« Il s’agit de marier les technologies d’impression 3D et la biologie cellulaire afin de fabriquer, couche par couche, des tissus biologiques  », résume Fabien Guillemot, ancien chercheur à l’Inserm (Institut national de santé et de recherche médicale) et fondateur de la start-up en 2014.

La société compte valider ses premiers produits et les commercialiser auprès des centres de recherche et de tests d’ici à 2017. © AFP Photo / Georges Gobet

L’impression 3D de tissus biologiques, répond à des enjeux socio-économiques majeurs et variés :

 réduction de l’expérimentation animale par la mise au point de modèles in vitro permettant d’évaluer la toxicité et l’efficacité d’ingrédients cosmétiques et d’actifs pharmaceutiques ;
 découverte de médicaments par la fabrication de modèles prédictifs caractéristiques d’une maladie ;
 émergence de la médecine personnalisée par la fabrication de tissus personnalisés à partir des cellules du patient ;
 et médecine régénératrice par la fabrication de greffons sur-mesure.

Selon Poietis, les perspectives de marché associées à la bio-impression ont été évaluées à près de 2 milliards d’euros dès 2020.

À ce jour, quatre technologies de bio-impression coexistent. Mais Poeitis (du grec "fabriquer") est pour l’heure la seule entreprise au monde, selon ses initiateurs, à « imprimer » de la matière vivante grâce à de la lumière laser.

«  La bio-impression par laser fonctionne un peu comme une technologie jet d’encre, au sens où une impulsion laser va générer un jet d’encre, l’encre étant une sorte de suspensions de cellules. En déplaçant le faisceau laser on dépose des gouttes de cellules à différents endroits et ainsi on reconstitue couche par couche des structures 3D,  » explique Fabien Guillemot. « Le laser a plusieurs avantages. Il permet, par sa très haute définition, de reproduire toute la complexité des tissus, avec une précision très élevée. Il permet aussi d’assurer la viabilité des cellules à hauteur de 95 à 100% ».

Des modèles cutanés digitalisés

La fabrication se fait en suivant un modèle préalablement conçu par ordinateur et inspiré de tissus existants.

Ces modèles numériques, entièrement mis au point par Poietis, permettent non seulement d’organiser les cellules au départ, mais également d’anticiper la façon dont elles vont interagir dans le temps. Trois semaines sont nécessaires pour reproduire de la peau.

Pour l’heure, l’entreprise, qui compte une vingtaine de salariés (biologistes, ingénieurs en optique, informaticiens...), utilise deux imprimantes mises au point avec l’Inserm et le laboratoire Alphanov, dépendant du Pôle de compétitivité bordelais dédié aux lasers. Mais elle travaille déjà à l’élaboration de son propre outil d’impression, qui devrait être opérationnel d’ici à deux ans.

Tests cosmétiques et pharmaceutiques

Poietis fonde son développement initial sur l’énorme potentiel que représentent les tests en recherche cosmétique et pharmaceutique. «  C’est pour cela que nous avons d’abord travaillé sur la peau, c’est une vraie opportunité de développement », confie Fabien Guillemot, qui vient de signer un partenariat stratégique avec le géant mondial de la chimie, le groupe allemand BASF, fournisseur d’ingrédients pour les cosmétiques.

BASF entend utiliser la technologie de bio-impression 3D de Poietis pour améliorer la précision de son modèle de peau Mimeskin. Dans un premier temps, la technologie de bioimpression assistée par laser sera utilisée pour la production automatisée de Mimeskin, puis pour celle de modèles plus complexes contenant des types de cellules complémentaires.

La société, qui vient de procéder à une levée de fonds de 2,5 million d’euros (dont un financement participatif record de près de 1 million via la plateforme WiSEED), compte valider ses premiers produits et les commercialiser auprès des centres de recherche et de tests d’ici à 2017.