Alban Muller

Premium Beauty News - Quelles sont vos attentes vis-à-vis du marché américain ?

Alban Muller - L’approche de ce marché est assez difficile, mais nous pensons que nous pourrons introduire avec succès une nouvelle conception d’une cosmétique plus éco-responsable correspondant aux attentes sociétales des consommateurs.

Actuellement le marché américain représente 15% de notre chiffre d’affaires, mais cette proportion va progresser, car nous avons élargi notre offre à des services. De simple fournisseur d’ingrédients, nous sommes devenus partenaires de projets de recherche et créateurs de formules naturelles. En effet, l’offre d’ingrédients s’est diversifiée, les formules sont de plus en plus pointues et les consommateurs toujours plus exigeants et mieux informés.

La demande américaine a fortement évolué, elle aussi. C’est devenu un marché d’achat de compétences. La raison est assez simple : la contrainte réglementaire est bien plus forte qu’auparavant. Les marques de cosmétiques américaines devront se plier aux règles européennes plus contraignantes que les leurs.

Aujourd’hui, un exportateur américain qui souhaite entrer sur le marché européen doit se mettre au niveau d’un corpus réglementaire lourd et exigeant par rapport à ce qu’il connaît. Quand le chiffre d’affaires attendu en Europe est trop faible par rapport au coût de l’acquisition des compétences requises, il est logique de faire appel à un fournisseur local. En fait, nous faisons le pari que beaucoup de marques américaines devront délocaliser une partie de leur production vers l’Europe.

Premium Beauty News - Comment qualifieriez-vous le marché américain ?

Alban Muller - C’est un marché avide de nouveautés et de tendances, toujours très dynamique et avec un haut niveau d’exigence.

Premium Beauty News - On entend souvent dire que les clients nord-américains sont beaucoup moins sensibles que les Européens aux questions environnementales ?

Alban Muller - Je ne crois pas que ce soit vrai. Les sociétés américaines ont souvent été accusées de « green-washing ». Pourtant, on observe que l’industrie chimique a fait des efforts considérables ainsi que l’industrie cosmétique qui avance dans ce domaine.

L’information parvient aussi plus facilement aux consommateurs. Si en France, les étiquetages commencent à prendre en compte l’empreinte carbone et l’engagement environnemental, aux États-Unis, les applications pour smartphones permettant de décrypter les étiquettes des produits se multiplient. Les étiquettes de type Flashcodes sont de plus en plus utilisées, permettant une lecture simplifiée et rapide des caractéristiques principales des produits. Pour les fabricants, c’est une situation moins confortable. On sait que 60% des consommateurs changent de produit quand ils lisent, et comprennent, l’étiquette. C’est une inflexion majeure du marché dont il faudra tenir compte.

Premium Beauty News - D’une manière générale, comment percevez-vous les grandes tendances des marchés cosmétiques dans le monde ?

Alban Muller - Il me semble que la principale évolution concerne la recherche croissante de compétences externes pointues. Les grandes entreprises ont compris l’intérêt de l’externalisation, en s’appuyant sur des petites entreprises présentant un modèle vertueux. Des modèles en réseau tels que la Cosmetic Valley permettent d’interfacer plus facilement recherche publique et privée.

L’explication de cette évolution tient à la fois à la crise et à la complexification croissante de l’environnement technique et réglementaire. L’externalisation permet également de faire appel à la créativité, à l’innovation et de réduire les temps de développement .

La deuxième grande tendance concerne l’intégration croissance des aspects environnementaux dans la conception des produits, notamment au niveau des emballages. L’industrie investit lourdement pour améliorer le cycle de vie de ses produits. Le tsunami du mois de mars au Japon a eu des conséquences qui ont accéléré une prise de conscience, en particulier chez les industriels. La montagne de déchets que les flots ont emporté dans l’océan se concentre maintenant au milieu du Pacifique. Chaque poisson qui meurt en avalant un sac en plastique, c’est un poisson que l’Homme ne mangera pas. Nous avons tous compris qu’il fallait travailler à la biodégradabilité de nos produits et donc de nos déchets.

Depuis 15 jours, la Terre compte 7 milliards d’habitants, et c’est un chiffre qui est encore amené à croître : l’enjeu de la survie de l’espèce est clairement posé.

Premium Beauty News - C’est donc dans ces directions que vous orientez le développement d’Alban Muller International.

Alban Muller - Oui bien sûr : nous ne sommes plus uniquement dans le savoir-faire, mais dans le savoir être.

Notre souci est d’apporter des compétences aux entreprises dans le domaine de la responsabilité sociétale, fidèles aux valeurs portées par Alban Muller International, en y impliquant nos clients. Nous voulons garantir que nous leurs proposerons des solutions concrètes et adaptées, soutenables à long terme, pour répondre aux nombreux problèmes auxquels elles doivent faire face. Dans ce contexte des enjeux environnementaux, nous apportons des solutions pertinentes, dans des délais raisonnables, dont toutes les étapes ont été contrôlées.

Cela passe par des partenariats à moyen et long terme, des contrats de développement précis, qui sont aussi une façon pour nous de disposer de ressources sûres afin d’améliorer la qualité de nos services. C’est une situation gagnant-gagnant dans la mesure où cela permet d’optimiser le coût de notre recherche en la concentrant sur la véritable demande de nos partenaires-clients au lieu de travailler sur des « hypothèses marketing » hasardeuses et inadaptées au contexte actuel, sources de pertes de temps et d’énergie pour tous.