Premium Beauty News - Quelles sont les principales raisons qui vous ont poussé à faire évoluer le groupe Qualipac dans ces trois directions ?

Pierre Hémar - Tout simplement la logique industrielle face à la logique de l’évolution des marchés clients. Il était clair que pour rester dans le peloton de tête des fournisseurs privilégiés des grands acteurs de la beauté dans le monde, il fallait être présent sur les principaux continents où ils allaient se développer, il fallait également leur offrir tout ce qu’ils souhaitaient en matière de "service complet" et que nous étions, heureusement, capables d’offrir, en plus de notre savoir-faire industriel de plasturgiste, grâce à notre expertise dans tous les compartiments du packaging, des accessoires, grâce aussi à nos liens privilégiés avec le top des verriers dans le monde : Pochet.

Pierre Hémar, Président de Qualipac

Premium Beauty News - Il vous manquait quelques cordes à votre arc ?

Pierre Hémar - C’est exact ! Nous étions absents industriellement de la fabrication des pièces haut de gamme en zamac même si nous les sous-traitions déjà depuis vingt ans auprès de fournisseurs asiatiques. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de construire de toutes pièces cette nouvelle usine de transformation de ce matériau en Chine.

Nous n’étions pas en Amérique du Sud, en particulier au Brésil qui reste et restera l’un des marchés les plus dynamiques au monde du secteur Beauté. Nous avons repris Ipel, usine qui, de surcroît, nous permet d’acquérir un vrai savoir-faire sur le secteur du maquillage et un mécanisme de rouge à lèvres « haut de gamme ». Sans compter que cette usine brésilienne va également hériter de tout le savoir-faire de Qualipac en matière de parachèvement et d’assemblage, et ainsi développer son offre.

Je précise d’ailleurs que notre présence en Chine à la fois dans la transformation du plastique et du zamac pourrait évoluer au cours des prochains mois vers la transformation de l’aluminium.

Premium Beauty News - Un redéploiement technique et géographique qui ne vous a pas empêché d’accélérer la remise à niveau des usines françaises ?

Pierre Hémar - Nous n’avons pas le choix ! Aucun industriel européen n’a le choix ! La pérennité des outils de production en Europe ne pouvait passer et ne peut passer que par l’automatisation et l’innovation. C’est ce que nous avons fait et c’est ce que nous continuerons à faire. Dernier exemple en date, l’automatisation complète chez Auriplast, grâce à des robots, du montage sur les cadres des pièces destinées à être galvanisées. Et nous allons procéder de la même façon au poste de démontage, une fois les pièces traitées. Une "petite" opération qui coûtera tout de même près de 5 millions d’Euros !

Et je ne vous parle pas des investissements importants réalisés pour la mise en place de lignes d’assemblage spécifiques, du type de celle qui nous a permis de réaliser le dernier Hugo Boss pour lequel nous assurons, d’ailleurs, un véritable service complet avec réception des flacons, assemblage automatique du socle et réemballage du tout pour expédition, apportant ainsi un nouveau service au client.

Mais il y a aussi l’innovation. Elle est présente au quotidien chez nous à tous les niveaux de responsabilités. Nous sommes les seuls aujourd’hui à pouvoir proposer une galvanisation "argent véritable" dont l’aspect tienne dans le temps. Nos ingénieurs ont ainsi réussi à bloquer l’oxydation du métal par passivation.

Je peux aussi vous parler de notre nouveau pot distributeur. L’année 2010 ne devrait pas vous décevoir.

Premium Beauty News - Parlons-en précisément de cette année 2010 ! Quelles sont vos prévisions ?

Pierre Hémar - Prudentes ! Mais on ne peut être qu’optimiste après une année 2009 particulièrement éprouvante où tout s’est conjugué pour affaiblir notre métier. Baisse des volumes, chutes des prix..., tout y était. Nous avons fini l’année à - 15 % !

En ce début 2010, les volumes reviennent un peu. Par contre nous continuons de subir des niveaux de prix totalement incompatibles avec la santé de nos industries. Il faudra bien que cela change ! Certes cela nous a obligé à améliorer encore notre productivité (ce qui a été le cas !) et la flexibilité de nos unités de production, mais on ne peut pas nous demander d’être au top de la technique et d’investir pendant que nos marges s’effondrent.