Un déficit de formations

Charles Chang, Topline Products

D’une manière générale, le nombre de personnes formé aux métiers de l’emballage tout secteur confondu est très faible par rapport à la demande des industriels. « En Europe, seulement 10 écoles forment des étudiants au domaine de l’emballage, c’est un secteur peu nourri alors que la demande des industriels est forte, » témoigne Serge German, directeur de l’ESEPAC. Il suffit de regarder le taux de placement des jeunes diplômés de l’ESEPAC pour s’en rendre compte. 96% d’entre eux sont embauchés en moins de 4 mois après l’obtention de leur diplôme ce qui constitue une prouesse dans la période actuelle. Aux États-Unis, on dénombre 21 formations et celle de L’université de Rutgers est la première à proposer un cursus intégré avec des études en sciences de l’ingénieur. « Tous les étudiants font une 1ère année en sciences de l’ingénieur avant de se spécialiser dans le packaging, » confirme Charles Chang.

Un cursus adapté au monde industriel

Les cursus ont pour vocation de former des jeunes opérationnels dès leur sortie de l’école. « Les étudiants sont placés dans un contexte similaire à celui de l’entreprise : reporting auprès d’un responsable de pôle, missions pour des entreprises sur des projets réels, charge, rythme et outils de travail proches de ceux de l’entreprise, » témoigne Serge German. Le corps enseignant est très largement issu du monde industriel puisque 35 professionnels dispensent leur savoir à l’ESEPAC. Pour rester à la pointe des dernières technologies utilisées dans le milieu, l’école investit plus de 20% de son budget annuel dans l’achat de nouveaux matériels.

Serge German, le deuxième en partant de la gauche, lors l’inauguration du nouveau bâtiment de l’ESEPAC

De son côté, l’université de Rutgers a mis en place depuis 2011 un comité consultatif composé de 50 membres venant de l’industrie. On y retrouve L’Oréal, Estée Lauder, Avon, Revlon, Bayer, Johnson&Johnson, Bristol-Meyer, Colgate-Palmolive, Mars … Tous les grands acteurs et utilisateurs d’emballage sont présents pour faire des recommandations au sujet des programmes d’étude et du choix des intervenants, des projets de recherche à établir, des sessions de stages en entreprise à réaliser. Les deux écoles insistent sur le besoin d’immersion en entreprise qu’ont les étudiants pour parfaire leur formation. 95% des étudiants d’une promotion de l’ESEPAC suivent le cursus par alternance.

La formation proposée par l’université appliquée de Stuttgart (Hochschule für Technik - HFT Stuttgart) est elle aussi en étroite relation avec le monde industriel. « Depuis 1972, date de création de notre formation qui au départ était orientée vers l’imprimerie, les relations avec le monde industriel ont toujours été une priorité,  » confirme Ursula Probst.

Des spécialisations à la pointe des demandes des entreprises

Pour continuer à s’ajuster aux demandes des industriels, l’ESEPAC a ouvert en septembre 2011 une formation spécifique au packaging du luxe dont la cosmétique fait partie. « Sous l’impulsion de Guerlain et de Puig, nous avons créé un module packaging du luxe à l’intérieur du master actuel. Les étudiants au nombre de 15 ont 240 heures dédiées à la cosmétique et à la parfumerie » précise Serge German. Le dispositif comprend l’intervention à l’ESEPAC de professionnels de la parfumerie/cosmétique, la mise en place de projets tuteurés, la soumission de sujets techniques à travailler par les étudiants dans leur scolarité. «  il y avait un vrai déficit de jeunes diplômés ayant une expertise technique en cosmétique  » témoigne un acteur du milieu.

Hochschule für Technik - HFT Stuttgart

Outre atlantique, l’accent est mis sur le packaging écoresponsable. « Nous avons identifiés que le développement durable est un domaine clef pour le futur de l’emballage. D’une entreprise à l’autre, l’évaluation du caractère écoresponsable d’un produit varie et nous aimerions pouvoir proposer des standards de mesure ». L’université de Rutgers conduit des workshops avec les industriels sur ce sujet et développe des projets de recherche sur des matériaux de substitution. « Nous sommes la seule université à proposer cela » affirme Charles Chang.

Les étudiants sont ravis de ces formations au plus près du monde industriel. Comme en temoignent Amandine Paulet, alternante chez Guerlain et Guillaume Drouilly, alternant chez PUIG « Professionnellement, la formation a su nous fournir les armes nécessaires : connaissances techniques, esprit d’innovation, d’optimisation et d’analyse, pour débuter une carrière de chef de projet Packaging (…) et mettre en évidence de vraies qualités de technicienne ».