La glycation fait toujours parler d’elle car le phénomène observé sur la peau est l’une des raisons du vieillissement cutané. Et rester jeune, nous le savons tous est une quête qui semble éternelle. Les Laboratoires Jeanne Piaubert sont parmi les premiers à avoir revendiqué un effet anti glycation, avec le lancement en 1996 de la gamme Certitude. Depuis, de nombreux acteurs de la cosmétique ont investi ce créneau : Chanel, Clarins, Pola, La Roche-Posay et bien d’autres encore. Et ce n’est pas fini. « C’est une thématique qui revient d’une manière périodique tous les 3-4 ans et sur laquelle on travaille constamment pour faire bénéficier nos clients des dernières avancées sur cette question » témoigne Anne Laurie Rodrigues, responsable communication de BASF Beauty Care Solution, qui vient de mettre sur le marché le nouvel actif Collguard. Pour Jean-Claude Le Joliff, consultant et fondateur du cabinet de conseils et de veille INN2C, « l’avancée et le renouveau constant des tests d’objectivation sur la glycation sont les moteurs de son renouvellement  ».

Qu’est-ce la glycation ?

Chimiquement la glycation est la réaction d’un sucre, le glucose sur les groupements amines des acides aminés constituant les protéines. Le résultat est la formation de composés qui conduisent à des sous produits les AGEs (Advanced Glycation End products). Cette réaction est non enzymatique c’est-à-dire qu’elle se fait spontanément [1]. Au niveau de la peau, nous trouvons des molécules à base de sucre dans le derme où se situent aussi l’élastine et le collagène, deux protéines constituant ensemble les parfaits réactifs pour la glycation. Par ailleurs, le glucose en contact avec des ions métalliques et de l’oxygène va former des aldéhydes qui eux aussi vont conduire à la formation de AGEs. À l’issue de ces deux actions, la glycation et l’oxydation, plusieurs types d’AGEs sont formés. Certains comme la pentosidine induisent une rigidification par pontage des fibres de collagène, d’autres constituent des toxines, les glycotoxines qui perturbent l’activité métabolique des cellules favorisant les processus inflammatoires, la mort cellulaire mais aussi la production accrue d’espèces réactives dérivées de l’oxygène (ROS), les fameux radicaux libres [2]. Le résultat est un vieillissement de la peau avec l’apparition de rides, de tâches et une perte d’élasticité.

Source : Exsymol

Source : Exsymol

Plusieurs approches de lutte sont proposées par les fournisseurs d’actifs et récemment des nouveautés ont vu le jour.

Créer une concurrence entre les molécules

La solution proposée par Exsymol avec la gamme des Silanols (Algisium C®, Argisil C®, Silysin C4®) consiste à apporter des molécules qui vont réagir sur les sites protéiniques plus rapidement que le glucose. Des produits qui, par ailleurs, ne forment pas de liaisons covalentes avec les protéines et présentent une très bonne biodisponibilité. Ichimaru Pharcos distribué par Laserson propose Absorbage, un extrait de Plantago asiatica riche en alcanoïdes et Marronnier Liquid b, un extrait d’Aesculus hippocastanum, qui entrent eux aussi en concurrence avec le glucose pour limiter la réaction de glycation. Indena est présent sur ce secteur avec Centevita™ issu du Centella Asiatica riche en triterpènes.

Préserver le glucose

D’une autre manière et pour éviter la formation d’aldéhydes toxiques, Lipotec avec Dglyage™, un tetrapeptide véhiculé dans des liposomes cible les ions métalliques en les piégeant et les rendant ainsi non disponibles pour la réaction d’oxydation du glucose. Des études montrent par ailleurs une protection de l’ADN des cellules. Mibelle avec Ameliox, un composé de carnosine, silymarine et vitamine E naturelle inhibe la formation de malondialdéhyde réduisant ainsi le processus de glycation.

L’action sur le collagène

Une autre stratégie conduite par les fournisseurs d’actifs est de s’intéresser aux protéines et notamment le collagène qui se rigidifie après glycation entraînant la perte d’élasticité de la peau et l’apparition de rides. Silab avec Antiglyskin®, un actif issu des graines de tournesol riche en acides phénoliques et glucopeptides limite les pontages responsables de la rigidification des fibres de collagène tout en ayant une action anti glycooxydation. Lipotec avec Vilastène™, protège les fragments lysine du collagène et limite ainsi la réaction de glycation. BASF avec Collguard™, un extrait de Davilla Rugosa, une plante présente dans la pharmacopée chinoise préserve le collagène en étant anti glycation, anti radicalaire, anti collagénase mais aussi supportant la synthèse de collagène fonctionnel. De son côté, Greentech avec Setiline®, un actif issu du fenugrec obtenu par biotechnologie préserve les structures de la peau en modifiant l’expression de gènes spécifiques impliqués dans les phénomènes de glycation. En parallèle l’actif réduit la différenciation des kératinocytes dans l’épiderme et améliore ainsi les barrières cutanées.

La dé-glycation et l’élimination des glycotoxins

Pour que l’approche de la glycation soit totale, certaines fournisseurs ont complété l’offre en proposant pour Exsymol un actif, l’Alistin® qui agit comme protecteur du glucose et des protéines mais aussi qui va plus loin dans le concept en « dé-glycant » les molécules permettant à celles-ci de retrouver leur forme originale. Le mécanisme s’appuie sur une réaction de transglycation à partir de la glycosylamine, un produit précoce de la glycation. Cette année Exsymol à lancé l’Alistin P5® sans parabène et complété ses tests d’objectivation en montrant que l’actif pouvait être aussi un détoxifiant des glycotoxines. Ichimaru Pharcos distribué par Laserson travaille aussi la « de-glycation » avec le Shakuyaku, un extrait d’une plante chinoise le Paeonia Albiflora. Sederma avec Prodizia™ s’attaque aux structures protéiniques endommagées par la glycation. L’actif, un extrait d’Albizia ou arbre à soie supporte les systèmes de détoxification des cellules au niveau du protéasome et de la glyoxalase.

Les tests d’objectivation

Depuis les premiers tests d’objectivation conduits sur cultures cellulaires, les modèles ont évolué avec l’ajout de paramètres complémentaires et la possibilité de les réaliser sur explants de peau. BIO-EC en partenariat avec MMP a publié en 2011 une étude sur ce sujet mettant en évidence sur explants de peau l’activité anti glycation de substances d’origine végétale dont les matières premières proposées par la société MMP, avec Puerarin 80MM, un extrait de Pueraria Iobata titré à 80% de Puérarine et Eucommia Ulmoides leaf extract 80MM, un extrait d’Eucommia titré à 80% en acide chlorogénique [3]. « L’avantage du modèle sur explants de peau est de reproduire ce qui se passe au niveau de la peau, nous nous collons à l’in vivo » précise Elian Lati, président de BIO-EC. Par ailleurs, ce laboratoire poursuit ces investigations dans ce domaine en étudiant la glycation d’autres protéines et plus seulement du collagène ou de l’élastine.

On peut ainsi penser que les nouveaux développements autour du phénomène de glycation sont loin d’être terminés …