Philippe Starck

C’est finalement avec L’Air du Temps, la fragrance iconique de la maison Nina Ricci, que Philippe Starck signe son premier flacon de parfum. Peu de domaines avaient pourtant échappé à la curiosité de ce créateur prolifique qui a signé des meubles, des maisons, des motos, des yachts, des hôtels, des restaurants, des luminaires, et bien sûr une quantité d’objets du quotidien, utiles ou décoratifs.

Un flacon réduit à l’essentiel

Le nouveau flacon de L’Air du Temps vu par Starck est emblématique du style épuré, intelligible et abordable du plus célèbre designer français contemporain. «  Je suis un homme qui recherche le minimum, » explique-t-il.

Le flacon, ainsi réduit à l’essentiel, se concentre sur les colombes amoureusement enlacées. La transparence et la douceur du verre dépoli accentuent l’effet aérien de l’ensemble, jusqu’au capot en zamac galvanisé qui devient l’une des ailes des deux oiseaux. Réduit à ce concept aérien, le flacon de L’Air du Temps entre dans une nouvelle modernité tout en s’inscrivant avec une étonnante aisance dans la lignée de ses prédécesseurs.

Une féminité toujours réactualisée

Le pari était pourtant audacieux, tant le flacon aux deux colombes réalisé par Marc Lalique en 1951 avait marqué les esprits, au point d’être élu « flacon du siècle » en 1999. Lors de la création du parfum en 1948 la colombe était simplement gravée sur le bouchon de la bouteille « Soleil » créée par le sculpteur catalan Joan Rebull. Mais ce symbole de féminité était absent de la version de 1968 commercialisée dans les années 1970 et dans la première moitié des années 1980, jusqu’à son retour probant en 1986, délicatement posé sur le flacon. Les deux colombes sont devenues tellement emblématiques de L’Air du Temps, qu’il pouvait sembler impossible de les moderniser sans décevoir les fans.

Un défi technique

Ce sont les Verreries Brosse, une filiale du Groupe Zignago Vetro spécialisée dans la fabrication de flacons haut de gamme pour la parfumerie-cosmétique, qui ont été chargées de réaliser le flacon imaginé par Starck.

Selon le verrier français, l’industrialisation du flacon l’a obligé a repoussé les limites de la technique verrière en automatique. La faisabilité technique du flacon n’était pas certaine et a nécessité une mobilisation sans précédent des équipes de développement. Pour parvenir au résultat voulu par le designer, le verrier a réussi à adapter une technique de perçage. Un travail minutieux sur la forme des ébauches a également été nécesaire pour permettre une répartition du verre la plus homogène possible.

Le capot a été réalisé par Qualipac en Zamac moulé poli et galvanisé.

Une fragrance immuable

Mais si le flacon de L’Air du Temps a constamment évolué, la fragrance est quant-à elle demeuré étonnamment stable. En dépit des changements de modes et des évolutions réglementaires, la formule est demeurée intacte depuis plus de 60 ans.

Ce qui fait dire à Philippe Starck : « Je n’aime pas les vieux parfums, je n’aime pas les nouveaux parfums, j’aime les parfums éternels. »