Morgan Dos Santos

Premium Beauty News - Vous avez soutenu en 2011 une thèse sur le vieillissement cutané, dans quel contexte l’avez-vous réalisée ?

Morgan Dos Santos - J’ai eu la chance de réaliser ma thèse en interface entre les secteurs académiques et industriels. En effet, une collaboration a eu lieu entre le CNRS, au travers du laboratoire du Dr. Patricia Rousselle de l’Institut de Biologie et de Chimie des Protéines (CNRS/UCBL), et BASF Beauty Care Solutions. Le sujet portait sur « le rôle des protéoglycannes à héparanes sulfates des lames basales au cours du vieillissement cutané » [1]. L’objectif était d’identifier de nouvelles cibles biologiques impliquées au niveau de la jonction dermo-épidermique dans le vieillissement et l’homéostasie cutanée.

Sous la direction du Dr. Patricia Rousselle, experte mondialement reconnue dans le domaine de la jonction dermo-épidermique - également appelée lame basale épidermique - nous avons étudié les changements qualitatifs et quantitatifs de certains partenaires au cours du vieillissement et les effets associés. Cette petite zone située entre l’épiderme et le derme régule un grand nombre de processus fondamentaux de la peau comme la différenciation, la prolifération et présente au cours du temps des différences histologiques frappantes. Jusqu’à ce jour, les travaux réalisés portaient essentiellement sur l’étude des collagènes et glycoprotéines présents à ce niveau. Les protéoglycannes sont bien connus au niveau du derme mais beaucoup moins au niveau de la jonction dermo-épidermique. L’ensemble de nos résultats indique qu’une diminution significative de synthèse du perlécane, principal protéoglycanne des lames basales, au cours de l’âge participe à l’affinement et aux défauts de différenciation de l’épiderme observés durant le vieillissement.

Premium Beauty News - Quelles méthodes et démarches avez-vous suivies pour réaliser vos travaux ?

Morgan Dos Santos - Nous avons eu une approche multiple, à savoir tissulaire, cellulaire et moléculaire. Dans un premier temps, l’expression des protéoglycannes a été étudiée d’un point de vue fondamental en les analysant d’une manière qualitative et quantitative au niveau tissulaire et cellulaire et au cours du vieillissement. Une analyse immunohistologique sur une cohorte de peau normale humaine provenant de donneurs allant de 22 à 73 ans a révélé une diminution drastique du perlécane au niveau de la jonction dermo-épidermique. Des études biochimiques associées à des analyses génomiques ont pu démontrer que la diminution de l’expression du perlécane n’était pas due à une dégradation de la protéine mais à une diminution de l’activité transcriptionnelle des kératinocytes. Nous avons ensuite validé nos observations sur différents modèles tridimensionnels de peaux reconstruites mimant certaines caractéristiques du vieillissement. Pour cela, nous avons bénéficié du savoir faire et de l’expertise du Dr. Odile Damour, chef du Laboratoire des Substituts Cutanés à Lyon et mondialement reconnue dans le domaine de l’ingénierie tissulaire. Nous avons pu approcher les mécanismes moléculaires par lesquels ces protéoglycannes pourraient influencer la différenciation épidermique. D’une manière générale les partenaires du vieillissement sont bien identifiés mais la compréhension des mécanismes associés n’est pas complète. Avec nos découvertes sur les protéoglycannes, nous avons contribué à avancer sur ce sujet.

Premium Beauty News - Quels étaient les enjeux pour votre partenaire industriel ?

Morgan Dos Santos - En ayant découvert de nouvelles cibles biologiques associées au vieillissement et en ayant approché les mécanismes associés, il était intéressant de voir si certains composés étaient capables de restaurer l’expression des protéoglycannes impliqués dans les processus de vieillissement. Pour cela, une identification et un criblage de molécules provenant de notre partenaire industriel a été réalisé sur un modèle cellulaire simple puis sur un modèle tridimensionnel. Certains composés d’origine chimiques et naturels se sont révélés particulièrement efficaces.

Premium Beauty News - Quels sont les perspectives de vos travaux ?

Morgan Dos Santos - Il y aura des retombées académiques mais aussi industrielles. À court terme, ces travaux vont donner lieu à une publication dans une revue scientifique. Au niveau industriel, ces travaux seront à la base d’une future valorisation industrielle. Nous avons déjà fait des évaluations in vitro sur le potentiel de certaines molécules à restaurer l’expression de ces partenaires. Ces travaux pourraient avoir des retombées dans les domaines de la réparation cutanée et de la cosmétique.

Au niveau personnel, ma volonté est de continuer à étudier le vieillissement cutané. J’ai eu de plus la chance d’être en contact avec des experts de la biologie de la peau à savoir les docteurs Patricia Rousselle et Odile Damour, toutes deux références dans leur domaine et appartenant au pôle d’expertise lyonnais en dermocosmétique dont le CED est le reflet. De plus, pouvoir contribuer au développement d’un principe actif associé aux découvertes fut une grande chance et je remercie pour la confiance que m’a accordée BASF Beauty Care Solutions.