Pas moins de cinq tables rondes et une trentaine de participants, se sont succédés lors des deux jours de MakeUp in New York, les 25 et 26 septembre 2013. L’occasion d’aborder la question de l’innovation dans le monde du maquillage sous des angles aussi variés que « L’interaction entre mode et maquillage », « L’innovation face aux réalités économiques », « La collaboration entre client et fournisseurs en matière d’innovation packaging », « La rapidité de mise sur le marché, » ou bien encore « L’innovation made in Korea ».

Moteurs et contraintes de l’innovation

Pour Philippe Jourdan, de la société d’études et de conseil Promise Consulting Inc Associates, comprendre les moteurs de l’innovation des différentes marques de maquillage implique d’abord de bien cerner leurs différents territoires. Trois grandes catégories émergent selon lui : les marques issues de l’univers de la mode, celles issues de l’univers du soin, et enfin les marques de maquillage pures, souvent issues de l’univers professionnel. Pour chacune de ces catégories, les attentes de consommateurs divergent tout comme les moteurs de l’innovation.

Dans cette perspective, l’influence de l’univers de la mode ne sera pas la même chez une marque issue de l’univers professionnel telle que MAC et une marque issue du mode du soin telle que Clinique.

Dans tous les cas, l’innovation se heurte à la contrainte de réalité et en premier lieu à celle de son coût. À cela il faut ajouter, selon Marc-André Houx, Président de Shya Hsin Packaging USA, «  du temps et, de plus en plus, de nombreux tests.  » Selon lui, le temps est la seconde contrainte clé après l’argent

Anthony Héraud, Vice Président Projets et Développements chez Axilone USA note toutefois que « de meilleurs processus, de meilleurs dosages sont couteux à développer mais peuvent permettre de réduire les coûts finaux.  »

Autre facteur important, selon Nicole Masson, Vice President, Global Product Development chez MAC, la mondialisation, qui est à la fois une source d’inspiration pour les marques, quand il faut répondre à des besoins différents selon les besoins, les goûts et les climats, mais aussi une contrainte, quand il faut se plier à des réglementations divergentes.

D’où l’importance, durant le processus d’innovation, de «  sélectionner sur les meilleurs concepts et idées et de concentrer les investissements sur ces pistes,  » explique Thomas Krasser, Vice President Sales chez Schwan Cosmetics.

La relation client-fournisseur

Après avoir souligné les nombreux aspects que peut revêtir l’innovation, et notamment l’importance pour le secteur du maquillage, des modes d’application et des moyens de protection des formules, Stéphanie Martins, Vice President Packaging & Development Corporate North America chez L’Oréal, expliqué comment le géant français des cosmétiques cherche à stimuler l’inventivité de ses fournisseurs, notamment dans le cadre de Cherry Pack, l’événement organisé chaque année dans les locaux du groupe en banlieue parisienne. Pour la première fois cette année, des fournisseurs américains ont ainsi été conviés à participer à l’événement.

De son côté, John Butcher, Senior Vice President, New Product Support & Engineering chez Revlon souligne le rôle important des fournisseurs de full-service lorsqu’il s’agit de répondre à des besoins spécifiques du marché ou de répondre rapidement à une tendance émergente.

Parlant au nom des fournisseurs, Charles Chang, CEO de Topline Products, rappelle néanmoins que compte tenu de l’importance des sommes requises pour innover, fournisseurs et clients doivent coopérer, échanger de l’information sur les attentes des consommateurs et s’efforcer de limiter les risques financiers.

Éric Bone, Responsable Corporate Research and Innovation chez L’Oréal, souligne quant à lui que la philosophie de son groupe a toujours été de développer les marques qu’il avait acquises à partir du pays d’où elles sont originaires. Un moyen selon de préserver des liens historiques avec des fournisseurs, mais aussi bien sûr de maintenir l’esprit de la marque.

Tous les intervenants, qu’il s’agisse des représentants des marques ou de leurs fournisseurs, soulignent par ailleurs que les délais de mise sur le marché perdent largement en importance lorsqu’une véritable innovation de rupture est en jeu.

« Plus un produit est innovant, plus souple est le client en matière de délai,  » confirme Thomas Weckerle, Pdg de Weckerle Cosmetics.

Pour Éric Bone, « la sécurité du produit et la satisfaction du consommateur sont la priorité.  » Car l’innovation ne comporte pas seulement un risque financier, elle comporte aussi un risque d’image pour une marque, qui ne peut pas se permettre de décevoir ses clients.