La publication récente dans le Journal of Investigative Dermatology, des résultats d’une étude indiquant que certaines crèmes hydratantes peuvent favoriser le développement de cancers de la peau chez certaines souris préalablement exposées à des rayonnements UV, a donné lieu à un important battage médiatique.

Battage médiatique

La plupart des articles publiés en ligne ou dans la presse rappelaient clairement que les résultats de cette étude avaient été obtenus dans des conditions de laboratoire très spécifiques et sur des animaux hautement susceptibles de développer des cancers cutanés. Le plus souvent, ils mentionnaient aussi que les auteurs eux-mêmes, avaient précisé qu’aucune incidence similaire n’était établie pour les humains, et queplusieurs scientifiques ont sévèrement critiqué le contexte et les conclusions de l’étude. Il est néanmoins probable que, dans l’esprit des consommateurs, c’est une impression générale plutôt négative qui restera.

Toutefois, pour ceux qui sont curieux de comprendre ce qu’il y a dans les produits qu’ils se mettent sur le corps, les associations américaine, britannique et française représentant l’industrie des produits cosmétiques ont mis en ligne de quoi répondre à leurs questions.

Eduquer les consommateurs

Le premier site de ce type, cosmeticsinfo.org, a été lancé par l’ex- Association américaine des produits de toilette et des parfums (Cosmetic, Toiletry, and Fragrance Association - CTFA), à la fin du mois de novembre 2007, au moment où le syndicat professionnel était rebaptisé Conseil des produits de soin corporel (Personal Care Products Council). Le site rassemble actuellement des éléments d’information sur 13 catégories de produits et plus de 1500 ingrédients, avec pour but l’éducation des consommateurs à l’aide d’informations facilement compréhensibles sur l’innocuité et les questions scientifiques liées aux cosmétiques. On trouve aussi sur cosmeticsinfo.org, des vidéos d’interviews de cosméticiens expliquant leur travail et comment ils s’assurent de la sécurité et de la fiabilité des produits.

Pour Pamela Bailey, la présidente et directrice générale du Personal Care Products Council, le lancement d’un site d’information destiné au grand public est, tout comme le changement de nom de la CTFA, représentatif de l’éthique du syndicat. « Notre organisation et notre industrie sont d’abord préoccupées de sécurité, avec un long historique d’initiatives dans ce sens, devançant largement les exigences légales. Notre nouveau nom, notre nouveau slogan [1] et notre site consommateurs sont les toutes dernières illustrations des valeurs que nous partageons : sécurité, qualité et innovation, » explique-t-elle.

Contre-feux

Le Personal Care Products Council avait déjà pu expérimenter ce genre de sites contre-feux lorsqu’il avait lancé germsmart.com, conjointement avec l’Association américaine des savons et détergents (Soap and Detergent Association - SDA). Le but était alors de répondre aux allégations selon lesquelles les savons et nettoyants antibactériens favoriseraient les résistances bactériennes sans pour autant apporter, vis-à-vis des microbes de tout genre, une protection supérieure à celle des savons traditionnels.

De l’autre côté de l’Atlantique, lancé en avril 2008 par l’Association britannique des cosmétiques, produits de toilette et parfums (Cosmetic, Toiletry and Perfumery Association - CTPA), thefactsabout.co.uk est explicitement conçu pour réagir aux nouvelles alarmantes relayées par les médias. «  Depuis 2005, le nombre de personnes qui ont vu des reportages médiatiques relatifs aux effets néfastes des produits de toilette et des cosmétiques a plus que doublé, passant de 14 pourcent à 34 pourcent aujourd’hui, » explique Chris Flower, le directeur général de la CTPA.

L’association souhaite donc, ainsi que l’annonce le sous-titre du site, aider les consommateurs à « faire le tri de ce qui relève des mythes ou des peurs, et à mettre ce qu’ils lisent en perspective ». Jusqu’à présent, thefactsabout.co.uk a toujours fourni des réactions rapides. La CTPA a ainsi été capable de mettre en ligne des informations détaillées à propos de l’étude concernant un possible lien entre le cancer de la peau et des crèmes hydratantes le jour même de sa parution.

Eduquer les média

Dans le même temps, la CTPA s’efforce aussi d’éduquer les médias. En fait, l’industrie considère souvent que les spéculations médiatiques concernant la sécurité des produits chimiques en général est une des causes de l’inquiétude croissante des consommateurs. La façon dont les produits chimiques sont présentés dans la plupart des commentaires journalistiques est perçue comme purement sensationnaliste et avide d’audience. «  Face à tant de mauvaises interprétations, les gens sont souvent effrayés et inquiets là où ce n’est pas nécessaire, et satisfaits quand ils ne devraient pas l’être, » commente Tracey Brown, la directrice de Sense About Science, une association britannique financée par des fondations, des institutions scientifiques et de grandes entreprises, dans le but de répondre aux fausses représentations de la science.

De son côté, le syndicat professionnel français, laFEBEA (Fédération des Entreprises de la Beauté), a lancé parlonscosmetiques.com en février 2008. Le site propose des dossiers thématiques, des vidéos, des conseils ainsi qu’une Foire Aux Questions. Il comporte également une base de données d’ingrédients permettant aux consommateurs de rechercher ce qui se cache derrière un nom chimique ou latin figurant sur l’étiquette d’un produit.

Trois sites et autant d’opportunités pour devenir un spécialiste des cosmétiques en quelques clics seulement !