Houses of Parliament, Londres, Royaume-Uni - Photo : © Samot / shutterstock.com

Certes, beaucoup de choses vont changer, mais pour l’instant rien ne bouge ! Le vote britannique marque le début de longues négociations et tant que le processus n’est pas achevé, le Royaume-Uni reste membre de l’Union, avec tous les droits et obligations qui en découlent. En particulier, le droit de l’UE continue à s’appliquer au et dans le Royaume-Uni jusqu’à ce qu’il sorte officiellement.

« En ce qui concerne le secteur des cosmétiques, cela signifie que toutes les lois, les règlements et les lignes directrices existantes restent en place exactement comme avant le vote - rien ne change,  » rappelle l’Association britannique des fabricants de cosmétiques, de produits de toilettes et de parfums (CTPA). « En particulier, cela signifie que tous les produits cosmétiques vendus au Royaume-Uni doivent continuer à se conformer pleinement au règlement européen sur les produits cosmétiques, notamment aux exigences relatives à la sécurité, à l’étiquetage et à l’interdiction de l’expérimentation animale.  »

On peut imaginer qu’une fois la sortie définitivement prononcée, la législation du Royaume divergera peu à peu de celle de l’Union européenne. C’est possible, mais ce n’est pas l’hypothèse la plus probable. En fait, cela dépendra largement de la place que le pays se choisira en Europe.

Se repositionner en Europe

Car la réalité, c’est que la construction européenne offre aux différents États un grand nombre d’options, notamment en matière de relations commerciales.

Devinez où se situera le Royaume-Uni après la sortie. Quelque part près de la Suisse ou - plus probablement - à sa propre place, unique et originale ?

Il est plausible que le Royaume-Uni redeviendra membre de l’Association européenne de libre échange (AELE), au même titre que la Suisse. Cela lui permettrait de ne pas voir ses marchandises taxées dans les échanges intra-européens et aussi de bénéficier des accords de libre-échange conclus par l’AELE avec des pays tiers. L’AELE n’étant pas une Union douanière, le Royaume-Uni devra toutefois renégocier ses tarifs douaniers avec tous les pays qui n’ont pas d’accord avec cette structure.

Le Royaume-Uni pourrait même rejoindre l’Espace économique européen (EEE), comme les trois autres membres de l’AELE, l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège. Cela permettrait de maintenir la libre-circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes (les quatre libertés qui fondent le marché unique) [1]. Mais en échange, il faut reprendre la législation européenne dans ces domaines. En pratique, cela conduirait les britanniques à s’engager à respecter ce qu’ils viennent de rejeter, à savoir : une grande partie des règles et des normes européennes. Pire, ils ne pourraient même plus sérieusement influer sur leur contenu, puisque les membres de l’EEE ne disposent que d’un droit de consultation lors de la préparation des textes européens les concernant.

À l’image de la Suisse, le Royaume-Uni pourrait donc préférer régler ses relations avec l’UE de manière bilatérale, en négociant au cas par cas les modalités de la libre circulation (ou non) des capitaux, des marchandises, des services et des personnes. Dans le cas helvétique, cela a abouti à une convergence massive avec l’UE.

« Le Royaume-Uni reste en Europe. Nous ne délocalisons pas le pays en Asie. Le commerce et la coopération entre le Royaume-Uni, les pays membres de l’Union européenne et le reste du monde se poursuivra,  » souligne Simon Birkenhead, Directeur Général Europe de la société de conseil L2. Mais, personne ne sait ce que sera précisément cette relation avec l’UE et c’est cette incertitude qui constitue le principal risque.

« Nous allons suivre les développements avec attention pour nous assurer de fournir des conseils clairs et cohérents à nos membres au fur et à mesure du processus de sortie. Il y aura sans doute beaucoup de spéculations et certains tenteront de braquer le processus pour imposer qui doit faire quoi,  » explique ainsi Chris Flower, Directeur général de la CTPA, à Premium Beauty News. « Nous ferons en sorte d’éviter cela pour continuer à apporter des recommandations claires, au moment opportun pour éclairer le processus sans créer de confusion ».

Le Royaume-Uni va donc devoir négocier simultanément les conditions de son divorce et celles de sa nouvelle relation, sous une forme à inventer, avec l’Union européenne. « Pour l’instant, de multiples options sont disponibles pour cette nouvelle relation, mais les choses ne seront plus les même qu’avant la sortie,  » insiste le Directeur général de la CTPA.

Fin du statut de porte d’entrée

Une chose est quasi certaine, le Royaume-Uni ne sera plus la porte d’entrée dans le marché européen qu’il était pour de nombreuses marques et fournisseurs de cosmétiques, notamment nord-américains. Sauf improbables accords bilatéraux en ce sens, le pays ne pourra plus être considéré comme un territoire de première importation au sein de l’Union européenne, ni héberger les dossiers d’information sur les produits cosmétiques exigés par la réglementation européenne.

Un coup dur pour de nombreuses entreprises multinationales installées dans le pays ! En revanche, les industriels européens interrogés par Premium Beauty News se montrent plutôt optimistes : l’effet sera réduit en raison du rôle limité du pays dans la filière cosmétique, même si une éventuelle récession au Royaume-Uni impactera forcément le marché européen.