année des six laboratoires de recherche de la firme répartis pour quatre d’entre eux en Europe, un en Asie et un aux États-Unis.

« Et chacun de ces centres de recherche a une mission particulière », souligne Dario Ferrari. « Ainsi celui de Maastricht en Hollande ressemble à une véritable start-up qui profite à fond de l’environnement fantastique de recherche installé dans cette région. Il est surtout spécialisé sur la mise au point des matières premières innovantes dédiés à la couleur et au skin-care. En Chine, le laboratoire doit détecter de nouvelles matières premières compétitives etc.  ».

Recherche, créativité, marketing, toute une panoplie qui profite à fond de la puissance industrielle répartie aux quatre coins du globe que s’est donné le groupe en dix ans. Résultat plutôt impressionnants là aussi : douze usines, une capacité de production de plus de 1,5 milliards de pièces par an ! Un chiffre d’affaires qui se répartit à 52 % aux USA, 39 % en Europe et 9 % en Asie !

« Et il y en a encore sous pied  », explique-t-on au siège du groupe à Agrate Brianza près de Milan. « Les opportunités de croissance sont fortes Outre-Atlantique et considérables en Asie, souligne Dario Ferrari, où nous progressons de 30 % chaque année !  ».

À noter que l’une des deux usines américaines voit sa surface augmenter cette année de 10 000 m2. Sans parler du Brésil où une usine de 10 000 m2 démarre ces jours-ci, et sans parler du Japon. « Quant à l’Italie, précise-t-il, nous avons l’une des plus belles usines du monde à Dovera avec ses 40 000 m2 de surface de production auxquels nous sommes entrain d’ajouter 15 000 m2 supplémentaires  ». Le site d’Agrate se concentrant à terme sur les émulsions et devenant progressivement un centre technologique dédié aux poudres et aux rouges à lèvres.

Le full service en croissance !

« Si l’on raisonne par marché, souligne Dario Ferrari, là aussi les options sont claires. La couleur reste le gros de notre activité (55 %) suivie par les crayons (22 %), le skin care (12 %) et le reste. C’est sur le marché du prestige que nous réalisons la plus grosse partie de notre activité (34 %) suivi par le mass (25 %), la vente directe et le private label se partageant le reste. Nous avons beaucoup investi dans notre capacité industrielle et notre capacité de recherches dans le skin care et le crayon (capacité actuelle de 100 millions de pièces par an !) pour devenir incontournable sur ces deux créneaux. Quant à l’activité ‘full service’, force est de constater qu’elle ne cesse de croître  ».

« J’ai la chance d’avoir soixante dix ans cette année, ironise Dario Ferrari, mais j’ai en même temps le handicap d’en avoir déjà soixante dix ! ». Un septuagénaire qui n’a visiblement pas perdu son appétit d’entreprendre.